A chaque fois qu’il a l’occasion d’être distribué, Djamel Bounab a prouvé ses capacités de grand comédien. Malgré ses dons, on ne le voit que rarement sur les deux écrans.
Djamel Bounab, ce comédien qui a fait ses preuves dès ses débuts dans la Troupe théâtrale populaire (TTP), que dirigeait le grand Hassan Hassani, n’a jamais raté l’occasion de prouver ses capacités et ses dons artistiques. Bien qu’il soit toujours distribué dans des rôles de malin, de rusé et d’escroc, l’artiste a bien les capacités de jouer tous les rôles. Très modeste, le talentueux Djamel Bounab est de ces nombreux artistes marginalisés et qui vivent à l’ombre, à cause des producteurs et des programmateurs qui ne font pas appel à eux pour des raisons qu’on n’arrive pas encore à expliquer. Au théâtre, il a eu l’occasion de jouer devant les plus grands comédiens tels que Hassan Hassani, Tayeb Abou El Hassan, Kaci Ksentini et Mustapha El Anka. Il a également réussi dans tous ses rôles à la télévision. On l’avait vu, notamment, dans la série consacrée au grand comédien Rachid Ksentini, et dans le feuilleton Mawîid maâa El Qadar.
L’amour de l’art
Ce qui dérangerait Djamel Bounab n’est pas seulement le fait qu’on ne fasse pas appel à lui, mais aussi les réalisateurs qui ne lui attribuent pas des rôles de personne sympathique, tendre et gentille comme il l’est vraiment dans la vie. A chaque fois qu’on le rencontre, on sent chez Bounab cet amour éternel pour l’art et le théâtre. Il est parmi les rares artistes qui continuent à faire de l’art pour l’art, et à aimer vraiment le théâtre sans se soucier du statut de star et de l’argent. Il est parmi les rares artistes ayant réussi aussi bien sur la scène théâtrales que sur les plateaux de télévision. Bounab n’est peut-être pas une star mais tout comme Hassan Hassani ou Rouiched, on le reconnaît facilement dans la rue, et on a envie de lui parler. Il est toujours souriant et prêt à raconter une anecdote ou une blague. C’est un artiste à l’ancienne. C’est-à-dire qu’il a suivi, peut-être sans le savoir, la voie de Rachid Ksentini, de Mohamed Touri et de Sid-Ali Fernandel. Bien que doué dès son enfance, le comédien a fait ses débuts au conservatoire d’Alger en prenant des cours de musique andalouse, de solfège et de chant durant trois ans.
Il aurait pu être chanteur
Devenir chanteur était son but mais il rêvait en parallèle d’être acteur. Il se met à faire du théâtre dans une troupe de la JFLN, tout en continuant ses cours de musique. Il passera même à l’émission Alhane Oua Chabab, en 1972, en interprétant une chanson d’Amar Ouhadda, ce qui montre aussi que notre artiste a plusieurs cordes à son cou, et aurait pu réussir dans une carrière de chansonnier ou de fantaisiste. Après son passage à la TTP où il apprendra beaucoup, il passera du théâtre aux petit et grand écrans où il sera dirigé par des réalisateurs de renom, tels qu’Abdelghani Mehdaoui, Mustapha Badie, Mohamed Badri et Djamel Fezzaz, où il se fera remarquer en jouant de petits rôles. C’est dans le feuilleton Chafika écrit par Belkacem Rouache et réalisé par Fezzaz qu’il se fera connaître par le grand public. Le succès continuera pour l’artiste dans d’autres films, notamment la série de douze épisodes consacrée à Rachid Ksentini, réalisée par Ali Aïssaoui, où il se verra jouer le rôle principal. Dans la même série, Bounab aurait également bien réussi en interprétant le rôle de Bachtarzi, puisqu’il est le mieux placé pour jouer des rôles de rusé. On le verra, par la suite, dans plusieurs films et sitcoms, dont Nass Mlah City et Djemâi Family aux côtés de Souileh et Bayouna.
Il est dommage qu’un artiste aussi talentueux attende des années pour être distribué dans un film. On ne sait même pas si les cachets des rares films où il passe lui suffisent pour vivre à l’aise. Bounab n’est, malheureusement, pas le seul artiste à souffrir de cette situation. On se demande où en est-on avec le statut de l’artiste.