«Nous sommes pour un consensus national de tous les Algériens qui aiment l’Algérie»
Dans cette interview, le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdeslam, parle de la situation politique en Algérie et de la prochaine élection présidentielle. Se disant contre les alliances «familiales», il plaide pour la création d’un consensus national.
L’Expression: Quelle lecture faites-vous de la situation politique en Algérie?
Djamel Benabdeslam: Elle est pourrie. Le pouvoir est arrivé à ses limites. Il est malade et incapable de donner un plus au pays. Malgré cela, il ne lâche pas. Il ne veut pas revenir à la volonté populaire ni donner la parole aux citoyens. Il a trouvé une richesse énorme qu’il exploite pour faire taire les Algériens et acheté le silence et le soutien des puissances étrangères. Cette politique a des effets indésirables sur la scène politique, économique et sociale.

C’est dans ce contexte que se prépare la prochaine élection présidentielle. Quel scénario prévoyez-vous pour l’issue de cette échéance?
Pour l’instant on ne peut prévoir aucun scénario. Il y a celui que nous voulons et souhaitons, à savoir un changement démocratique et pacifique à travers l’organisation d’une élection libre et transparente. Mais la réalité de la situation politique et la politique du pouvoir en place marchent à contre-courant de cette volonté. C’est le conflit des clans et l’usage de l’argent sale et des dossiers pour améliorer la position d’un clan contre celle de l’autre sans réfléchir aux conséquences et résultats d’une telle politique sur le pays dans un contexte régional marqué par des complots, des guerres civiles… Dans ces conditions, le blocage politique et économique est inévitable. L’autre sera donc ouvert sur toutes les éventualités.
Vous évoquez le contexte régional explosif où anciens régimes archaïques et islamistes montés en puissance sont en ordre de bataille. Ces islamistes qui ont emporté les élections dans plusieurs pays ont fini par être discrédités en raison de leur pratique comme cela s’est passé en Egypte. Quelles sont les répercussions de cette situation sur les islamistes algériens?
On aurait aimé que les conséquences se produisent uniquement sur les islamistes.
Les conséquences de cette situation concerneront tous les pays de la région, les souverainetés nationales, la stabilité sociale, le développement économique et les unités territoriales des pays.
Il faut donc que tout le monde (islamistes, laïques…etc.) changent de vision et de mécanismes pour gérer les divergences et les convergences afin de parvenir à un équilibre des rapports de force pour servir les intérêts de l’Algérie et les ambitions du peuple.
Cela est valable pour tous les pays de la région.
A votre avis, quel sera le rôle des partis islamistes qui peinent à s’unir à l’occasion de la prochaine élection présidentielle?
A mon avis, il ne faut pas penser de cette manière: islamistes, démocrates… La situation dans laquelle on est nous laisse penser en tant qu’Algériens avant tout. Au FAN, nous ne sommes pas d’accord avec les alliances «familiales», c’est-à-dire des partis de la même tendance. Nous sommes pour l’alliance large, pour un consensus national de tous les Algériens qui aiment l’Algérie et ceux qui voient les défis, les ambitions et les perspectives actuelles et à venir de la nation. Ce consensus national pourra se faire après un dialogue national entre le pouvoir et la classe politique lequel sera sanctionné par une période transitoire avec un gouvernement d’union nationale et une Assemblée constituante. Ce dialogue national mettra les jalons du projet de consensus national et un programme des échéances politiques. Pour l’élection présidentielle, franchement, je n’ai pas espoir que la joute se déroulera dans la transparence. Les décideurs doivent assumer la responsabilité politique, morale et historique de ce qui se passe actuellement et les conséquences pour l’avenir.