Djamel Azizi, réalisateur du film «les fouilleurs-nés», à l’expression: « J’ai rassemblé cinq nationalités à la Casbah »

Djamel Azizi, réalisateur du film «les fouilleurs-nés», à l’expression: « J’ai rassemblé cinq nationalités à la Casbah »

Serin et apaisé après la projection de l’avant première de son film, «Les fouilleurs nés», le réalisateur Djamel Azizi, nous raconte dans cet entretien les péripéties qui ont jalonné son oeuvre et s’est dit fier d’avoir «humblement» contribué à améliorer l’image de son pays. «Le reste, tout le reste», dit-il, «n’est que spéculation inutile» car «l art ne peut jamais s’accommoder de mensonges et de haine».

L’Expression:

Votre film, qui traite du phénomène de la drogue dans la société algérienne, tombe à point nommé dans un contexte marqué par le scandale de la cocaïne. Comment expliquez cette coïncidence?

Djamel Azizi:

Mon film a été produit en 2014. Dans ce genre de film on a souvent besoin des effets spéciaux et du traitement de l’image. Comme il a été tourné à la casbah d’Alger, il fallait utiliser des normes internationales dans le but de réussir techniquement cette oeuvre. Le film est resté dans les tiroirs depuis l’année 2017. J’active depuis 16 mois pour le faire sortir et le montrer au public surtout qu’il traite du mal fait par la drogue, particulièrement l’Ecstasy, une frange de la population jeune, des universitaires, cela d’une part et d’autre part, le film soulève une autre problématique. Il s’interroge sur le fait qu’une certaine classe de la société relativement aisée, profite de la vente de la drogue pour se faire des fortunes. Et c’est ce qui fait cette terrible coïncidence entre mon film et cette affaire de cocaïne saisie au port d’Oran. Il nous appartient donc en tant que citoyen d’accompagner l’appel des autorités pour lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite.

Votre film a été réalisé en 2014. Pourquoi est-il resté autant dans les tiroirs?

Faire un film -non officiel- et qui, surtout, dénonce certaines pratiques et certains comportements au sein de la société, est un parcours du combattant. Il faut faire des repérages, il faut des autorisations de tournage, des autorisations de scénario et surtout trouver des financements, ce qui n’est pas toujours évident. Toutes ces opérations demandent énormément de temps et d’énergie pour arriver au bout du tunnel et croyez-mois ce n’est pas une sinécure.

Malgré toutes les difficultés que vous venez de citer, il reste quand même que votre film a été réalisé à Alger, notamment à la Casbah et avec des moyens algériens. N’est-ce pas que c’est une preuve qu’il y a la paix, la sécurité et la stabilité au pays?

Vous avez raison de souligner cet aspect. En effet, c’est l’un des rares films algériens qui a pu rassembler cinq nationalités au même moment à la Casbah. Il y avait une première équipe technique autour de l’image, des Belges, une équipe composée de Français, la deuxième équipe était composée de Canadiens dont l’un d’entre eux est venu travailler comme directeur de la photographie, j’avais une assistante marocaine qui a fait un très bon travail, un ingénieur de son tunisien en plus des Algériens. Comment tout ce beau monde pouvait-il se déplacer de nuit comme de jour s’il n’y avait pas la paix et la sécurité!

Au tout début, un Canadien a lu le scénario et l’a trouvé génial, mais il était très réticent quant à la sécurité et à la stabilité en Algérie. Bien sûr, il se fiait à ce qui se racontait et s’écrivait sur l’Algérie. Je l’ai convaincu, il est venu à la Casbah, et se baladait librement et en toute sécurité. Il était heureux d’y être comme tous les autres étrangers. J’en tire personnellement une fierté de tous ces détails, de ces à-côtés du film qui, d’une manière ou d’une autre contribuent à améliorer l’image de l’Algérie.

En réalité, à faire voir aux étrangers les choses sur le terrain, à faire sentir et rétablir une certaine vérité sur l’Algérie. Permettez-moi ici, de remercier les habitants de la Casbah pour leur hospitalité et leur accueil qui ont été d’un grand apport pour le tournage dans les quartiers de la Casbah. C’est grâce à eux que le film a pu exister.

A l’avant-première de votre film il y a eu un public intéressé et des critiques formulées. Comment avez-vous trouvé la réaction du public?

Il y avait un public très professionnel. Des scénaristes, des réalisateurs qui ont travaillé sur des courts métrages et des longs métrages, des journalistes et des cinéphiles intéressés. La plupart étaient contents. Il y avait par ailleurs des critiques intéressantes qui nous aident à mieux progresser. Je passe sur les règlements de comptes qui ne font avancer en rien les choses. L’éthique et la déontologique condamnent ces comportements car au final, le seul juge d’un film c’est le public. On n’a pas le droit de casser gratuitement l’effort et le travail d’un réalisateur ou d’un artiste.