A chaque fois qu’on le sollicite, Abdelmoumen Djabou ouvre son cœur au Buteur et à El Heddaf, comme il l’a fait dans cet entretien qu’il nous a accordé mardi dernier, la veille de l’ultime match de la saison de son équipe, à Sfax. Djabou n’a pas été avare en informations. Il nous dit presque tout, en nous faisant même savoir qu’il a une offre très sérieuse de France.
Est-il vrai que votre blessure nécessite une opération ?
(Rire), de quelle opération parlez-vous ? Ce n’est qu’une petite blessure. Je pourrai bien jouer le match d’aujourd’hui, mais par précaution, d’un commun accord avec le médecin du club, on a décidé de faire l’impasse sur cette rencontre, voilà tout !
Donc, vous n’allez pas prendre part au dernier match de la saison de votre équipe prévu ce mercredi, c’est cela ?
Oui, je ne vais pas jouer ce match, à cause de ma blessure, d’autant qu’il s’agit d’une partie sans enjeu pour nous, du moment que nous avons compromis toutes nos chances de gagner le titre lors des matches du paly-off. Malgré cela, et pour montrer ma bonne foi, j’ai décidé de faire le voyage avec mon équipe à Sfax, afin de soutenir mes coéquipiers de terminer la saison sur une bonne note.
Ne pensez-vous pas que votre niveau a un peu régressé lors du play-off où les supporters attendaient plus de vous ?
Ce que vous dites est vrai, je ne peux nier que mon niveau a baissé. J’ai fait une très bonne saison, mais je n’ai pu maintenir ce rythme de bonnes performances. D’ailleurs, je ne vois qu’une seule raison qui m’a empêché de rester au top.
Laquelle ?
Avec tout mes respects à l’entraîneur Al Benzerti et à son parcours, que ce soit en clubs ou en sélection, je dois tout de même dire que je ne me suis pas senti libre ni à l’aise avec lui, j’étais sommé de respecter des directives qui m’ont ligoté. Donc, je ne pouvais plus faire ce que je veux sur le terrain, en influençant le jeu de mes coéquipiers. A son arrivée, il a d’ailleurs déclaré que Djabou doit revenir en arrière pour aider ses coéquipiers en défense. Ceux qui me connaissent vous diront que je suis un joueur qui aime les espaces, je ne veux pas que mon rôle soit limité sur le terrain. Je suis un animateur de jeu, j’essaie de mettre les attaquants dans de bonnes conditions pour marquer et je veux marquer aussi. Je veux avoir de la liberté aux avant-postes, mais quand on limite les espaces devant moi, je ne peux être rentable.
C’est donc cela la cause de la baisse de votre rendement…
Disons que c’est la raison principale, mais cela ne m’empêche pas de vouer un grand respect à Faouzi Al Benzerti. Il a peut-être vu les choses sous un autre angle que moi, c’est tout.
Quand allez-vous rejoindre le stage de l’Equipe nationale ?
Je vais d’abord faire quatre heures de voyage avec mon équipe jusqu’à Sfax, et le lendemain, c’est-à-dire jeudi, je prendrai la route jusqu’à Tunis, quatre heures de temps aussi, ensuite, je poursuivrai mon voyage par route jusqu’à Sidi Moussa. C’est un grand marathon.
Pourquoi vous ne le faites pas par avion ?
Parce que la dernière fois où je suis entré à Tunis, je l’ai fait par route. Je suis obligé de reprendre le même chemin, si je dois quitter la Tunisie.
Et quand serez-vous à Sidi Moussa ?
Je vais essayer d’être là-bas jeudi en fin de journée.
Halilhodzic a-t-il exigé de vous d’être au centre jeudi ?
Non, personne ne m’a exigé d’arriver jeudi. Je voulais juste arriver tôt pour avoir plus de chance de jouer le match amical contre le Burkina Faso du 2 juin.
Mais on laisse entendre que vous n’allez pas jouer ce match. Une explication ?
Non, j’espère jouer cette rencontre, sinon je n’aurai pas à faire tout ce marathon pour arriver à temps, pour rien. J’espère que je vais avoir la chance de jouer et je serai à la disposition du coach, d’autant que je crois savoir qu’il y aura quelques absences, parce que certains championnats ne sont pas encore finis.
Et si vous ne jouez pas, quelle sera votre réaction ?
C’est le coach qui décide, c’est lui le patron, et quoi qu’il arrive, je respecterai ses choix.
Vous attendiez-vous à ce qu’on vous fasse appel pour ce stage ?
Pourquoi ne devrais-je pas penser à une convocation alors que je viens d’accomplir une belle saison ? Je suis un joueur ambitieux et je ne baisse jamais les bras.
C’est parce que des proches à vous nous ont fait savoir que vous ne vous y attendiez pas…
C’était pour une seule raison, c’est que la convocation a tardé à arriver au siège du Club africain. Je savais qu’il y avait des joueurs qui ont reçu leur convocation, alors que moi, je n’ai rien reçu. J’ai douté alors, et je me suis dit que le sélectionneur a dû changer d’avis et aurait vu que ma présence ne serait pas indispensable.
Et quelle a été votre réaction lorsque vous l’avez reçue ?
Ce n’est pas une première pour moi, mais à chaque fois, je suis évidemment très heureux et très honoré, car je sais ce que veut dire défendre les couleurs nationales et je sais ce que signifie la confiance du sélectionneur national.
Votre différend avec Halilhodzic s’est-il dissipé ?
Il n’y avait aucun problème entre nous. S’il y avait quelque chose, il ne m’aurait pas fait appel. Il est le sélectionneur, et moi un joueur. Je me dois de respecter ses choix et je ne lui reprocherai rien, même si je ne joue pas ce match.
Avez-vous des appréhensions avant le match face au Bénin ?
Il ne faut avoir aucune appréhension. Ils seront onze joueurs et nous serons onze. Nous les avons battus à Tchaker, il y a deux mois, et nous avons une idée sur leur niveau. Il faut les respecter et les prendre au sérieux, car ils vont jouer sur leur terrain et devant leur public, sans leur donner plus d’importance qu’il en faut. Individuellement, nous sommes meilleurs, et on doit savoir gérer ce match pour revenir avec un bon résultat.
Selon vous, sommes-nous en mesure de ramener quatre points des deux prochains déplacements ?
Nous allons jouer match par match, car chaque rencontre a sa vérité. Nous n’allons pas viser quatre points, mais nous allons essayer de réaliser deux victoires qui pourront nous ouvrir les portes du Mondial. Il faut aborder chaque match avec ses propres données.
Parlons de vous maintenant. Allez-vous rester au Club africain ?
Je ne sais pas encore, il se peut que je reste comme il se peut que je parte.
C’est-à-dire ?
J’ai quelques offres, je suis en train de les étudier, après on verra.
Peut-on connaître la nature de ces offres ?
Il y a un club français ambitieux et un autre qatari. Les deux sont des offres concrètes.
Les noms de ces deux clubs ?
Je respecte beaucoup votre journal, mais le moment n’est pas encore opportun pour les divulguer. Je vous tiendrai les premiers au courant au cas où il y aura du nouveau, mais sachez que pour le club français, aucun joueur ne le refuserai. Pour le Qatar, j’avoue que je ne suis pas très emballé.
L’offre des Qataris est-elle parvenue à la direction du Club africain ?
Non, rien n’est parvenu à mon club, c’est un contact direct avec moi. Mais à mon avis, rester en Tunisie, c’est mieux que d’aller jouer au Qatar, même si c’est plus intéressant sur le plan financier.
Peut-on vous voir alors en France cet été ?
C’est possible.