Djabou : «Il y a l’ES Tunis, Monaco, l’ESS et l’USMA, mais je n’ai encore rien décidé»

Djabou : «Il y a l’ES Tunis,  Monaco, l’ESS et l’USMA, mais je n’ai encore rien décidé»

On comptait beaucoup sur Abdelmoumen Djabou pour les matches de la sélection nationale en juin. Malheureusement pour lui, il s’est blessé et a dû quitter le stage. Cela n’en fait pas moins l’un des éléments qui font parler d’eux durant cette intersaison, surtout qu’il est convoité par plusieurs clubs en Algérie et à l’étranger. Il fait le point dans ce long entretien qu’il nous a accordé.

Quelle est la nature exacte de votre blessure ?

Je souffre d’une déchirure du muscle ischio-jambier de la cuisse gauche, mais je ne pense pas que ce soit grave, selon les examens médicaux que m’a fait passer Dr Yaïci.

Qu’allez-vous faire à présent ?

Le médecin m’a prescrit un repos de 21 jours, le temps que la déchirure se résorbe. Ce n’est pas alarmant.

Vahid Halilhodzic dit que vous jouez avec cette blessure depuis quelque temps, ce qui l’a aggravé. Est-ce vrai ?

En vérité, je ne savais pas que c’était une déchirure. Si je l’avais su, j’aurais certainement arrêté de jouer afin de prendre le temps de me soigner.  Pour être tout à fait franc avec vous, j’ai contracté cette blessure il y a quatre ans et je ressentais parfois des douleurs. Maintenant, c’est l’occasion pour moi de la soigner et d’en guérir définitivement. Croyez-moi, je ne pensais pas que c’était grave. Autrement, j’aurais pris la chose plus sérieusement.

L’opportunité de participer aux matches du mois de juin s’évapore pour vous. Qu’avez-vous ressenti en apprenant que vous êtes out pour ces matches ?

J’avais bien senti, dans ce stage, que le sélectionneur comptait sur moi. De mon côté, j’avais pris le soin de me préparer pour ces matches depuis plusieurs semaines, me disant que c’était pour moi une occasion à saisir. J’avais l’intention de m’impliquer à fond dès le match amical face au Niger. Cependant, les examens ont montré que je ne pouvais pas jouer et cela m’a beaucoup démoralisé. Que voulez-vous ? Peut-être qu’à quelque chose malheur est bon. Même Halilhodzic n’a pas digéré la nouvelle.

Comment cela ?

J’étais avec le médecin lorsque ce dernier a appris au sélectionneur que c’était terminé pour moi et que je ne pouvais participer aux matches de juin. Savez-vous ce que le coach a fait ? Il s’est tenu la tête des deux mains. Je ne vous cache pas que j’étais déjà affecté, mais je l’ai été davantage en voyant le coach réagir de la sorte. J’avais compris qu’il comptait réellement sur moi pour ces matches. La façon dont il s’est tenu la tête était celle de quelqu’un qui vient de recevoir un choc. Je l’ai senti énervé et dépité. D’ailleurs, je le remercie pour cette marque de confiance.

Nous avons appris qu’il vous parlait beaucoup lors de ce stage. Que vous disait-il ?

Nous nous sommes parlés plus que par le passé. Il essayait de me rehausser le moral et me pousser à croire en mes capacités, m’assurant qu’il comptait sur moi pour les matches à venir. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées de la manière que nous avions tous deux souhaitée.

Il essayait de vous débarrasser de votre timidité et vous pousser à plus de spontanéité, n’est-ce pas ?

Je me suis bel et bien débarrassé de ma timidité lors de ce stage car j’étais concentré sur mon rôle. Je me disais que ma chance se présentait et que je ne devais pas la laisser s’échapper. J’essayais également de vaincre les douleurs que je ressentais à la cuisse, jusqu’à ce que la décision de quitter le stage m’a été signifiée.

Avez-vous appris ce qu’a dit de vous le sélectionneur en conférence de presse, à savoir que vous êtes actuellement le meilleur joueur évoluant en Algérie ?

Comment ne pas avoir écho de tels propos ?! J’ai été très flatté qu’il dise cela de moi. J’en tire une fierté légitime et ça me donne confiance car c’est le témoignage d’un grand entraineur et non pas d’un entraineur quelconque. Déjà, c’est un honneur pour nous de travailler avec lui. Son parcours parle pour lui. C’est également une lourde responsabilité qui m’échoit afin d’être à la hauteur de ses attentes.

On dirait que vous êtes frappé par la poisse à chaque fois qu’un match international se présente. Comment expliquez-vous cela ?

Je n’ai pas trouvé d’explication à cela. Dans les stages auxquels j’ai participé, j’étais toujours prêt, mais il suffit que le match arrive pour que je me blesse, comme cela était notamment arrivé avant le match amical face à la Tunisie. Peut-être que je suis frappé par le mauvais œil (rires) ! Je réfléchis à faire une roqia.

A votre âge et avec tout votre talent, ne pensez-vous pas que vous n’avez encore rien apporté à la sélection nationale ?

Je n’ai jamais su saisir ma chance. A chaque fois que je suis pressenti pour jouer, je me blesse. Je ne sais pas d’où vient cette malédiction. Cependant, je ne me décourage pas. Je suis encore jeune et il y aura d’autres opportunités inch’Allah, surtout avec un sélectionneur qui connaît bien le football.

Vous a-t-il prodigué des conseils ?

Il m’a demandé d’embrasser une carrière professionnelle en Europe le plus tôt possible. Il pense qu’à mon âge, je dois jouer dans un championnat de haut niveau car je n’ai plus rien à apprendre dans le championnat national. J’ai écouté son conseil avec une grande attention et c’est pour ça que je souhaite devenir professionnel.

La transition est faite pour parler des offres que vous avez reçues. Quels sont exactement les clubs qui vous ont contacté de manière officielle ?

Je ne parlerai pas des managers qui m’appellent pour me proposer des clubs, ni des contacts préliminaires. Il existe uniquement deux offres officielles sérieuses de l’étranger : Monaco et l’Espérance de Tunis, deux clubs avec qui j’ai discuté personnellement. Les négociations sont particulièrement avancées avec le club tunisien.

Peut-on avoir plus de détails ?

Nous avons négocié tous les points et je peux dire que je me suis mis d’accord avec les Tunisiens. Il ne reste plus que la signature. Ils attendent que je me rende à Tunis pour signer car ils ont accepté toutes mes conditions, mais je ne veux pas me précipiter. Je dois tout étudier calmement afin d’être sûr de prendre la bonne décision.

Qu’en est-il de l’offre de Monaco ?

Personnellement, je veux jouer en France, ce qui fait que cette offre est intéressante également, mais je prendrai le temps qu’il faut pour décider.

Quand prendrez-vous votre décision ?

La semaine prochaine, les choses seront plus claires.

On sent quand même que vous donnez plus d’importance à l’offre de l’ES Tunis, n’est-ce pas ?

Je suis prêt pour cette expérience. Ça ne me fait pas peur. Je ne vous cache pas que la proposition est excellente. Ils m’ont même demandé de me rendre à Tunis afin que je puisse voir  le projet sur lequel ils travaillent, de découvrir les installations et, si je donnais mon accord, choisir dès à présent la maison où je résiderai… Ils sont convaincus que, si je me rendais à Tunis, je signerais forcément car c’est un grand club qui a de grands moyens. De plus, ils veulent continuer à dominer l’Afrique, puisque l’EST est champion d’Afrique des clubs en titre et a participé au dernier Championnat du monde des clubs. Bref, ils sont très motivés pour me recruter et ont accepté toutes mes conditions, mais cela ne veut pas pour autant dire que je vais signer dans ce club. Tout est question de destin.

Vous avez signé dans un club suisse, il y a quelques années, mais vous avez résilié votre contrat et êtes rentré en Algérie parce que vous n’avez pas supporté de vivre loin de votre famille, spécialement votre mère. Pensez-vous réussir cette fois-ci en Tunisie loin de votre maman ?

Mon expérience en Suisse a échoué parce que je ne me sentais pas bien dans mon club (le FC Sion, Ndlr). J’avais demandé au club une autorisation pour rentrer en Algérie et je n’y ai plus remis les pieds. Les dirigeants du club m’avaient supplié de revenir, allant jusqu’à me proposer une augmentation de salaire et une révision du contrat pour le ramener à une année au lieu de trois années. Donc, l’échec n’était pas d’ordre sportif. Je ne pense pas que le problème se poserait si je jouais en Tunisie car, avec la prochaine ouverture complète de l’autoroute Est-Ouest, je pourrais faire le trajet entre Tunis et Sétif en 5 heures. De plus, ma mère peut me rejoindre en une heure de vol.

L’ES Tunis attend de vous de remplacer Derradji et Msakni. Ne pensez-vous pas que c’est une lourde responsabilité ?

Oui, c’est une lourde responsabilité, mais rien ne me fait peur dans le football. Je suis habitué à relever les défis. De plus, si je signais à l’EST, je viendrais d’un tout aussi grand club, l’ES Sétif.

Qu’en est-il de la proposition de l’USM Alger ? On aimerait savoir ce qui s’est dit entre vous et…

(Il nous coupe) L’occasion m’est enfin offerte de parler de cette proposition et éclaircir les choses. L’offre est bien réelle, mais je ne veux pas perdre toute une wilaya et toute une région pour l’USMA, surtout que j’ai donné ma parole à l’Entente.

Mais vous avez bien négocié avec des dirigeants de l’USMA, non ?

Effectivement, j’ai négocié avec Rebbouh Haddad. C’était il y a une dizaine de jours (entretien réalisé hier à la mi-journée, Ndlr). Il m’a dit que le club était prêt à accepter toutes mes conditions financières, pourvu que je dise oui. Je le remercie, au passage, pour l’intérêt manifesté pour ma personne. Le problème est que les gens ont interprété la question de manière erronée, jusqu’à devenir le sujet de discussion parmi l’opinion publique. Les rumeurs faisant état d’un salaire de 800 à 850 millions par mois m’ont fait très mal. Je ne suis pas un mendiant pour qu’on parle de moi de cette façon et qu’on croie que cette somme puisse me faire perdre la tête et me pousser à me précipiter à signer. L’USMA est un grand club que je respecte, mais une ville entière m’a demandé de rester. Une ville où j’ai grandi et où se trouvent ma famille et mes amis. Ce sont des paramètres dont je dois tenir compte. Plus même, je vous jure par Allah que Haddad ne m’a proposé aucun montant précis. Certes, nous avons discuté, mais nous n’avons pas du tout abordé les détails financiers.

Est-ce à dire qu’il y a une possibilité que vous restiez à l’ESS la saison prochaine ?

C’est clair, mais à condition qu’on m’offre ce que je vaux. Je n’ai pas encore rencontré Hammar, mais je n’ai encore rien décidé. Tout sera plus clair la semaine prochaine. Peut-être que lorsque je discuterai avec les dirigeants de l’Entente, d’autres données apparaitront.

Ce qui est sûr, c’est que vous fermez la porte à l’USMA…

Non, je n’ai pas dit ça. Si on ne m’estime pas à l’Entente à ma juste valeur, personne ne devra m’en vouloir si on me voit à l’USMA. Je le dis et je le répète : Sétif est ma ville et mon patelin et je lui dois beaucoup.

Avez-vous consulté Halilhodzic à propos des offres que vous avez reçues ?

Je l’ai juste consulté au sujet de celle de Monaco car il s’agissait de la seule offre sérieuse lorsque j’étais en stage. Il m’avait dit que c’est une bonne idée de jouer en France. Donc, pourquoi pas à Monaco ? Je compte le consulter, ainsi que M. Raouraoua, président de la FAF, sur l’offre de l’ES Tunis.

Pourquoi ?

Par respect.

Il est clair que vous êtes très intéressé par cette offre…

(Rires) Les Tunisiens m’ont tout offert et la balle est à présent dans mon camp. Cependant, sur de telles questions, tout peut changer d’un moment à l’autre.

Aujourd’hui, mardi 29 mai 2012, quel est le pourcentage de votre transfert vers l’ES Tunis ?

Franchement, je ne peux avancer aucun pourcentage. Je vous ai dit tout ce que je sais. Pour le reste, je ne suis pas devin. Qui sait ? Peut-être que je resterai à Sétif.

Un mot pour conclure ?

Concernant l’USMA, j’aimerais dire que je respecte beaucoup son président, M. Haddad, ainsi que son frère et le remercie pour son intérêt. De même, je ne dis pas que je quitterai forcément l’Entente. Tout se décidera la semaine prochaine. Enfin, je souhaite bonne chance à la sélection nationale pour les matches qui l’attendent.