Djaballah,Menasra,Belkhadem,Mohamed Said et Benabdeslam,«L’alliance verte est une coquille vide»

Djaballah,Menasra,Belkhadem,Mohamed Said et Benabdeslam,«L’alliance verte est une coquille vide»

Cette coalition «risque aussi de réveiller les vieux démons et clivages stériles et dangereux des années 1990»

«Grillés» aux yeux de l’électorat islamiste, le triumvirat veut se refaire une virginité.

Discrédités par leur politique d’entrisme, le MSP, El Islah et Ennahda s’accrochent désespérément à «l’alliance verte» comme au radeau de la méduse. On s’accroche comme on peut à «cette planche de salut toute trouvée», commentent plusieurs personnalités plus ou moins connues de la même famille politique. S’il courtise en effet, l’électorat du FIS dissous, Abdallah Djaballah tire à boulets rouges sur cette alliance. En cette nouvelle coalition verte, Abdallah Djaballah n’y voit que des «opportunistes». Opposé à la coalition des partis islamistes qu’il avait précédemment qualifiés de «partis de El Inbitah (soumission)», Djaballah ironisera sur cette «alliance verte» en disant notamment: «On en reparlera après les législatives», ajoutant que son parti défend des positions politiques et idéologiques qui ne sont pas celles de cette coalition. «Ces gens sont un groupe qui a des positions politiques et des idéologies qui diffèrent du programme du front», tient-il à préciser. Le président du nouveau parti fraîchement agréé, Mohamed Saïd, a décliné l’ invitation de l’alliance islamiste, récemment constituée, à rejoindre ce regroupement. L’offre est rejetée car «le PLJ est un parti de consensus», explique-t-il dans son message envoyé aux responsables de ladite alliance. «Toute proposition ou initiative de ce genre ne sera étudiée qu’après l’échéance des législatives», a déclaré cet ex-ambassadeur d’Algérie à Manama. Mohamed Saïd, qui se dit absorbé par cette immense tâche de l’élargissement de sa base militante, priorise «la construction du parti».

A la tête d’une nouvelle formation islamiste (FAN), Djamel Benabdeslam, de son côté, a déclaré n’être pas «vraiment emballé par cette coalition dès le début de son lancement». «On a décliné la sollicitation de Azzedine Grafa, coordinateur de cette initiative et membre d’Ennahda, car ce regroupement favorise des listes communes au détriment d’un quelconque programme à mettre en oeuvre», a-t-il indiqué.

Cette coalition «risque aussi de réveiller les vieux démons et clivages stériles et dangereux des années 1990», estime-t-il. Pour Abdelmadjid Menasra «cette alliance islamiste ne tient pas la route». Il ne veut pas non plus d’une alliance qui ferme le champ politique national. «Nous participons aux élections législatives pour le changement et non pas pour la forme», tranche-t-il pour se démarquer de cette coalition, ajoutant que son parti «laisse la porte toujours ouverte pour une coalition réelle basée sur un programme et non sur une mouvance». Par ailleurs, interrogé sur cette coalition, le secrétaire général du FLN, qui a prédit un score de 34% de sièges aux législatives pour les islamistes, a indiqué hier qu’il ne voit pas d’inconvénient qu’il y ait ce genre d’alliance, mais, au contraire, il faut encourager leur multiplication.

Cette nouvelle alliance des trois partis d’obédience islamiste est perçue comme un non-événement au sein même du courant islamiste.

On susurre dans les milieux islamistes que les leaders des trois partis sont tellement «grillés» eu égard à leur proximité avérée avec les cercles du pouvoir qu’on voudrait se cacher derrière cette initiative pour se refaire une virginité et une «crédibilité» auprès de l’électorat islamiste. Pas seulement, cette alliance «s’est faite sans une quelconque consultation, encore moins l’approbation de la base militante», relève-t-on encore.

D’autres vont jusqu’à se poser la question au sujet de Bouguerra Soltani: faut-il faire confiance à cet homme? Ils lui reprochent son opportunisme démesuré: «Après avoir passé près de dix ans dans l’antre du pouvoir, participé et cautionné toutes les dérives, voilà qu’il s’aligne du côté des islamistes. Que fera-t-il demain si un autre camp lui faisait appel, des étrangers le soudoyaient, ne risque-t-il pas d’aller jusqu’à menacer les intérêts du pays?» s’interrogent-ils encore.

Enfin, il faut dire que depuis plus d’un quart de siècle, l’islamisme politique ne cesse de se développer en se nourrissant du socle idéologique et politique retenu comme orientation principale au détriment d’un projet de société démocratique.