Le siège de la wilaya d’Oran
«Le limogeage des 10 employés a été décidé après le rapport des membres de la commission dépêchée par la wilaya», a expliqué le wali.
La wilaya d’Oran semble vouloir sévir rigoureusement en faisant le ménage dans l’administration locale. Dans ses dernières mesures, elle vient de mettre fin à la carrière d’une dizaine d’agents municipaux. L’information a été confirmée par le wali d’Oran, Abdelghani Zaâlane, lors de la réunion de coordination l’ayant regroupé avant-hier avec les chefs de daïra et les P/APC composant la wilaya d’Oran.
La décision n’a pas été prise suite à un simple fait du hasard, elle a été motivée par la négligence de ces employés quant à leurs missions dans les lieux de leur travail et le manquement de respect qu’ils ont «perpétré» contre des citoyens dans l’enceinte même de l’administration. Il s’agit là d’une première mesure qui vient d’être prise, la finalité vise à donner une image d’une administration appelée à se mobiliser au profit du citoyen. «D’autres décisions suivront», a mis en garde le wali d’Oran qui a indiqué que «le limogeage des 10 employés a été décidé après le constat réel sur les agissements fâcheux commis par les concernés, les agents d’administration.
Le constat a été établi par les membres d’une commission dépêchée sur le terrain par la wilaya. «Ces membres se sont fait passer pour de simples citoyens, ils ont eu à constater les comportements orchestrés par les agents d’administration locale», a expliqué Abdelghani Zaâlane. A Oran, l’administration locale continue à faire l’objet d’acerbes critiques émanant des citoyens. Elle est devenu sujet à tant d’histoires ne l’honorant pas. Bureaucratie, corruption, passe-droit et tant d’autres comportements l’ayant diabolisé au point où ses bureaux sont transformés en citadelles inexpugnables. «J’ai toujours eu peur de me rapprocher de cette administration pour me faire délivrer un quelconque formulaire administratif vu les coups qui m’attendent», a déploré un citoyen rencontré dans un secteur urbain sis dans le centre-ville d’Oran.
Et d’enchaîner amèrement que «de drôles de lois ne manquent d’être inventées par des agents peu soucieux de la peine endurée par les citoyens à la culture limitée». Qui ne se souvient de la fameuse histoire de la vente des S 12 à 3000 DA?
L’enquête diligentée a charrié dans son sillage plusieurs personnes dont des agents d’administration locale et autres intermédiaires.
En effet, les abords des sièges d’état civil sont devenus de véritables «delalates». Pour avoir son acte de naissance S 12, il fallait négocier avec des «intermédiaires». Et les prix connaissent une sérieuse flambée! Ainsi, les tentacules de l’informel ont même asphyxié l’administration communale. C’est ce que les services de sécurité ont, dans le sillage de leurs investigations, pu découvrir dans plusieurs villes du pays, notamment à l’ouest où ce trafic des imprimés d’actes de naissance a, tout récemment, pris une ampleur dramatique. À Oran, Mostaganem, Sidi Bel Abbès, et dans de nombreuses autres localités, les imprimés des actes de naissance S 12, très demandés par les citoyens pour le renouvellement des passeports, sont écoulés dans le marché noir au vu et au su de tout le monde.Des revendeurs affichaient des prix de 20 ou 30 DA la pièce, l’acte de naissance S 12 est passé à 3000 DA.
Le détournement des imprimés vierges d’extraits d’acte de naissance S 12 a connu un pic vertigineux. Selon plusieurs enquêtes initiées par la Gendarmerie nationale, certaines APC ont été carrément dépouillées de leurs imprimés par leurs propres employés.
Le tribunal d’Oran a eu à traiter une affaire de ce genre en condamnant le jeune intermédiaire arrêté par les éléments de la 16ème Sûreté urbaine en flagrant délit de corruption aux abords du siège de l’état civil, à un an de prison, dont deux mois ferme.