A l’approche des élections législatives prévues pour le mois de mai, le paysage politique en Algérie est en pleine agitation. On assiste à des divorces et des échanges d’accusations alors que d’autres espèrent mettre en place des alliances afin de réaliser un score honorable lors de ce rendez-vous électoral.
Tout a commencé avec l’annonce des réformes politiques, le 15 avril dernier, par le Président Bouteflika ; mais le fait est que celles-ci sont intervenues dans un contexte régional marqué par ce qu’on a appelé le «Printemps arabe». L’interprétation faite par certains est que l’Algérie n’est pas à l’abri d’une révolution et le changement politique interviendra, sachant que pour l’instant les islamistes connaissent une ascension dans les pays qui ont connu des agitations tels que l’Egypte, la Tunisie et le Maroc. Pour les cas de divorces, on peut citer celui du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a enfin déclaré officiellement son retrait de l’Alliance présidentielle. Une alliance qui s’est engagée depuis 2004 à mettre en place le programme du Président Bouteflika mais que chaque parti garde son identité personnelle.
En réalité, l’intégration du MSP dans cette alliance n’a jamais été fondé sur des bases solides, sachant qu’il s’agit d’un parti de courant islamiste, mais la conjoncture de l’époque a fait que ce parti soutienne le Président Bouteflika dans la présidentielle de 2004.
Depuis, le MSP est au gouvernement avec quatre ministres, mais cela n’a pas suffi pour une vraie intégration. Il a fallu atten-dre 2011 pour que les signes d’un divorce soient perceptibles à travers le boycott de la session de vote du projet de loi relatif à la commune, puis le choix de l’abstention et le rejet de six textes de loi relatifs aux réformes politiques, un rejet justifié par les amendements apportés par le FLN, soutenu par le RND, qui font la majorité au niveau de l’APN. Pour certains observateurs cependant, ce divorce relève beaucoup plus de l’ambition ddu MSP, motivé par la montée des islamistes dans les pays voisins. Ainsi, le MSP croit à une victoire lors des prochaines législatives et pourquoi pas la présidentielle de 2014, une ambition personnelle de Bouguerra Soltani qui défend la Turquie dans son «ingérence» dans les affaires internes de l’Algérie concernant le génocide commis par la France coloniale. Une carte sortie par Istanbul dans son conflit avec Paris. Un autre divorce marquant est celui déclaré entre le Parti des travailleurs et le RND. Deux partis qui s’étaient rapprochés lors des élections relatives au renouvellement partiel de la composante du Conseil de la nation fin 2009, quand Mme Hanoune a donné ses voix au parti d’Ouyahia. Ce rapprochement a été également motivé par les mesures prises par le gouvernement Ouyahia dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009. Apparemment, seuls le FLN et le RND sont restés fidèles à leur alliance malgré leurs différences. Une fidélité affirmée dans le cadre des réformes politiques. Cette situation a poussé les partis à s’échangeaient des accusations dans les déclarations rapportées par les médias, au point où une formation donne même les résultats des législatives, comme c’est le cas du FLN qui calcule déjà le score qui sera réalisé par les islamistes, alors qu’il est confronté à la menace des «redresseurs» dont on ne connaît ni la motivation ni les ambitions politiques.
Du côté des «petits», on tente d’aller vers des alliances, une stratégie révélée par les islamistes. Dans ce cadre, il y a le cas du parti «El Taghyir» de Abdelmadjid Menasra qui est sur le point d’obtenir l’agrément, ce qui portera un coup dur au MSP, sans oublier En-Nahda qui veut également créer un front afin de permettre aux islamistes d’avoir une part importante du gâteau des prochaines législatives. Dans ce sens, Abdelmadjid Menasra veut recruter les militants du parti dissous, les appelant à rejoindre les rangs du Front du changement national (FCN), non encore agréé. «Aucun parti en Algérie ne peut prétendre bénéficier seul de la base électorale islamiste», a déclaré Menasra ce samedi
7 janvier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale.
Pour sa part, le parti islamiste En-Nahda est «favorable» à une alliance des formations politiques islamistes en Algérie en vue des élections législatives, a indiqué vendredi son secrétaire général Fateh Rebiai. «En-Nahda est favorable à une alliance des partis d’obédience islamiste si les conditions requises sont réunies, notamment l’intention sincère que doivent exprimer les partis alliés de coopérer pour la lutte contre la fraude lors des élections», a déclaré M. Rebiai. Il faut dire que les prochaines législatives sont présentées comme un virage important dans l’histoire de l’Algérie, alors que certains ne croient pas à la naissance d’une nouvelle carte politique.
Par Nacera Chenafi