Théâtre régional de Batna: Climat tendu dans les coulisses

Théâtre régional de Batna: Climat tendu dans les coulisses

La question qui entretient les discussions et qui revient comme un leitmotiv sur les lèvres des comédiens et hommes du Théâtre régional de Batna, ces jours-ci, est : «Le Théâtre régional de Batna participera-t-il ou ne participera pas au 12e Festival national du théâtre professionnel (Fntp), prévu mois de novembre à Alger ?»

Les «on-dit» et les rumeurs courent les rues, tissent des perles et animent des discussions très passionnées, qui avec le temps, si elles s’avèrent vraies, pourraient avoir des impacts défavorables sur la réputation du théâtre à Batna.

La pièce théâtrale du Théâtre régional de Batna, puisée d’un des textes de Frederick Durrenmatt, dont tout le monde ignore le titre et dont la mise en scène est confiée à Benbrahim Fouzi, fait parler déjà d’elle, non pour sa qualité artistique, mais pour les vagues qu’elle soulève derrière elle. Le directeur du Théâtre régional de Batna, Djamel Noui, contacté par nos soins au sujet de la participation de son établissement à cette festivité nationale, nous apprend qu’il participerait au 12e Festival national du théâtre professionnel (Fntp). Très confiant de lui, il nous a même indiqué que la pièce serait prête et que la générale serait au mois de novembre 2017. Le hic est que la plupart comédiens consultés sur le sujet nous ont affirmé que la pièce théâtre n’avait pas encore du tout débuté, que même le choix des comédiens n’était pas encore effectué et qu’elle pourrait ne pas être à jour et rater la compétition au 12e Festival national du théâtre professionnel (Fntp).

Un autre problème pourrait se poser, celui de la disponibilité des comédiens, étant donné qu’un certain nombre parmi eux sont engagés sur les plateaux de tournage des télévision et de cinéma, et d’autres ont pris le pli de se présenter le matin et de disparaître le soir, bien que tout le monde soit employé et touche la paie à la fin du mois, en plus des primes et des paniers, alors qu’ils n’ont rien fait durant l’année 2017. «Les comédiens du Théâtre régional de Batna accepteront-ils de coopérer avec Fouzi Benbrahim ou ce dernier recourra-t-il aux comédiens d’autres théâtres professionnels ?». Les rumeurs parlent même d’un casting. Les «dit-on» grossissent et affolent l’esprit de ceux qui aiment le théâtre. «Que l’on nous touche pas la paie et que l’on fasse ce qu’ils veulent» claquent quotidiennement aux vents. Les jours nous le diront si l’on arrive à les faire taire. Ce problème mérite toute une enquête concernant les comédiens, qui sont toujours absents et qui sont toute l’année ailleurs, mais qui sont payés. Le constat de cette situation saute aux yeux : non seulement le public a déserté la salle des spectacles, mais un grand nombre de comédiens ne sont pas vus au théâtre depuis des mois. Les responsables de cette situation devraient intervenir pour séparer le vrai de l’ivraie.

Le choix du metteur en scène pour la nouvelle pièce peut également soulever des questions. En fait, Benbrahim Fouzi à qui on a confié la mise en scène de la nouvelle pièce est déjà sur deux autres projets. De là se pose la question de la justesse de ce choix, d’autant plus que des metteurs en scène de talent, reconnus, sont au chômage, tel Chouki Bouzid. Le directeur du Théâtre régional de Batna, qui nous a accueillis dans son bureau, a la réponse toute faite à notre question. «C’est la commission artistique qui lui a délivré un visa. Il a présenté un projet et cette dernière l’a accepté».

Au sujet de l’écrivain local Mohamed (dit Ali) Bouchareb, qui se plaint à tous ceux qui veulent l’entendre et affirme que son texte n’est pas passé ni devant les membres de la commission de lecture, ni devant la commission artistique, le directeur Djamel Noui rétorque : «Il n’ y a pas eu de commission de lecture parce que peu de textes ont été déposés. Alors nous les avons confiés directement à la commission artistique pour faire son choix et elle a choisi le projet déposé par le metteur en scène Faouzi Benbrahim, comme je viens de le dire. Quant au cas que vous avez cité, celui de Ali Bouchareb, il est venu déjà et il m’en a parlé. J’ai convoqué mon subalterne, le directeur du département de l’artistique Salim Ferroudj et m’a donné la version suivante : «Le texte déjà déposé auparavant avait été rejeté par la commission de lecture». Ces propos rapportés à l’écrivain local Mohamed (dit Ali) Bouchareb, il les a réfutés entièrement et les a même qualifiés de mensongers. «Dites-leur que nous vérifierons dans le courrier des arrivés la véracité de nos dires», s’écrie le dramaturge local Ali Bouchareb, qui nous a affirmé de vive voix qu’il avait saisi le ministre de la Culture pour cette injustice.

Beaucoup de zones d’ombre méritent d’être éclairées et seule la commission d’enquête, qui serait dépêchée d’Alger, pourrait relever s’il y avait des dépassements ou d’abus de pouvoir. L’essentiel : l’ambiance se dégrade de jour en jour et c’est dommage que le Théâtre régional de Batna batte de l’aile et n’arrive plus à décoller, alors qu’il y avait des années où il était arrivé six pièces par an. Nous croisons les doigts pour que cette pièce théâtrale soit montée sur scène.

Quel scénographe pour la nouvelle production ?

Beaucoup de comédiens et d’hommes de théâtre à Batna s’interrogent sur le scénographe qui sera proposé par Faouzi Benbrahim pour sa nouvelle pièce théâtrale. Djamel Noui, directeur du Théâtre régional de Batna, nous a appris, dans un entretien, que «le metteur en scène de la pièce théâtrale de Fouzi Benbrahim, lors de son dernier passage dans mon bureau, m’a parlé de Hamza Djaballah, comme scénographe. Je ne vous cache pas que je lui ai expliqué que je ne suis pas contre cette personne. Par contre, je lui ai observé que je craignais que ses services soient onéreux, et comme il sait que les caisses sont à sec, nous lui avons demandé d’être compréhensif et il m’a promis de consulter le concerné et de me rendre la réponse. Pour le moment, rien n’a été engagé avec le scénographe précité».

Pour le moment, nous ignorons quelle est la réponse du scénographe Hamza Djaballah. A-t-il accepté ou non de mettre ses services au profit du Théâtre régional de Batna ? Les jours à venir nous le diront. Rappelons que ce scénographe avait déjà collaboré avec le Théâtre régional de Batna et c’est une personne très appréciér des comédiens de la ville.

Une question se pose cependant : les scénographes locaux auront-ils l’occasion de montrer leur savoir et savoir-faire s’ils ne sont pas recrutés par le Théâtre régional de Batna, surtout que la ville compte beaucoup de scénographes en chômage depuis longtemps et qui jouissent d’une grande expérience dans le domaine ?

Aguellid Aguellil