Il clôture les célébrations de ses 50ans de carrière : Aït Menguellet en apothéose à l’Opéra

Il clôture les célébrations de ses 50ans de carrière : Aït Menguellet en apothéose à l’Opéra

Lounis a fait voyager ses fans, il leur a fait revivre des pans entiers de leur jeunesse et de lutte, d’espoir et doutes qu’il a brillamment restitués dans ses chansons par la force du verbe.

Devant un public, son public, Lounis Aït Menguellet ne déçoit jamais. Deux heures durant, il a régalé hier, ses fans venus très nombreux assister à son gala à l’opéra d’Alger. Deux heures de nostalgie, de joie et d’émotions. Lounis, le poète, le ciseleur du verbe et l’interprète de la chanson kabyle, a animé vendredi à Alger un spectacle majestueux, dans un bel hommage à la parole, rendu devant un public galvanisé. C’est dans cette ambiance qu’il a marqué la fin des célébrations des 50 ans de carrière de l’artiste, consacrés dans une vingtaine d’albums. La grande salle de l’opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, s’est révélée exiguë pour contenir le public très nombreux, constitué essentiellement de familles venues de plusieurs villes d’Algérie. Il a fallu occuper les allées réservées aux déplacements des spectateurs quitte à se serrer dans l’inconfort, mais le confort était dans les esprits. Accompagné par un orchestre d’une quinzaine de musiciens, brillamment dirigé par son fils Djaâfar à la flûte et à la guitare, Aït Menguellet a gratifié son public, deux heures et demie durant, de plusieurs de ses célèbres chansons tirées de son répertoire riche de plus de 200 titres, dans une ambiance festive. Le chantre de la chanson amazighe a interprété en deux parties, séparées d’un entracte, douze pièces, servies par une distribution musicale judicieuse.

En communion parfaite, les applaudissements retentissant à chaque entame de «l’istikhbar» dans une variation rythmique ascendante, au grand plaisir d’un public de fans qui a vite cédé au déhanchement. Des chansons d’amour durant les années d’or rythmées par «L’wiza», aux années de plomb marquées par le célèbre «Ammi», Lounis a fait voyager ses fans, il leur a fait revivre des pans entiers de leur jeunesse et de lutte, d’espoir et doutes qu’il a brillamment restitués dans ces chansons par la force du verbe. Ainsi le public a eu à savourer, «Iwagadhiw», «Anidha’n’Tedjam Emmi», «Telt Iyyam», «Avridh Entemzi», «Aylam Aâqlith», «JSK», «Ammi», «L’Ghorva’n’ 45», «Thamettuth», «Imusniw» et «Ruh Adh’qqimegh», chantant tous les textes du répertoire avec l’artiste au charisme imposant, qui a livré une prestation haute à sa dimension, auréolée de youyous et d’applaudissements nourris. Le public le lui a rendu puisque l’idole a été gratifiée d’une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Sur les traces de Aït Menguellet, toujours fidèles à notre poète, sage et philosophe.» Légende vivante, Aït Menguellet a marqué ses 50 années de carrière, avec plusieurs concerts donnés dans différentes villes d’Algérie et par la sortie de «Thuderth Enni», un album de sept chansons au succès immédiat, ainsi que l’édition, par l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (Onda), d’un coffret de 12 CD accompagné d’un livret, consacrant son oeuvre. Compositeur et auteur d’une vingtaine d’albums dont «Tiregwa» (1999),»Yenna-d wemghar» et «Tawriqt tacebhant» (La page blanche, 2010), Aït Menguellet est réputé pour ses textes engagés et élaborés, faisant de lui un des artistes les plus populaires. A travers ses textes, le «ciseleur du verbe», comme se plaisent à le surnommer ses fans, évoque les travers de la société, clame la fraternité, le pardon et l’amour et dénonce l’injustice. Sa première apparition sur scène remonte à la fin des années 1960 avec «Ma strud ula d nek kter» (Si tu pleures, je pleure encore plus), titre de sa première chanson dévoilée lors de l’émission «Ighanayen uzekka» (Les chanteurs de demain) sur la Chaîne 2 de la Radio algérienne. Après avoir subi une intervention chirurgicale à coeur ouvert en janvier 2015, Lounis Aït Menguellet a marqué son retour six mois après par une tournée nationale pour promouvoir son album «Isefra», sorti une année plus tôt. Organisé par l’opéra d’Alger sous l’égide du ministère de la Culture, le concert de Aït Menguellet a été reconduit hier, afin de «permettre à une autre grande partie du public de pouvoir assister à la fin des célébrations des 50 années de carrière de ce grand artiste», a précisé le directeur de l’opéra d’Alger Noureddine Saoudi.