Décès de la chanteuse de jazz et actrice Lena Horne

Décès de la chanteuse de jazz et actrice Lena Horne

arton6277-81dfa.jpg« My identity is very clear to me now. I am a black woman. I’m free. I no longer have to be a ‘credit.’ I don’t have to be a symbol to anybody ; I don’t have to be a first to anybody. I don’t have to be an imitation of a white woman that Hollywood sort of hoped I’d become. I’m me, and I’m like nobody else. » (Lena HORNE)

La chanteuse de jazz et actrice afro-américaine Lena Horne est décédée dimanche 9 mai au New York Presbyterian Medical Center. Elle avait 92 ans, et n’avait pas été revue dans un événement public depuis des années. Pourtant, dans l’esprit de beaucoup même de ceux de la nouvelle génération, Lena Horne restera une icône et un modèle.

« My identity is very clear to me now. I am a black woman. I’m free. I no longer have to be a ‘credit.’ I don’t have to be a symbol to anybody ; I don’t have to be a first to anybody. I don’t have to be an imitation of a white woman that Hollywood sort of hoped I’d become. I’m me, and I’m like nobody else. »

« Mon identité est désormais très claire pour moi. Je suis une femme noire. Je suis libre. Je n’ai plus besoin d’être un ’un crédit’ (Ndlr : ’alibi’). Je n’ai pas à être un symbole pour qui que se soit ; je n’ai pas à être la première pour quiconque. Je n’ai pas à être une imitation de femme blanche, cette sorte de rêve hollywoodien que j’étais devenue. Je suis moi et je ne ressemble à personne d’autre. »

Dans un article sur le décès de Lena Horne, le New York Times ressort ces mots de l’artiste et l’évidence est là, malgré les années, ils sont toujours d’actualité : être soi-même, s’accepter.

« Je suis moi et je ne ressemble à personne d’autre », disait Lena Horne, des mots source d’inspiration, tout comme le fut la vie de Lena Horne.

lena-horne3-283e2.jpgUne artiste engagée qui sera freinée du fait de sa couleur de peau et son activisme

Lena Mary Calhoune Horne est née le 30 juin 1917 à Brooklyn (New York). Elle a eu deux enfants de son premier mariage avec Louis Jordan Jones, sa fille Gail Lumet Buckley et son fils Edwin Jones, mort en 1970. Divorcée en 1940, Lena Horne épouse Lennie Hayton à Paris en 1947. Quoique séparé depuis 1960, le couple ne divorcera jamais officiellement. Lena Horne perdra son second mari en 1971.

Membre depuis son plus jeune âge de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), Lena Horne était une actrice fortement engagée dans la lutte pour les droits civiques des Noirs dans l’Amérique ségrégationniste. L’histoire veut que se soit sa grand-mère qui l’ait enrôlé à à peine deux ans au sein de la NAACP. Dès les années 45, l’artiste s’implique de plus en plus publiquement dans le combat pour le respect des droits des Noirs, et fera partie de la marche légendaire du pasteur Martin Luther King sur Washington en 1963. Cet engagement et son mariage interracial avec Lennie Hayton (blanc) lui vaudra de figurer sur les listes noires du Mccarthisme, et freinera sa carrière. Malgré son succès, Lena Horne, connue pour sa grande beauté, n’aura jamais au cinéma un rôle dramatique à sa hauteur. Cantonnée aux seconds rôles, l’artiste, qui fut la première actrice noire à signer avec la Metro-Goldwyn-Mayer, restera plus connue comme chanteuse.

Toutefois, cette artiste issue d’un milieu noir bourgeois, aura permis à nombre de ses pairs de voir plusieurs portes commencer à s’ouvrir pour eux, et reste une source d’inspiration. Dans son contrat avec la MGM, une clause stipulait qu’elle ne jouera jamais de rôles de femme de ménage ou d’employée de maison. Son premier film, « The Duke is Tops », sort en 1938. En 1942, Lena Horne interprète le morceau Just One of Those Things (Cole Porter) dans le film « Panama Hattie ». En 1943, elle apparaît dans la comédie musicale « Thousands Cheer », dans « Cabin in the Sky » mais surtout, dans le mythique « Stormy Weather » (où elle interprète le rôle de Selina Roger). En 1944, on la retrouve dans « Broadway Rhythm », « Two Girls and a Sailor », dans « Ziegfeld Follies » (1946), « Words and Music » (1948), « Meet Me in Las Vegas »(1956), etc.

Elle fut cantonnée par Hollywood aux films musicaux et seconds rôles

Au cinéma, Lena Horne multiplie les rôles, dans des films musicaux pour la plupart. Pour le New York Time, les producteurs la préféraient dans ces rôles car, au montage, il était plus facile d couper une chanson et ainsi permettre au film d’être diffusé dans le sud du pays où la présence d’une femme noire glamour dans un film aurait été mal perçu. Pour éviter le boycott de ses films, la MGM ne donnera jamais à l’artiste un autre premier rôle lui permettant de rivaliser avec les Ava Gardner et autres. D’après le quotidien américain, la carrière de Lena Horne aura indubitablement souffert de son mariage avec Lennie Hayton, qui travaillait aussi pour la MGM. Pourtant, cette union fut tenue secrète pendant trois ans.

lena-horne2-16ab3.jpgUne carrière de chanteuse couronnée de nombreux prix

Sur le plan musical, Lena Horne fait figure d’icône dans le monde du jazz. Celle qui a débuté sa carrière musicale au célèbre Cotton Club de Harlem (où elle se produit dès l’âge de 16 ans) remportera un Grammy Award (récompenses de la musique américaine) en 1981 pour The Lady and Her Music, Live on Broadway. Nouveau Grammy en 1995 avec An Evening With Lena Horne. Elle fut aussi nominée aux Tony Awards pour sa performance dans « Calypso », une comédie musicale qui rencontra beaucoup de succès à Broadway. En 1981, Lena Horne remporte un Tony Award pour son one-man show Lena Horne : The Lady and Her Music, qui dépassa les 300 représentations à Broadway. A la télévision, elle aura fait plusieurs apparitions dans des programmes comme Sesame Street ou le Muppet Show.

« My identity is very clear to me now. I am a black woman. I’m free. I no longer have to be a ‘credit.’ I don’t have to be a symbol to anybody ; I don’t have to be a first to anybody. I don’t have to be an imitation of a white woman that Hollywood sort of hoped I’d become. I’m me, and I’m like nobody else. »

R.I.P, l’artiste ! ©Culturefemme.com (M.Z)