Concert «Agora» à l’Opéra d’Alger: Une exquise fusion algéro-grecque

Concert «Agora» à l’Opéra d’Alger: Une exquise fusion algéro-grecque

Une chanteuse algérienne, une chanteuse grecque, une fusion entre deux rives de la Méditerranée et un rêve commun, ont permis l’accomplissement du spectacle «Agora», qui a eu lieu vendredi soir à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïah.

A 20h00 précises, levée de rideau. Et voilà que le public venu en masse, découvre les treize musiciens et les deux chanteuses qui donnent le spectacle «Agora». Dans cette grande salle de l’Opéra d’Alger archicomble à l’occasion, le public n’a pas manqué à l’appel d’une envoûtante star grecque, Helena Vasileiadi, et de la talentueuse chanteuse Lamia Aït Amara, initiatrice de ce projet. «Ce soir, c’est un rêve qui se réalise pour nous», dira d’emblée Lamia Aït Amara en saluant chaleureusement le public.

Sur la chanson Djaka El Ghaithou, Lamia débute la soirée bercée par les délicates mélodies exécutées par un orchestre d’exception. Avec sa singularité qui a fait sa notoriété, l’interprétation de Lamia est douce, rendue sur le fil et bien portée par sa voix suave bien maîtrisée.

Elle est suivie par Helena qui reprend la même chanson traduite en grecque. Ce petit bout de femme à la voix de velours aura véritablement été la grosse découverte de la soirée. Les deux prêtresses se donnent ensuite le relais en fusionnant parfaitement leurs voix sur Di Vairi.

Une belle chanson du patrimoine grecque que Lamia a traduite en arabe au plus grand bonheur du public qui se plaignait par moment de ne pas comprendre les paroles.

Des voix sublimes

Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, et les voix de plus en plus claires et imposantes des deux interprètes s’entremêlent et s’enchevêtrent avec les sons de la kouitra, du luth, du bouzouki, du santouri, du nay, du baglama, de la derbouka et du violon.

Ces instruments traditionnels algériens et grecs ont offert de magnifiques solos au public, joués par de véritables virtuoses tel que le violoniste et chef d’orchestre Khalil Baba Ahmed, le qanoundji (cithariste) Hassane Belkacem Benalioua, et le joueur de rbeb grec, Christos Kaliontzidis.

L’ambiance est alors à son apogée, les youyous fusent de partout et la soirée se poursuit avec Tlata Zehwa ou Mraha, chanson du terroir interprétée par Lamia et suivie par Helena, castagnette à la main. Sur Qoum Tara, les deux stars de la soirée prouvent encore une fois le gros travail de recherche et d’harmonisation effectué et envoûtent l’assistance par les mélismes et arabesques de leurs voix.

Carton plein auprès du public qui savoure cette belle échappée et ce beau voyage à Santorin en Grèce. Il se lève alors comme un seul homme et salue cette belle interprétation. Perchées sur leurs hauts talons, Helena Vasileiadi et Lamia Aït Amara qui ont échangé leurs tenues traditionnelles, karakou aubergine et serouel Dzaïr pour Helena et longue robe bordée de pierres et couronne en feuille de vigne pour Lamia, enchaînent avec Ya Rayah de Dahmane El Harrachi et Alger Alger de Lili Boniche reprises en cœur par le public. Vers la fin du spectacle, Lamia invite le directeur de l’Opéra d’Alger, Nourredine Saoudi, à chanter avec elle sur scène.

Ce dernier, très surpris et pas du tout préparé, s’en tire tout de même très bien sur Mime Wa Sin, hourouf fi moumou el inn. Selli Houmoumek sera la dernière chanson choisie par ce duo magique qui clôt leur concert sur quelques pas de sirtaki, la danse traditionnelle grecque qui entraîne du coup, tout le public. Une belle soirée à redécouvrir prochainement à travers d’autres dates.

Sara Boualem