Chanson kabyle : Amar Seghir tire sa révérence

Chanson kabyle : Amar Seghir tire sa révérence

Parcours –  Le chanteur d’expression kabyle Amar Seghir s’est éteint dimanche à Tizi-Ouzou, à l’âgé de 74 ans, a annoncé lundi la direction locale de la culture.

De son vrai nom Outoudert Amar, né le 27 septembre 1943 à Tala n’Tazart, dans la commune d’Iboudrarène, cet artiste au talent accompli a fait ses premiers pas dans le monde artistique en 1960, lorsque l’artiste Kamal Hamadi le présenta à Cheikh Nordine, qui apprécia sa prestation et l’engagea à la Radio Chaîne II.

Après avoir écrit une trentaine de chansons pour la Chaîne II, dont l’habillage musical a été assuré par Mohamed Medjdoub, il prend son envol, fréquente de grands noms de la chanson algérienne, dont El Hadj M’hamed El Anka, Ahmed Wahbi et Blaoui El Houari, passant du statut de chanteur amateur à celui de professionnel avec une douzaine de disques (45 tours) sortis en Algérie et en France.

Le chanteur met fin à sa carrière en 1976 après le décès de sa mère et en raison de problèmes de santé.

Il a été enterré lundi dans son village natal Tala n’Tazart en présence d’une foule nombreuse. Le wali, Mohamed Bouderbali, s’est rendu sur place et a présenté ses condoléances à la famille du défunt.

En 2014, un hommage a été rendu à celui qui, par sa verve poétique, a inscrit à jamais son nom dans les annales de la chanson kabyle. L’hommage a eu lieu à Iboudrarène, dans la daïra des Aït Yenni, et au cours duquel le chanteur a eu droit à la reconnaissance des siens.

Durant deux jours, Amar Sghir a été à l’honneur dans son village natal. En association avec la direction de la culture de Tizi Ouzou et l’APC d’Iboudrarène, le comité d’organisation avait mis en place un riche programme d’animation et d’activités festives pour un hommage où le parcours du chanteur a été mis en avant.

Mohamed Chemmoun, Ouazib Mohand Ameziane, Makhloufi, Djaffar Aït Menguellet, Ali Meziane et bien d’autres chanteurs se sont succédé sur scène pour rendre hommage, par la chanson et le témoignage, à un chanteur qui a marqué de son empreinte la scène artistique kabyle.

Venu des nombreux villages voisins, le public, nombreux et intergénérationnel, a eu à découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de l’artiste.

Amar Sghir s’est illustré à sa façon dans la revendication amazighe, puisqu’il sera le premier à avoir utilisé le mot amazigh dans une chanson, a-t-on souligné lors de cet hommage qui est une preuve de reconnaissance pour le talent et le mérite de celui qui a fait son apprentissage dans la célèbre école algéroise Al Ankaouia, selon le témoignage de Wahid, son demi-frère.

Auteur d’un riche répertoire embrassant une thématique dominée par un romantisme de jeunesse et les sujets de société des années 1960 et 1970 (immigration, séparation due à la mort, situation de la femme kabyle…), et dont l’essentiel a été enregistré avec l’orchestre de la Radio nationale, Amar Sghir, qui avait également composé des titres interprétés par d’autres chanteurs, à l’instar d’Aït Meslayen qui a quitté précocement la scène artistique, en raison de sa santé fragile, est resté en marge de la scène artistique.

R. C.