C’est sous les youyous et les acclamations des populations que l’enfant prodige, Idir, a été accueilli le vendredi à Ath Yenni et hier à Akfadou.
Une nuée de photographes et de caméramans ont immortalisé l’événement, car c’en est vraiment un, au vu du nombre impressionnant de citoyens venus de tous les villages de la région des Ath Yenni, voire de toute la Kabylie.
Idir fut revêtu d’un burnous blanc comme neige dès sa descente de la voiture qui le transportait. Les monts du Djurdjura retrouvent enfin leur enfant parti porter la parole ancestrale dans les contrées lointaines de la Terre. «A Vava Inouva» et d’autres de ses chansons sont traduites et fredonnées aux quatre coins de la terre.
Depuis l’entrée du village Tawrirt Lhedjadj où Idir reçut un bouquet de fleurs, du petit-lait et des figues qui lui furent offerts par une charmante jeune fille, jusqu’au siège de l’A.P.C des Ath Yenni distante d’un kilomètre et demi environ, la délégation composée entre autres, du maire de la localité et de ses pairs d’autres communes, ainsi qu’une délégation venue spécialement d’Akfadou, fut assaillie par une nuée de gens des deux sexes, jeunes et moins jeunes, qui pour prendre une photo avec Idir, qui pour lui témoigner son admiration. Kamel Tarwiht, l’animateur vedette de Brtv, lui aussi happé par la population, preuve de la popularité dont il jouit auprès des villageois de la Haute Kabylie.
Idir et ses compagnons ont fait une halte dans un centre pour handicapés où il rendit visite aux pensionnaires.
Un geste que les citoyens de la localité n’ont pas manqué de commenter. Puis, la procession humaine qui grossissait au fur et à mesure que l’on avançait s’engouffra dans le parvis du siège de la mairie qui s’avéra vraiment exigu à l’occasion.
C’est dans une cohue indescriptible que l’hôte de marque des Ath Yenni a pu être installé dans la salle des délibérations de la municipalité où une prise de parole eut lieu avant qu’une collation ne fut servie. Tour à tour, le président de l’APC des Ath Yenni, Idir, Kamel Tarwiht, le maire d’Akfadou et enfin Mokrane Gacem, se sont succédé devant le micro pour s’adresser à l’assistance nombreuse.
L’émotion se lit sur le visage de l’auteur de «A Vava Inouva» lorsqu’il parla. «Même si on dit que nul n’est prophète en son pays, aujourd’hui, j’avoue que ce dicton est démenti, je me sens adulé chez moi», dit-il sous un tonnerre d’applaudissements.
Le célèbre chanteur se dit satisfait de son parcours artistique. «J’ai fait des chansons qui peuvent être écoutées ensemble, par le père et la mère, l’épouse et les enfants sans aucune gêne.
J’ai respecté nos valeurs et notre éducation ancestrale», avant d’ajouter avec une certaine pointe d’humour: «Je crois que je chante bien.» Pour Kamel Tarwiht, Idir appartient à une région qui a enfanté des génies dans tous les domaines en citant entre autres un monument de la littérature algérienne et de la culture amazighe, en la personne de Mouloud Mammeri. Les autres intervenants ont eu à présenter le festival «Lumière sur le patrimoine historique et culturel de la Kabylie» dont les objectifs sont la restitution de la mémoire de la région pour appréhender l’avenir dans la sérénité.
Le parcours qu’Idir et la délégation l’accompagnant, ont emprunté est jalonné de banderoles de bienvenue, «Idir, ambassadeur de la chanson algérienne», lit-on sur l’une d’entre elles.
Selon l’un des animateurs, Samir Cherrat, cheville ouvrière du collectif chargé de l’accueil de l’enfant du pays, Ath Yenni est très honoré de recevoir, Idir, l’ambassadeur de la chanson amazighe à travers le monde.
«Idir fut honoré pour la noblesse de son combat, pour son courage mais surtout pour la portée universelle de son art», nous a dit une demoiselle rencontrée parmi les nombreuses personnes venues assister à l’événement.
Vendredi, le retour de la star de la chanson kabyle moderne, a été fêté par des chants de chorale de la troupe «Taziba», mais aussi des prises de parole, des témoignages autour de l’homme et de son oeuvre monumentale.
Dans la matinée une conférence ayant pour thème: «Tendances musicales actuelles dans la chanson kabyle en métissage et fusion de styles» fut donnée par le Dr Mouloud Ounnoughene.
Dans la soirée, une fête haute en couleur a été organisée en l’honneur de l’invité d’honneur d’Ath Yenni. Idir a été décoré de «l’Etoile d’argent», oeuvre des maîtres artisans bijoutiers d’Ath Yenni.
