1er festival international du Film Amazigh: Une première inédite à Montréal

1er festival international du Film Amazigh: Une première inédite à Montréal

Organisée par l’association Assirem, la première édition du Fifam se tiendra le 30 septembre à Montréal et accueillera la projection de six films (courts-métrages), et des rencontres-débats avec les réalisateurs.

Montréal accueille, samedi 30 septembre, la première édition du Festival international du film amazigh (Fifam). Un événement, dont le parrain n’est autre que le célèbre comédien algérien Faouzi Saïchi. La première édition, qui aura lieu à la cinémathèque québécoise, sera «dédiée aux victimes du terrorisme dans le monde, célèbre la femme et l’exil, oppose la beauté à la barbarie et le dialogue au chaos», explique Tahar Haouchi, le directeur artistique du festival qui est aussi le responsable du festival du film oriental de Genève.

Sur le choix de cette ville d’Amérique du Nord, Tahar Haouchi précise que cet évènement culturel amazigh voit le jour dans une ville qui «promeut la diversité et les particularismes identitaires». Dans le dossier de presse qui nous est parvenu Tahar Haouchi affirme:

«Pendant très longtemps la préservation de l’identité amazighe a été l’apanage de l’oralité et de la mémoire.

Ainsi, l’histoire des Imazighen a été écrite par l’Autre. Conscient de l’urgence de se représenter soi-même, des intellectuels, comme Saïd Boulifa et Mouloud Mammeri, sont très vite passés à l’écrit. Aujourd’hui, à l’ère de l’image, ils sont légion ces réalisateurs amazighs qui se lancent dans l’entreprise de l’auto-représentation, souvent sans aides et sans espaces de promotion qui restent soumis aux idéologies officielles.

A la lumière de cela, on mesure aussi bien l’importance d’un festival du film amazigh indépendant à Montréal que le courage de l’équipe qui se lance dans ce combat, sans soutiens. Aux doutes de certains, je réponds: doit-on attendre éternellement Godot? Naturellement non!». A propos du public auquel ce festival est destiné, Tahar Haouchi précise: «Il s’adresse à un public transnational. Ouvert au monde, le festival offre des images fraîches et authentiques, s’inscrivant aux antipodes des terribles violences et des amalgames dominants, qu’il rejette et condamne sans réserves.» Pour sa part, Faouzi Saïchi indique: «Kabyle des Babors et élevé entre le Sahara et Alger, j’ai eu la chance de côtoyer les grands artistes kabyles. J’étais sensibilisé à notre identité authentique depuis mon jeune âge. J’ai également participé à plusieurs reprises aux festivals amazighs aussi bien au Maroc qu’en Algérie.

J’y ai rencontré plusieurs jeunes talents qui réalisent des films dans la marge et sans soutiens. D’où l’importance de festivals comme le Fifam qui devient un espace de promotion et d’encouragement. Ainsi, mon parrainage de la première édition du Festival du film amazigh de Montréal tombe à pic et s’inscrit dans le sillage d’une conviction et d’une volonté d’aider le jeune cinéma amazigh à s’affirmer dans les capitales du monde.»

Côté programme, il est bon à savoir que ce festival comprendra la projection de six films (courts-métrages), et des rencontres-débats avec les réalisateurs. Les cinéphiles auront l’occasion de découvrir, notamment les fictions Yidir (2012, 15 mn, Suisse-Algérie-Maroc) de Tahar Haouchi, Carte postale (2013, 23 mn, Maroc) de Mahassine El Hachadi, Dwagi Id Asirem (2016, 14 mn, Algérie) de Rida Amrani, Regards de Noureddine Kebaili, (Algérie, fiction, 26 min – VO tamazight), Dwagi Id Asirem de Rida Amrani (Algérie- Fiction – 14 min / VO amazighe ST FR, 2016.) En outre, Tahar Haouchi présentera également son dernier film intitulé Salah, un Kabyle de Palestine, Suisse – Liban – Algérie, Doc, 26 min, VO amazighe – arabe-Stfr, 2017.).

Un film déjà présenté à la dernière édition du Festival du film arabe. Il s’agit d’un portrait émouvant de Salah, descendant de Kabyles algériens réfugiés en Palestine après avoir fui les exactions françaises au XIVe siècle. Contraint de quitter son village de Palestine en 1948, Salah vit depuis dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban. Malgré ses souffrances, il garde l’espoir de voir un jour la terre de ses aïeux.

Notons qu’à la fin des projections, le festival sera ponctué par des débats avec les réalisateurs sur «Le cinéma amazigh et les Kabyles palestiniens» et «123 minutes d’images amazighes». Et le directeur artistique de conclure: «Nous souhaitons que ce festival puisse provoquer un débat fructueux, éclairer les esprits, libérer des émotions et adoucir les nostalgies.» C’est tout le mal qu’on lui souhaite et bon vent à cette nouvelle manifestation!