Une vive opposition entre Alger et Washington, au sujet de la façon de conduire la lutte anti-Aqmi, risque de mettre une fin brutale au «flirt» qui dure depuis des années entre les deux capitales.
Si, pour Alger, c’est une armée régionale qui doit mener les opérations antiterroristes au Sahel, Washington estime pouvoir aider, même de manière indirecte, par la biais de ses drones et de sa logistique très perfectionnée à endiguer la menace d’Al- Qaïda, qui a largement démoralisé des pays comme la France.
Une récente rencontre entre la DGSE et la CIA avait abouti, selon la presse américaine, à la nécessité de prendre en main le problème que pose les prises d’otages au Sahel.
Paris s’est plaint à Washington d’Al- Qaïda, qui cible, principalement, ses intérêts et ses ressortissants dans la région saharo-sahélienne, et avait proposé de monter une base, où serait installée une unité opérationnelle apte à intervenir, directement, à partir d’un des pays dits «du champ», c’est-à-dire l’Algérie, le Mali, la Mauritanie ou le Niger.
Alger a opposé un non, catégorique, à la demande qui lui a été formulée par Washington. Évidemment, des planifications militaires de cette ampleur, dans ce contexte précis et dans cette zone précise, sont toujours sous-tendues par des visées, autres que sécuritaires.
Une des principales raisons de l’opposition d’Alger pour la demande d’établissement, mille fois formulée et reformulée par Washington, d’une base militaire, au Sahara ou au Sahel, est le risque élevé de voir changer la région en une énorme zone de combats. Les expériences militaires dans le monde ont démontré que là où des GI’s s’installent, les djihadistes arrivent.
Toute présence militaire occidentale est perçue par les ultras de la Mouvance salafiste comme une nouvelle croisade, justifiant un appel solennel au djihad, qui recrutera chez les islamistes restés modérés jusque-là, et la zone se transformera, en quelques mois, en une zone de combats sans fin, mettant à genoux le pays d’accueil, et non pas les États-Unis, qui peuvent, finalement, quitter le bourbier, comme ils l’ont fait en Irak.
Nous rapportions, il y a quelques jours, qu’Alger avait, diplomatiquement, refusé une demande introduite, par petites touches, par Washington, sur les bénéfices d’une intervention indirecte d’Africom à l’aide de drones et d’avions de reconnaissance sur le Sahara et le Sahel. Ce refus est aussi un des motifs qui ont fâché les États-Unis…
Fayçal Oukaci