Distribution de logements ,Un problème d’ordre public

Distribution de logements ,Un problème d’ordre public

Le problème du logement est devenu un casse-tête chinois pour les autorités.

Alger est loin d’être la seule wilaya concernée par ces émeutes pour le logement.



Les habitants des chalets de Aïn Kehla à Heuraouas et de Haï Koreichi à Réghaïa se sont rassemblés, hier, devant le siège de la wilaya d’Alger pour demander leur relogement dans les meilleurs délais.

Le rassemblement s’est déroulé sous l’oeil vigilant des agents de l’ordre, présents en force pour parer à toute éventualité.

Les manifestants, des centaines environ, dénoncent la hogra et leur exclusion de toutes les opérations de relogement. Près de 400 familles occupent, ont-ils informé, ces chalets depuis 2003, avec la promesse faite à l’époque de les reloger dans un délai de 18 mois. Ces familles habitaient, avant 2003, dans plusieurs points de la capitale comme Bab J’did, Hussein Dey et Baraki.

«Mais depuis, on ne nous fait que des promesses sans lendemain. Aujourd’hui, on en a marre et c’est pourquoi nous sommes ici pour interpeller le wali sur la situation dramatique que nous vivons dans ces chalets», déplorent les manifestants.

Ces derniers expliquent qu’ils vivent un véritable cauchemar dans ces chalets, avec absence de sécurité, propagation des maladies à cause de l’état lamentable des lieux et manque de moyens de vie. Ce qui les expose à la chaleur suffocante d’été et le froid glacial d’hiver.

Ayachi, un père de famille habitant dans ces chalets, nous fait savoir que deux de ses enfants souffrent d’allergie à cause de la poussière qui s’y dégage continuellement. Mais Alger est loin d’être la seule wilaya concernée par ces émeutes pour le logement. De l’est à l’ouest, la quasi-totalité des wilayas sont touchées par ce même phénomène. Quand il s’agit de distribution de logements sociaux, locatifs ou autres, les mécontents recourent à l’émeute.

Pas aussi loin que le week-end dernier, cinq wilayas de l’Est (Annaba, El Tarf, Sétif, Batna et Mila) ont été secouées par des mouvements de protestation d’une rare violence. Dans la daïra d’El Kala (El Tarf), des protestataires ont incendié, jeudi dernier, le siège de cette dernière après l’affichage d’une liste de quelque 170 bénéficiaires de logements sociaux.

Les manifestants ont également détruit des documents d’état civil dans les locaux de l’Assemblée populaire communale (APC, mairie) d’El Kala, ce qui a nécessité l’intervention musclée des forces de l’ordre qui ont bouclé les quartiers de cette ville pour empêcher les protestataires de s’en prendre à d’autres édifices publics.

Le même jour, la wilaya de Annaba a connu des scènes similaires, couronnées par l’interpellation de 14 personnes.

Se voyant exclus de la liste des bénéficiaires de logements, des centaines d’habitants de la cité Didouche-Mourad, au chef-lieu de wilaya, ont bloqué, jeudi matin le boulevard l’Afrique à l’aide de pneus incendiés et autres objets hétéroclites, paralysant la circulation routière.

Dispersés à la mi-journée par des éléments des services de la sûreté, les protestataires ont repris leur mouvement de contestation à la tombée de la nuit.

Dans la wilaya de Mila, le pire a été évité, lundi passé, en annulant tout simplement la liste des bénéficiaires.

Le wali a annulé la liste des 201 attributaires de logements publics locatifs, placardée dans la localité de Ferdjioua, suite au mécontentement exprimé spontanément par la population de cette ville, juste après l’affichage. Le wali a mis en place une commission d’enquête de wilaya, pour enquêter sur cette liste contestée.

Durant la journée du 26 juin dernier, ce sont la daïra d’El Eulma à Sétif et les communes de Chréa et de Boukhadra, dans la wilaya de Tébessa, qui ont été le théâtre de manifestations après l’affichage de listes d’attributaires de logements sociaux. Le 29 juin, c’est la région de N’gaous dans la wilaya de Batna, qui a connu les mêmes perturbations suite à l’affichage de liste de bénéficiaires de logements sociaux. Les manifestants ont saccagé les sièges de la kasma de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), du parti FLN et de l’Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec).

Des actes similaires avaient touché, dimanche dernier, le siège de la daïra dont les fenêtres ont été brisées, des dossiers détruits et des meubles se trouvant dans la salle des délibérations saccagés.

C’est dire que le problème du logement est devenu un casse-tête chinois pour les autorités.

A voir l’ampleur des manifestations qui accompagnent chaque opération de distribution, on est tenté de dire que ce dossier est devenu un problème d’ordre public.