Les maires veulent se réapproprier leurs prérogatives quant à la distribution de logements sociaux. Très critiqués, mais ne disposant d’aucune marge de manoeuvre, les élus du peuple ne veulent plus recevoir les citoyens, les mains vides. Jeudi dernier, lors d’une réunion de travail à la wilaya d’Alger, de nombreux édiles ont tenu à exprimer leur colère.
En fait, si le problème a été soulevé par des maires de la capitale, il n’empêche que la problématique concerne toutes les communes du pays. Ainsi, les présidents ou leurs représentants, des APC de Aïn Bénian, Baba Hassan, El Achour, Hammamet, Zéralda, Mahelma et Dely Ibrahim, ont exprimé leur disposition à assumer la responsabilité de distribuer les logements sociaux locatifs à leur niveau.
Les élus ont critiqué leur «mise à l’écart» dans la gestion du programme de recasement des familles issues des sites précaires et de l’étude des demandes de recours qui en découlent ainsi que dans l’établissement des listes des bénéficiaires de logements sociaux dans le cadre du programme ordinaire de distribution. En conséquence, l’on assiste à bien d’irrégularités dans l’établissement des listes des bénéficiaires qui se soldent, à chaque fois, par des émeutes et des actions de protestation généralisées.
Ce qui prouve, si besoin est, que le mécanisme actuel de traitement, de distribution et de l’étude des recours est loin d’être performant. Des cas de passe-droits, de favoritisme et autres irrégularités ont été déjà relevés et des listes entières annulées suite à des enquêtes enclenchées par les autorités publiques. Un tableau noir dressé par des maires illustre l’état des lieux au niveau des Assemblées communales et l’effervescence qui gagne des citoyens en mal de solution à leurs doléances. «Je reçois jusqu’à 200 personnes par jour (de réception), mais je suis incapable de répondre à leurs doléances qui tournent autour du logement et de l’emploi.
Les courriers que j’adresse à la wilaya restent sans réponse. La commune est, en principe, une cellule fondamentale dans l’édification de l’Etat, mais cela ne se voit pas sur le terrain», s’est plaint le maire de Aïn Bénian, Abdelmadjid Amarnia. M. Amarnia ne comprend pas pourquoi un président d’APC qui est sur le devant de la scène à travers le contact direct et permanent avec la population, soit ainsi «privé» des prérogatives qui touchent à la gestion des principales préoccupations de ses administrés.
S’agissant de la distribution de logements sociaux dans le cadre du programme ordinaire, doté de 6 010 unités pour 57 communes, le maire de Baba Hassan, M. Gharabaï s’est voulu plus précis: «Nous voulons participer activement à l’établissement des listes des bénéficiaires ». Cette distribution est l’oeuvre d’une commission au niveau de la wilaya déléguée où le président de l’APC concernée n’a qu’une seule voix.
Quant à la commission de recours, elle est installée au niveau de la wilaya où les intérêts des personnes ayant introduit les recours sont censés être défendus par un représentant de la wilaya déléguée, la commission n’étant pas ouverte aux maires. Et le maire d’El Achour d’ajouter : «La commission de recours travaille à la wilaya en l’absence de l’APC. Est-ce que le représentant de la wilaya déléguée est mieux placé que le maire pour défendre les intérêts de la population de la commune ?».
Pour rappel la prérogative de distribution des logements était donnée aux présidents d’APC avant qu’elle ne soit transférée par décret du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, aux chefs de daïras. La principale raison de ce changement était la partialité de certes édiles dans l’établissement des listes. C’est dire qu’il est temps de réfléchir à une meilleure méthode qui permettra d’impliquer davantage les élus tout en veillant à éviter les erreurs du passé.
M. S.