Dispositions sur l’âge légal de départ à la retraite, Attentes contrastées

Dispositions sur l’âge légal de départ à la retraite, Attentes contrastées

La décision que vient de prendre le ministère de l’Education nationale de mettre à la retraite tous ses personnels dépassant soixante ans n’est pas nouvelle.

La mesure du Premier ministre, qui date du dernier trimestre de 2012, trouve seulement une nouvelle application. Beaucoup d’administrations se sont déjà essayées à cet exercice avec des résultats mitigés. Même dépassant l’âge légal ouvrant droit à la retraite, beaucoup de travailleurs sont restés à leur poste au-delà de soixante ans. Il n’est pas rare de rencontrer dans les banques, les collectivités locales ou l’éducation, de flagrantes entorses à la législation.

Certains ne sont pas toujours mus par la passion du travail. Ils « profitent » encore des avantages et privilèges liés au poste. De prime abord, la décision peut satisfaire de larges franges de la jeunesse. Des milliers de diplômés d’universités et d’instituts de formation n’arrivent pas à trouver un emploi. Beaucoup se contentent de postes mal rémunérés et aléatoires dans le cadre du pré-emploi. Il suffit de constater le nombre effarant de postulants à différents concours. Pour le moindre poste, ce sont des marées humaines qui prennent part aux épreuves.

Même si le départ à la retraite des travailleurs et fonctionnaires ne peut être le remède au problème du chômage dans notre pays, libérer quelques postes soulagerait tout de même les pouvoirs publics. Ces derniers ont préféré miser sur la multiplication des formules de traitement social ou économique du problème de l’emploi. Le nombre de postes créés dans le sillage de l’octroi des crédits Ansej, Cnac, etc. est plus important que ceux qu’« un renvoi de seniors » pourrait libérer. Il n’en demeure pas moins que c’est une mesure qui sur les plans psychologique et politique rencontre un écho favorable.

Le pays peut se permettre des régimes spécifiques relatifs à des métiers de haute valeur (professeurs de médecine, d’universités…) mais la pression de la jeunesse est trop forte face à ces considérations.

D’aucuns estiment, pourtant, au-delà de la nécessité de respecter les dispositions légales et réglementaires en matière de départ à la retraite, que les mesures susmentionnées seraient contreproductives. Souvent ceux qui partent à la retraite jouissent d’une expérience, d’un niveau de maîtrise dont les « remplaçants » en sont dépourvus. Depuis une vingtaine d’années, la régression du système d’enseignement et de formation a privé presque une génération des outils de gestion.

D’ailleurs, le système privé à travers son réseau d’écoles, de banques ou d’entreprises ne se fait pas prier pour recruter à tours de bras ces cadres de valeur, précocement mis à la retraite. La pyramide des âges nen Algérie n’est pas comparable à celle d’autres pays où le nombre de retraités tend à égaler voire à dépasser celui des actifs. Le vieillissement de la population est une tendance qui se produira à long terme. Pour un pays comme la vieillissante France, le nombre de cotisants pour un retraité, qui était de 4 pour 1 en 1960, est passé à 1,8 pour 1 en 2010. Dans presque tous les pays d’Europe, on cherche davantage à allonger la durée des cotisations et à retarder les départs à la retraite des salariés.

La Caisse des retraites en Algérie n’est pas menacée de faillite. En 2010, la population active a été évaluée à près de 10,8 millions pour près de 2,2 millions de retraités. L’urgence et la vraie solution paraissent être davantage dans la création d’emplois que dans le départ de ceux qui en ont déjà un.

H. Rachid