Les corps des huit Sahraouis qui ont été exhumés par une équipe d’experts médico-légaux espagnols ont établi des preuves inédites de leur exécution extrajudiciaire par les forces armées marocaines
Les autorités marocaines n’ont donné aucune information sur les huit Sahraouis, dont deux enfants, arrêtés et froidement exécutés en 1976 par une patrouille de militaires marocains.
Les assassins de ces innocents seront-ils un jour démasqués? Difficile d’y croire. Le pouvoir marocain n’avouera pas qu’il a du sang sur les mains. Comme il n’a pas envie de se présenter sous son vrai visage. Amnesty International insiste pourtant contre vents et marées: «Il faut demander des comptes aux responsables afin de mettre réellement un terme à l’impunité pour les violations commises dans le cadre du conflit armé entre le Maroc et le Front Polisario», souligne le communiqué de l’Organisation de défense des droits de l’homme basée à Londres.
De fil en aiguille l’étau se referme sur le Makhzen. Ses atrocités ressurgissent d’outre-tombe. Comme des fantômes qui finiront bien un jour par hanter ses nuits.

Pour le moment, c’est la terre spoliée des Sahraouis, qui a pour l’éternité accueilli les cris de ses enfants martyrisés, qui a décidé de livrer les traces de la face inhumaine du Makhzen que les forces de répression marocaines pensaient avoir définitivement ensevelies.
Les corps des huit Sahraouis – dont deux enfants – disparus en 1976 qui ont été exhumés par une équipe d’experts médico-légaux espagnols pour procéder à des examens dont des tests ADN ont établi des preuves inédites de leur exécution extrajudiciaire par les forces armées, indique un rapport d’Amnesty International daté du 12 septembre 2013. Il accable à plus d’un titre le trône alaouite et exige une enquête. «Amnesty International demande que les éléments de preuve laissés par l’équipe de spécialistes espagnols soient préservés, qu’une enquête indépendante, impartiale et minutieuse soit menée sur la mort de ces huit Sahraouis, et que les responsables présumés soient traduits en justice», soulignent les rédacteurs du document. S’il persistait encore un mince espoir sur la bonne foi du pouvoir marocain de mettre fin aux disparitions forcées, à la pratique de la torture et aux nombreuses exactions commises contre les populations sahraouies, il vient de partir en fumée. «L’Instance équité et réconciliation (IER), créée en 2004 par les autorités marocaines pour enquêter sur les disparitions forcées, entre autres, violations, n’avait révélé aucune information sur ce qu’il était advenu de ces huit personnes», indique le communiqué de l’Organisation internationale de défense des droits de l’homme qui a exhorté les autorités marocaines à «veiller à ce qu’une enquête soit rouverte, dès lors, que de nouveaux éléments émergent dans des affaires de disparitions forcées, du fait de l’exhumation d’ossements ou de témoignages de proches de victimes qui n’avaient pas été interrogés par l’IER ou le Ccdh (Conseil consultatif des droits de l’homme, Ndlr), notamment ceux qui vivent dans les camps de Tindouf». C’est dans la foulée de ces recommandations que l’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme s’est indigné contre les autorités marocaines et leur récurrente violation des droits de l’homme des Sahraouis. «Le gouvernement marocain continue de violer les droits respectivement à la vie, à l’intégrité personnelle, à la liberté d’expression et de réunion ainsi qu’au droit à des procès équitables des Sahraouis», souligne RFK Center dans un rapport publié le 13 septembre 2013 à Washington.
«La situation exige, non seulement une présence permanente de l’ONU, mais aussi un mandat clair pour les droits de l’homme afin de ne plus permettre la poursuite de telles violations et d’envoyer un message clair au Maroc que la communauté internationale ne tolère pas ces violations», a affirmé Santiago Canton, directeur des Partenaires des droits de l’homme de RFK Center, à l’occasion de la présentation de ce document tandis qu’Amnesty International est revenue à la charge pour demander à ce que le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) soit étendu à la protection des droits humains.