La répression des Marocains contre les Sahraouis n’a pas de limite
Un mandat d’arrêt international a été lancé contre un colonel de la gendarmerie royale, l’ex-gouverneur de Smara (ville occupée du Sahara occidental) et son successeur.
Les mailles du filet se resserrent sur les tortionnaires et les assassins de civils sahraouis. Onze hauts fonctionnaires marocains, parmi eux des militaires de haut rang, répondront de leurs actes barbares devant la justice espagnole. Il «existe des indices rationnels permettant de juger les onze inculpés pour des faits de génocide», souligne l’enquête menée par le juge Pablo Ruz de l’Audience nationale, spécialisée dans les affaires complexes.
Le magistrat a dénoncé dans un arrêt rendu public jeudi des «attaques systématiques» contre les civils entre 1975 et 1991.Le réquisitoire est implacable. «Depuis novembre 1975, date de l’occupation par le Maroc du Sahara occidental (…) et jusqu’en 1991, la population civile a fait l’objet d’attaques systématiques et généralisées de la part des forces militaires et policières marocaines», est-il mentionné dans les conclusions du rapport du juge. Le magistrat fait état de «bombardements contre des campements de population civile,»de «déplacements forcés de populations civiles», d’ «assassinats, de détentions et disparitions de personnes d’origine sahraouie» écrit l’AFP dans une de ses dépêches datée du 9 avril.

Les victimes ayant été persécutées «en raison précisément de ces origines (sahraouies), dans le but de détruire partiellement ou totalement cette population et s’approprier le territoire du Sahara occidental» affirme le juge Pablo Ruz qui a estimé que les preuves sont amplement suffisantes pour qualifier ces actes dont doivent répondre les 11 inculpés de génocide. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre sept d’entre eux. Parmi eux figurent l’ancien gouverneur de l’administration territoriale du ministère de l’Intérieur marocain jusqu’à 1997, Abdelhafid Ben Hashem, le gouverneur de Smara (ville du Sahara occidental occupée, Ndlr) entre 1976 et 1978 Said Ouassou, et son successeur Hassan Oushen ainsi qu’un colonel de la gendarmerie royale et un haut gradé militaire qui sont particulièrement visés par ces accusations.
Les faits qui leur sont reprochés mettent en exergue la face hideuse et inhumaine de la politique menée par le pouvoir marocain contre les civils sahraouis. Ils sont responsables des tortures administrées à Hadram Abderrahman, arrêtée le 15 décembre 1975 chez elle, arrachée par la force à son bébé de moins d’un an qu’elle allaitait indique le magistrat espagnol dans son enquête. Il décrit avec une précision les sévices subis par la victime. «Elle fut ensuite torturée durant un mois et demi, tous les jours, pendant un temps indéterminé, avec des pauses de 10 à 15 minutes» et fut «victime d’agressions sexuelles.
Elle était notamment attachée par les pieds et tête en bas pendant qu’elle était frappée à coups de bâton» ou «couchée nue sur une table et frappée jusqu’à ce que la peau se détache» affirme le juge de la haute cour en Espagne, Pablo Rafael Ruz Gutierrez.
De quoi donner la nausée. Une affaire qui tombe à point pour remettre en en scène la question de la mise en oeuvre d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental à quelques jours du vote d’une résolution, par le Conseil de sécurité, qui doit prolonger le mandat de la Minurso (Mission des nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). Il faut souligner qu’elle intervient aussi dans la foulée d’un communiqué commun rendu public à l’issue de la troisième session du dialogue stratégique algéro-américain, tenue mercredi à Washington.
L’Algérie et les Etats-Unis «ont exprimé leur soutien en faveur de la résolution 2152 du Conseil de sécurité des Nations unies et leur engagement à aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui assurera l’autodétermination du peuple du Sahara occidental…» indique le document. Le pouvoir marocain est à deux doigts de la correctionnelle.