La crise qui sévit dans le nord du Mali pourrait trouver une solution par les voies politiques et diplomatiques, selon le général Carter F. Ham, commandant de l’US Africa Command (AFRICOM).
Ce responsable américain a tenu ces propos le dimanche 30 septembre à Alger, à l’issue d’une tournée dans la région qui l’avait préalablement conduit à Nouakchott et à Rabat.
« Nous devons d’abord remettre en place un gouvernement légitime à Bamako, répondre aux besoins pressants du peuple, gérer la grave crise humanitaire qui sévit dans la région, et résoudre le problème des groupes terroristes », a déclaré le général Ham, soulignant que « la seule alternative à exclure est celle d’une présence militaire américaine dans le nord du Mali ».
Cette région est actuellement contrôlée par un ensemble disparate de groupes islamistes radicaux, allant d’Ansar al-Din au Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), affilié à al-Qaida.
« L’un des aspects de ma visite en Algérie consiste pour moi à mieux comprendre la situation et à découvrir quels groupes terroristes sont actifs dans la région », a-t-il poursuivi.
Il s’agit de la quatrième visite du commandant de l’AFRICOM en Algérie. Comme cela est désormais habituel, il avait été invité à rencontrer le Président Abdelaziz Bouteflika. Selon un communiqué officiel, Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense, Abdelkader Messahel, ministre délégué pour le Maghreb et les Affaires africaines, et Ahmed Gaid Salah, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) assistaient également à cet entretien.
« La visite à Alger du commandant en chef de l’AFRICOM s’inscrit dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays, et intervient à la veille des entretiens stratégiques entre l’Algérie et les Etats-Unis, qui auront lieu à Washington le 19 octobre », a précisé ce communiqué.
Cette visite à Alger intervient au lendemain des entretiens entre le général Ham et des responsables marocains à Rabat, dans le cadre du Dialogue atlantique, du 28 au 30 septembre.
Lors d’une rencontre avec la presse, vendredi 28 septembre, à l’ambassade des Etats-Unis à Rabat consacrée à « l’impact et perspectives de la crise au Sahel pour la sécurité régionale et internationale », ce responsable militaire américain de haut rang a souligné les dangers qui menacent la région. Ces dangers, a-t-il expliqué, ont une dimension transfrontalière. Il a mis en garde contre l’expansion des activités terroristes conduites par al-Qaida au Maghreb islamique et d’autres organisations extrémistes.
Malgré les dangers présents dans le nord du Mali, il a exclu toute possible intervention américaine, affirmant qu’elle ne ferait que compliquer les choses.
« Ce qui importe le plus, c’est d’aider le gouvernement malien à restructurer ses forces militaires. Cet objectif sera atteint en formant ses personnels militaires et en leur apportant les matériels adéquats », a-t-il poursuivi.
Le général Ham a indiqué qu’il appartenait au gouvernement malien de s’adresser à la communauté internationale par le biais du Conseil de sécurité des Nations unies pour trouver la bonne solution.
Au Maroc, le ministre des Affaires étrangères Saad Eddine El Othmani a déclaré que la priorité devait être donnée à aider le Mali à restaurer son intégrité territoriale et à lutter contre les agissements terroristes et criminels qui sont perpétrés contre la population du pays.
Il a également souligné le besoin urgent d’aider les pays de la région à renforcer leurs institutions sécuritaires et à garantir un meilleur contrôle de leurs frontières pour répondre au terrorisme, au crime organisé transfrontalier et aux trafics en tous genres.
Le général Ham a salué la contribution du Maroc en faveur de l’élaboration d’une approche locale pour répondre aux problèmes de la région. Il a fait part de sa volonté à travailler avec le Maroc à cet égard.
Cette visite de ce haut responsable américain a été marquée par des discussions avec les responsables militaires marocains concernant de futures manoeuvres des forces de l’AFRICOM. Ces rencontres se sont également intéressées à la possibilité d’organiser des exercices conjoints et au renforcement de la coopération avec le Maroc.
Ce déplacement au Maroc faisait suite à un arrêt à Nouakchott, où il a rencontré le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et son ministre de la Défense au Palais présidentiel. Le chef d’état-major de l’armée mauritanienne, le général Mohamed Ould Ghazaouni, et l’ambassadrice des Etats-Unis à Nouakchott Jo Ellen Powell assistaient également à cette réunion.
Les résultats de cette rencontre de plusieurs heures avec le chef de l’Etat mauritanien et des responsables de la sécurité n’ont pas été officiellement annoncés.
Mais Mohamed Salem al-Sheikh, spécialiste du Sahel et de la situation sécuritaire dans la région, a expliqué à Magharebia : « Les intérêts américains, qui recoupent ceux de la Mauritanie en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, sont également des priorités qui font de la coordination et des consultations entre les responsables militaires et de la sécurité dans les deux pays une question permanente. »