Des imams et cheikhs autoproclamés, faisant ouvertement l’apologie du terrorisme, sont régulièrement invités sur des chaînes de télévision algériennes ! Pour le gouvernement, les médias ne doivent plus donner la parole aux extrémistes qui prêchent la haine et divisent le peuple. D’autant que de l’aveu même du ministre des Affaires religieuses, personne ne semble savoir d’où ils viennent, ni qui les a formés ni même qui les rémunère !!
Cette démarche concerne notamment des propos tenus par des «imams et cheikhs autoproclamés». «Je confirme avoir saisi le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel concernant les programmes diffusés et les discours développés, sur des chaînes de télévision privées algériennes par des imams et cheikhs autoproclamés qui sont détachés de la réalité des Algériens», a indiqué, hier, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, qui était l’invité du forum du journal Liberté. Le ministre a précisé avoir proposé au président de l’Autorité, Miloud Chorfi, à ce que «le collectif de cette Autorité soit renforcé par des cadres du ministère des Affaires religieuses, notamment des inspecteurs centraux et des imams», lesquels sont en mesure, a-t-il expliqué, de «détecter et d’analyser» le contenu des programmes TV et de «proposer d’autres personnalités plus imprégnées du référent religieux national».
La semaine dernière, sur les ondes de la radio d’Echorrouk, Abdelfetah Hamadache a publiquement apporté son soutien à Daesh. Le leader salafiste est régulièrement l’invité de chaînes de télévision privées sur lesquelles il s’exprime sur plusieurs sujets de société, politiques, religieux… Mais ces derniers mois, il a multiplié les provocations. A une question sur ces propos, M. Aïssa a considéré que «le danger vient de ces cheikhs et imams autoproclamés». «Nous ne connaissons pas leur affiliation et nous ignorons qui les rémunèrent et qui les a formés. Leurs prêches, orientations et fetwas sont globalement irrationnels et relèvent du virtuel car ils se réfèrent à l’internet et aux réseaux sociaux, lesquels sont piégés», a encore déploré M. Aïssa, faisant observer que les «réseaux sociaux sont le fief du -daeshisme- et de cheikhs marginalisés dans leur pays d’origine». Par ailleurs, M. Aïssa a révélé que 55 mosquées sont gérées à Alger par des «imams bénévoles qui ne sont pas des radicaux, mais des salafistes». Il a précisé que ces imams avaient été autorisés à exercer par le conseil scientifique du ministère des Affaires religieuses, bien avant sa nomination au poste de ministre, relevant toutefois que ces imams, dont les autorisations d’exercer expireront bientôt, sont «contrôlés». «Ce sont les mosquées les plus contrôlées à Alger par des inspecteurs émanant du ministère des Affaires religieuses et des services de sécurité que nous avons interpellés», a ajouté M. Aïssa, précisant que ces imams bénévoles seront remplacés par des imams formés à l’université. Enchaînant sur la formation des imams, M. Aïssa a fait savoir qu’elle sera «revue de fond en comble» en exigeant des futurs imams, une formation en langues étrangères et en jurisprudence notamment.
R. N. / APS
