Alors que L’opinion publique algérienne pense qu’avec la non-convocation de Karim Ziani et la sanction de deux matchs ferme pour «absence non justifiée» infligée à Ryad Boudebouz, le «head coach» de l’EN avait frappé très fort d’entrée
Que non ! Compétition a enquêté dans le passé de Vahid Halilhodzic, notamment sur le plan disciplinaire. Il semble que nos Verts, habitués aux stages «camp de vacances», devront désormais s’habituer à des stages «commando» rythmés par une discipline de fer et une surveillance de tous les instants où le moindre relâchement est synonyme d’exclusion pure et simple de l’équipe
La discipline, l’objectif numéro 1 assigné
par la FAF
Les conclusions de la FAF étaient sans appel : les mauvais résultats de l’équipe nationale étaient dus à un certain «laxisme». Raouraoua, pour redresser la barre, n’a pas eu d’autre choix, après le fiasco du «général Benchikha», que de nommer un entraîneur à poigne, en la personne de Vahid Halilhodzic. D’après notre enquête, l’affaire Boudebouz n’est pas la fin, mais le début du système Vahid. Si les joueurs ne s’adaptent pas rapidement, ils risquent sérieusement d’y laisser leur place.
Les 10 règles d’or de Vahid Halilhodzic, preuves à l’appui
Après avoir épluché les très nombreux dossiers disciplinaires qui sont passés entre les mains des conseils de discipline des clubs que Vahid Halilhodzic a entraînés, et à son initiative, 10 motifs principaux se dégagent. Nous avons décidé de vous les développer sous forme de 10 règles d’or, étayées par des exemples précis qui argumentent ce que nous avançons. Ces 10 règles devraient être distribuées à chaque joueur de l’EN commune sorte de «code Vahid» pour les aider à anticiper sur les différents problèmes qu’ils risqueraient d’avoir.
1 Le non-respect de la parole donnée
A chaque fois que Vahid Halilhodzic a pris un club ou une sélection, il a toujours procédé de la même manière. Dès son arrivée, il réunit les joueurs et leur demande dans un premier temps de dire tout ce qui ne va pas. Après cette première phase de prise de connaissance des problèmes vient la deuxième phase, celle où il leur demande de réfléchir sur la meilleure façon de régler collectivement et rapidement ces problèmes, en s’y mettant tous ensemble. Après avoir travaillé collectivement, il rédige une sorte de règlement intérieur, inspiré des deux réunions précédentes, qui aura pour but de régler les problèmes, en faisant participer tout le monde au chantier, joueurs, staff et lui-même.
Une fois le règlement mis en place, Vahid Halilhodzic ne tolère plus aucune entorse à celui-ci et devient impitoyable, même si le contrevenant se nomme Leo Messi. Au PSG, il a souvent écarté des joueurs, comme Jérôme Rothen par exemple, pour «non-respect de la parole donnée». Lorsqu’à l’époque, en 2003, un journaliste lui demanda pourquoi avoir relégué un joueur en équipe réserve, a priori sans raison aucune, Vahid lui répondit : «Il ne faut pas essayer de me tromper, de me mentir. Depuis que je suis au PSG, j’ai discuté avec chaque joueur. Je note la date de la discussion, le contenu, les promesses du joueur… Et le jour où il ne les tiendra pas, je lui rappellerai : ‘‘Tu n’as pas tenu tes promesses. Le PSG te paie bien, il demande du respect.’’
2 Les absences injustifiées
Grâce à l’affaire Ryad Boudebouz, suspendu deux matchs ferme pour ne pas avoir fait examiner sa blessure par le médecin de l’équipe nationale, cette règle numéro 2 de Vahid Halilhodzic est la seule règle vraiment assimilée, non seulement par les joueurs, mais de par le bruit que cela a fait, de l’Algérie toute entière.
3 Les retards
C’est la règle à laquelle Vahid Halilhodzic est le plus attaché. Pour le Bosniaque, les retards gangrènent le football professionnel mondial. Les joueurs passent des nuits à Londres, Paris ou Berlin et prennent des avions le matin même d’un entraînement pour essayer de profiter au maximum et arrivent en retard au camp d’entraînement avec leur valisette roulante comme si de rien n’était. Avec deux ou trois joueurs en retard à chaque entraînement, il est quasiment impossible de mettre en place des oppositions ou des exercices et des ateliers adaptés spécifiquement à chaque joueur, puisque vous ne savez même pas s’il sera là ou non. C’est pour cela que Vahid Halilhodzic a été impitoyable avec les retards dans tous les clubs où il est passé. Certains, comme l’ancien joueur du Paris Saint-Germain, le Portugais Hugo Leal, qui était annoncé à l’époque comme un grand espoir du club parisien, était arrivé en retard à un entraînement de Coach Vahid, avec une nonchalance déconcertante. Et bien, cela lui a coûté sa place en équipe réserve. Le joueur a végété en réserve jusqu’à son départ du club. Vous vous rendez compte comment un petit retard peut avoir des conséquences énormes sur la carrière d’un footballeur.
4 La rébellion du groupe et les meneurs
Voilà une règle très importante, car notre équipe nationale a connu plusieurs fois dans son histoire des rebellions de joueurs à propos notamment du montant des primes et autres compensations financières. Souvent dans ce genre d’affaires, le groupe désigne une sorte de délégué qui est, en fait, «le meneur» de la révolte, qui va être chargé d’aller voir l’entraîneur pour lui faire part des doléances du groupe et lui demander d’aller négocier cela avec le président. Nous avons connu cela notamment en 2007, où à la veille du match Algérie-Guinée, les Fennecs avaient mandaté Cavalli pour négocier avec le président, Hamid Haddadj, qui était absent, en menaçant de ne pas jouer le match. Les choses avaient été réglées grâce à des négociations qui s’étaient achevées très tard dans la nuit et les Verts avaient affronté le lendemain la Guinée en ayant perdu la veille beaucoup d’influx nerveux et avec le résultat que l’on sait.
Avec Vahid Halilhodzic, lors de son arrivée au PSG, le même cas de figure s’est produit, mais cela s’est réglé de manière plus expéditive, sans négociations, sans procès, sans céder un pouce de terrain et sans excuse aucune. Les joueurs du PSG, qui étaient décidés à en découdre pour augmenter leurs primes de matchs, avaient mandaté l’attaquant français à la mode de l’époque, Fabrice Fiorese, pour aller voir Coach Vahid et lui exposer les revendications pour qu’il remonte l’information jusqu’au président de l’époque, Francis Graille. Vahid Halilhodzic a attendu que Fiorese termine de lui exposer les revendications des joueurs et il lui a répondu tout simplement : «non» pour tout. Il a placardisé le «meneur» Fiorese en réserve, pourtant attaquant vedette de l’époque, ce qui a poussé le reste des joueurs à rentrer dans les rangs. Il faut souligner que Fiorese ne s’est jamais remis de cette mise à l’écart et sa carrière est descendue en chute libre jusqu’à un arrêt total. Interrogé par un journaliste sur le pourquoi de cette intransigeance, Vahid Halilhodzic a répondu : «Je suis toujours très reconnaissant et respectueux vis-à-vis du maillot qui me paye mon bifteck.»
5 La contestation d’un joueur
Coach Vahid n’a cessé de le marteler, et dès son arrivée, partout où il est passé. Il est le seul maître à bord. Le boss, c’est lui, et il ne partage pas son rôle à la tête de la barre technique avec quiconque. Le Bosniaque ne tolère aucune désobéissance ou contestation quelle qu’elle soit, même si elle émane d’un président. Alors, lorsqu’il s’agit d’un joueur, n’en parlons pas.
L’international argentin Gabriel Heinze, pourtant titulaire indiscutable, l’a appris à ses dépens. Un jour, à l’entraînement, Vahid Halilhodzic lui avait demandé d’évoluer au poste d’arrière droit pour voir ce que cela pouvait donner. L’Argentin lui a dit qu’il était un pur défenseur central et que cela ne l’intéressait pas d’évoluer à droite. Cette contestation lui a coûté trois semaines d’équipe réserve, une équipe réserve qu’il n’a jamais connue par la suite ni à Manchester United, ni au Real Madrid, ni à Marseille et ni à l’AS Roma où il évolue aujourd’hui.
6 Un joueur qui demande à sortir
Avec Halilhodzic, un joueur sur le terrain, lors d’un match, doit appliquer le schéma tactique travaillé toute la semaine à l’entraînement pour essayer de gagner et ne s’occuper de rien d’autre. Il ne doit pas du tout s’adresser au coach ou donner son avis, sauf si le Bosniaque le sollicite au préalable.
Un jour, lors d’un match de coupe, un match à grosse débauche d’énergie, le défenseur Bernard Mendy a demandé à Halilhodzic de le sortir, car il était tenaillé par les crampes. Son entraîneur d’alors lui a dit : «Bois de l’eau et joue !» Le défenseur s’est emporté et a dit à Coach Vahid que s’il se blessait, ça serait de sa faute ! Vahid Halilhodzic n’a pas répliqué sur le coup, mais à la fin du match, après la douche, il demanda à Bernard Mendy de se mettre juste en short et de se plonger tout entier dans un récipient à taille humaine rempli de glaçon et qui avoisinait les 0 degrés. Lorsque le joueur, frigorifié, lui demanda pourquoi il lui faisait subir cela, Vahid lui dit : «Je ne veux pas courir le risque que tu te blesses, ce procédé américain à base de glaçons guérit toutes les micro-blessures.»
7 La gestion des blessures
Cette règle numéro 7 explique aussi pourquoi Vahid Halilhodzic a été aussi jusqu’au bout de son litige qui l’a opposé à Ryad Boudebouz. Vahid Halilhodzic considère que les problèmes de blessures de ses joueurs doivent ne relever que de lui et du médecin du club et que tout autre diagnostic, d’où qu’il vienne, ne doit pas être pris en compte. Jérôme Rothen, encore lui, l’a appris à ses dépens. Alors qu’il souffrait du genou, le médecin du PSG et donc Vahid Halilhodzic lui ont demandé de reprendre l’entraînement.
Comme il ne voulait prendre aucun risque, il est allé consulter le professeur Saillant, le professeur numéro 1 dans le domaine du genou dans le monde, qui avait notamment opéré Ronaldo, qui lui a conseillé de se faire réopérer, car le vis du genou était de travers et cela pouvait lui occasionner des douleurs atroces. Rothen décida de se faire opérer à nouveau et lorsqu’il en informa Coach Vahid, il explique dans son livre comment Halilhodzic piqua une grosse colère et lui a dit qu’après son opération, tant qu’il serait entraîneur, il n’évoluera plus jamais en équipe première.
8 Le non-respect des séances vidéo
On l’a vu à Marcoussis et dans le deuxième stage précédant Tanzanie-Algérie. Les séances vidéo sont très importantes pour Coach Vahid. Il aime décortiquer le jeu et surtout les erreurs de son équipe, mais aussi de ses adversaires, sans concession aucune. Le problème de ses séances vidéo, c’est qu’elles ont souvent lieu après la sieste, et certains footballeurs, c’est bien connu, ont du mal à se réveiller après une bonne sieste. C’est ce qui est arrivé aux deux gardiens du Paris Saint-Germain, Lionel Letizi et Jérôme Alonzo, qui ont manqué les cinq premières minutes d’une séance vidéo, à Moscou, à la veille d’un match de coupe d’Europe face au CSKA local, pour cause de panne d’oreiller. Non seulement Vahid Halilhodzic n’a pas accepté leurs excuses, mais il les a copieusement grondés avant de les renvoyer de la séance. Nos joueurs ont intérêt à acheter deux réveils-matin.
9 Le non-respect des plans de vol
Nos joueurs, qui avaient l’habitude de faire un «crochet» par leurs familles, ou pour aller voir leurs amis, ou faire du shopping avant d’arriver en retard au stage des Verts en prétextant le plan de vol, devront trouver autre chose, car Coach Vahid analyse tous les plans de vols de chaque joueur et vérifie grâce à Internet si les avions ont décollé à l’heure ou pas. Fini les dîners d’affaires avec les agents à Paris, avant de rejoindre l’EN à Alger. L’Ivoirien Romaric, qui a voulu faire le malin en justifiant avoir raté son avion, parce qu’il ne s’est pas réveillé, l’a payé cash. 6 mois de suspension en équipe nationale.
10 Pas de PlayStation ou de jeux vidéo après 21h
Alors que chez tous les jeunes d’aujourd’hui, pas seulement les footballeurs, qui ont beaucoup de temps à tuer dans les chambres d’hôtel, les autocars et les avions, la console de jeux est devenue légion. C’est plus qu’un phénomène de société, c’est devenu aujourd’hui un outil indispensable de la panoplie du jeune, et même les quadragénaires s’y mettent, initiés pour cela par leurs enfants. Aujourd’hui, la console de jeux est acceptée par tout le monde, sauf Vahid Halilhodzic, qui fait la guerre à cette machine infernale qu’il interdit au moment de l’extinction des feux aux alentours de 21h. Et attention, si certains joueurs avaient dans l’idée de faire les malins, en attendant que tout le monde s’endorme pour se faire une partie, Vahid Halilhodzic fait des rondes de nuit lors des stages et des mises au vert, inspecte les chambres à l’improviste et peut même faire des perquisitions.
Deux joueurs du Stade Rennais l’ont appris à leurs dépens. Ils ont voulu faire les malins en rallumant la console et ont été surpris en flagrant délit les manettes de jeu à la main, à minuit, par une inspection surprise de Coach Vahid. La sanction a été immédiate. Ils n’ont pas joué le match le lendemain et ont été bons pour 3 semaines en équipe réserve, alors qu’ils composaient la charnière centrale titulaire de Rennes en cette saison 2002/2003. Vahid a même confirmé les faits au cours d’une interview accordée en 2003 en disant :
«A la veille d’un match à Strasbourg. Le club est en situation délicate, il se bat pour survivre, et tu trouves à minuit et demie des joueurs qui jouent à la PlayStation dans leur chambre ! D’abord, c’est trop tard, ensuite, ça crée de la fatigue, ça joue sur l’influx nerveux et la concentration. C’est une trahison du groupe. Je les ai renvoyés chez eux, alors qu’ils étaient les deux meilleurs joueurs défensifs. On a gagné quand même.» Personne n’est en mesure, au jour d’aujourd’hui, de dire si l’équipe nationale va battre la Centrafrique, se qualifier pour la CAN-2013 ou encore atteindre le graal de la Coupe du monde 2014. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’avec Vahid Halilhodzic, nos joueurs ne vont pas rigoler tous les jours.
M. B.