Diplômes sans issue et perspectives obstruées pour des milliers d’universitaires algériens : péril jeune !

Diplômes sans issue et perspectives obstruées pour des milliers d’universitaires algériens : péril jeune !

Il ne fait pas bon être jeune en Algérie. Ni universitaire, non plus. Parce que le chômage les touche en premier lieu de plein fouet. Le geste désespéré des jeunes de Laghouat brûlant leurs diplômes sur la place publique a fait le tour du monde grâce à Youtube. C’est un geste collectif unique dans les annales.

LLes jeunes du Sud sont d’autant plus désespérés qu’ils habitent en périphérie des complexes de Sonatrach, une des plus riches sociétés du monde qui peut non seulement résorber le chômage inquiétant dans le Sud mais aussi faire de villes comme Laghouat, des villes prospères et stables.
Selon l’Office national des statistiques, le taux de chômage en Algérie a atteint en 2011 10% de la population active, touchant 1 063 000 personnes. Il est passé de 30% en 2001, 15,3% en 2005, 12,3% en 2006 et 10,2% en 2009. Toutefois, ces chiffres ne doivent pas cacher l’essentiel : le chômage touche d’abord les universitaires, plus particulièrement les diplômés, avec 16,1% de sans travail. Les statistiques 2011 montrent que le chômage touche essentiellement les jeunes (16-24 ans) avec 22,4%, 19,1% d’hommes et 38,1% de femmes, alors que pour les adultes (25 ans et plus), il s’établit à 7,2%.
Bien qu’ambitieux et avides de savoir, de nos jours, les jeunes diplômés, et pas uniquement à Laghouat, se retrouvent sans travail. Certains, trouvant ce choix judicieux, ont préféré recourir à l’Agence nationale de l’emploi, laquelle, depuis quelques années, offre son aide aux jeunes chômeurs. Mais la situation est loin d’être définitivement réglée. Les incessantes visites «pour des prunes» à l’Anem finissent par désespérer les jeunes.
Du coup, les jeunes se révoltent et les mouvements de grève s’enchaînent dans le milieu estudiantin et ailleurs, avant de déborder sur la ville. Le dernier «coup de tête», une forme particulière de rébellion, date d’il y a trois jours seulement. De jeunes diplômés de Laghouat ont brûlé leurs diplômes, au vu et au su de tous, devant le siège de l’Anem du chef-lieu de  wilaya. Cette action a attiré l’attention de nombre de médias, mais n’a fait réagir aucune autorité, ni locale, ni nationale.
Ces universitaires dénoncent une atteinte à leur droit au travail. Ils tentent de se mobiliser autour de l’objectif fondamental de leur mobilisation, «la lutte contre un chômage imposé». Le motif de cet acte, disent-ils, n’est en aucun cas politique, mais d’exhorter les autorités à ne plus les mépriser et à compter désormais avec eux dans la société.
Hiba Benfarès