Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a déclaré samedi qu’il espérait accélérer l’organisation d’un deuxième sommet entre Kim Jong Un et Donald Trump au début de sa visite en Asie, qui sera marquée par une rencontre avec le leader nord-coréen.
M. Pompeo est arrivé à Tokyo, première étape d’une tournée qui le conduira à Pyongyang pour la quatrième fois alors qu’un possible accord historique entre les Etats-Unis et la Corée du Nord prend forme. Etats-Unis et Japon ont une «vision totalement coordonnée et unie sur la façon de procéder, ce qui sera nécessaire si nous voulons réussir à dénucléariser la Corée du Nord», a-t-il déclaré lors d’un entretien avec le Premier ministre Shinzo Abe.
Le Japon est historiquement partisan d’une ligne dure sur la Corée du Nord et insiste pour maintenir la pression sur le régime nord-coréen, qui a tiré à plusieurs reprises des missiles au-dessus du territoire japonais et menacé de l’anéantir. Pour le chef de la diplomatie américaine, il est important que Washington et Tokyo soient «totalement synchros» avant sa rencontre avec Kim Jong Un.
Shinzo Abe a de son côté appelé à une «coordination» entre les deux alliés. Mike Pompeo a également indiqué qu’il évoquerait à Pyongyang la question des enlèvements de citoyens japonais par des agents nord-coréens il y a plusieurs décennies, qui reste très sensible au Japon.
Attentes minimisées
En parlant aux journalistes dans son avion en route vers Tokyo depuis les Etats-Unis, M. Pompeo avait expliqué que son objectif était de «développer suffisamment de confiance» avec la Corée du Nord pour avancer vers la paix. «Et nous allons aussi organiser le prochain sommet», a-t-il affirmé.
Le premier sommet a eu lieu en juin à Singapour. Toutefois, M. Pompeo a relativisé l’éventualité d’une percée majeure: «Je doute que nous allons tout régler mais commençons à développer des options pour (établir) l’endroit et la date d’une nouvelle rencontre entre le président Kim et le président (Donald Trump)». «Peut-être irons-nous plus loin que cela», a-t-il ajouté.
Les formulations diplomatiques du secrétaire d’Etat sont aussi prudentes que sont enthousiastes celles de son président, «tombé amoureux» de l’homme fort de Pyongyang après avoir annoncé un peu vite la fin de la menace atomique nord-coréenne. Mais pour Mike Pompeo, l’enjeu est de taille: début juillet, son précédent voyage avait été un échec, et un autre déplacement avait dû être annulé fin août face à l’impasse dans les négociations. Depuis, Kim Jong Un a promis le démantèlement d’un site balistique en présence d’inspecteurs étrangers, et, surtout, la fermeture de son complexe nucléaire de Yongbyon, à condition toutefois que Washington prenne des «mesures correspondantes».
Vers un accord détaillé
Ces premiers gestes concrets –ainsi que des lettres jugées «magnifiques» et «extraordinaires» par le président Trump– ont permis de renouer le dialogue. Il reste à savoir si ce sera suffisant pour transformer les engagements vagues du dirigeant nord-coréen en un accord détaillé sur la «dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée» que Washington appelle de ses voeux. Mike Pompeo refuse de commenter les différentes options sur la table et assure que les discussions avancent en coulisses. Mais les grands traits d’un échange donnant-donnant commencent à se dessiner.
La Corée du Sud, en première ligne depuis le début du réchauffement spectaculaire qui a permis de tourner la page d’une année 2017 rythmée par les échanges d’invectives et les menaces atomiques, a publiquement présenté sa proposition. Pour Séoul, les Américains doivent accéder à une revendication clé des Nord-Coréens en contrepartie du démantèlement des installations nucléaires à Yongbyon, pièces centrales de son programme nucléaire: une déclaration mettant formellement fin à la guerre de Corée, qui ne s’est achevée en 1953 que par un simple armistice. Après Tokyo et Pyongyang, M. Pompeo se rendra en Corée du Sud, dont le président Moon Jae-in a servi d’émissaire entre les deux parties.