A l’occasion de la tenue du sommet ministériel des Non-alignés à Alger, certains observateurs étrangers ne manquent pas de souligner que notre pays fait face à de nombreux défis sécuritaires, politiques, économiques et diplomatiques, et qu’il lutte avec clairvoyance contre les risques du chaos et l’insécurité. Pour ces analystes, notre diplomatie s’est reprise depuis quelques temps, devenant assez offensive sur tous les plans.
Un «réveil» de la diplomatie algérienne devenu presque une nécessité, en raison de l’ampleur des risques majeurs qui nous guettent, des tensions grandissantes qui menacent les stabilités politiques et sociales.
Face à la crise malienne et ses retombées, face aux dérapages armés qui secouent le voisin libyen, face aux soubresauts du terrorisme qui s’étale des monts Chaambi algéro-tunisiens jusqu’aux déserts perdus du Sahel ou des savanes nigérianes où sévit la secte Boko-Harem, la guerre contre les connexions avérées des multinationales de la mort (les groupes terroristes) avec les réseaux internationaux de la drogue et de la grande criminalité est devenue une responsabilité morale pour notre pays.
Il est vrai que l’essor de ce terrorisme est favorisé par l’extrême dénuement de ces pays, la faiblesse des institutions de leur Etat et surtout le manque de coopération régionale et de solidarité entre voisins.
C’est cette responsabilité, qu’il faudra rendre collective, qui a poussé notre diplomatie à revoir ses copies et à intégrer désormais ces phénomènes transfrontaliers comme des dossiers prioritaires.
Désormais, notre diplomatie régionale accompagne ainsi l’effort de notre ANP, qui s’évertue à sécuriser plusieurs milliers de kilomètres de nos frontières désertiques et à combattre les hordes terroristes. Et c’est justement sur ces trois concepts que misent nos diplomates : aider et venir au secours des populations qui vivent près de nos frontières, tout en proposant des plans de développement intégrés, accompagner les gouvernements voisins fragilisés par les tensions à reconstruire leur Etat, leurs institutions et former leurs services de sécurité, et enfin développer la solidarité régionale effective entre voisins pour éviter tout écroulement d’un Etat.
Impossible de dire que des résultats concrets ont été obtenus depuis, mais aux dires de quelques analystes étrangers, l’effort algérien dans le dossier malien est majeur, d’autant que la médiation pourrait bien aboutir dès le mois prochain ici à Alger, en dépit des parasitages marocains.
C’est cet effort conséquent qui poussa encore les pays frontaliers de la Libye sur proposition algérienne à créer une «cellule» informelle de concertation pour plus de convergence et surtout de rationalisation des énergies dans la lutte contre les instabilités et les sources de conflits. Sans jamais quitter le devant de la scène internationale, en dépit des pires moments de la décennie noire et des fortes pressions occidentales de l’époque, notre diplomatie est restée fidèle à ses idéaux forgés durant la guerre de libération : les valeurs de la paix, du progrès et de la liberté des peuples et de la coexistence des nations dans un monde juste et de droit.
C’est cette doctrine qui marqua durablement nos générations de diplomates depuis Bandoeng jusqu’au sommet des Non-alignés qui se tient actuellement. Et c’est encore son œuvre discrète et concrète qui a rendu notre diplomatie plus ciblée que jamais par les organisations terroristes, aussi bien au Mali avec le kidnapping de nos diplomates, qu’en Libye avec l’attentat déjoué contre notre ambassadeur. C’est aussi cette œuvre qui dérange souvent des Etats, comme l’a fait le Maroc en téléguidant l’attaque contre notre consulat.