Le dinar, une gêne « fonctionnelle » des importations

Le dinar, une gêne « fonctionnelle » des importations

Écrit par Farid Messaoud

Tel qu’il évolue actuellement, le dinar ne sert pas la politique des importations voulue par les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années.

La Banque d’Algérie ne donne pas en fait au dinar sa vraie valeur, elle le soutient artificiellement. D’où le décalage marqué entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle. Et cela fait que l’État est en train de « subventionner indirectement les importations ». Tel est le propos de Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce qui s’exprimait, hier, sur les ondes de la radio nationale.

Le ministre a ajouté que « le dinar est probablement surcoté sur la place officielle et son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle et qu’il faudrait que l’institution d’émission (la banque centrale) qui gère la parité du dinar travaille davantage à ce que les deux taux se rapprochent ». Cela suggère que dans la nouvelle orientation prise dans le recadrage du commerce extérieur, il y a encore des zones grises.

Et, qu’est-ce que cela veut bien dire pour la Banque d’Algérie, maintenant qu’un membre du gouvernement a mis le doigt sur une aberration monétaire ? L’autorité monétaire va-t-elle dévaluer le dinar pour agir sur les importations ? Peu probable ! Nour Meddahi de la Toulouse School of economics, dans une longue contribution à nos confrères de TSA, explique que la Banque d’Algérie aurait dû continuer à dévaluer le dinar. Il ajoute encore que même si la dévaluation du dinar aura certainement pour effet d’augmenter les prix, il s’agit d’une mesure nécessaire pour préserver l’économie du pays. Cet économique se place en fait sur le terrain économique, un domaine qui n’est pourtant pas si mystérieux pour la banque des banques. Mais, il y a un écart entre ce qui devrait être fait, ce qui est souhaité, et ce qui peut être fait dès maintenant par l’institution monétaire. Et, tout porte à croire que le statu quo prévaudrait.

Abderrahmanre Raouya, ministre des Finances, a précisé dans des déclarations récentes que le cours du dinar resterait à un niveau d’au moins de 115 dinars pour un dollar jusqu’en 2020. La loi de finances 2018 prévoit même un dollar à 115 DA en nominal pendant trois ans. Actuellement, la monnaie nationale évolue dans ces eaux-là.

Ainsi, pour la semaine allant du 28 janvier au 3 février 2018, la valeur de l`euro est de 139,27 DA à l’achat et de 147,79 DA à la vente, selon des données fournies par la Banque d’Algérie dont l’un des rôles clés est d’échanger les devises contre les dinars pour les opérations d’importation et d’exportation.

Plus le dinar se déprécie, plus importante sera la contrepartie en dinars. A priori, l’autorité monétaire aura tout à y gagner, surtout que les réserves de change actuelles ont été achetées par la Banque d’Algérie auprès de la Sonatrach et des autres exportateurs au moment des excédents du compte courant de la balance des paiements entre 2000 et 2014. Sur cette période, un dollar américain valait en moyenne 75 DA. Mais pour elle la prudence recommande de rester aussi loin que possible d’une dévaluation… officielle.