Les policiers de la wilaya de Boumerdès font face à une contestation populaire récurrente et constatent l’absence sur le terrain d’un encadrement de la contestation par la représentation populaire efficiente.
C’est sûrement dû à la rupture élus/électeurs. «Nous sommes en situation intenable», déplorent ces policiers.
La préservation de l’ordre public suite aux émeutes et manifestations quasi quotidiennes dans la région de Boumerdès s’accomplit au détriment de la lutte contre la délinquance et la criminalité en milieu urbain dans cette wilaya. C’est ce qui ressort, pour un observateur qui suit les activités sécuritaires, du bilan des structures de la police judiciaire et de la sécurité publique durant le premier semestre 2011. Depuis le milieu de l’année 2010, les policiers de la wilaya de l’ex-Rocher-Noir ont fort à faire en matière de maintien de l’ordre.
Le pic de ces émeutes a été atteint au début de l’année. Début juillet, plusieurs villes ont vécu en même temps des remous suite à l’affichage des listes d’attribution de logements sociaux. Pressés par nous au sujet de la diminution des résultats en matière de lutte contre le fléau de trafic de drogue, par rapport aux autres années, les officiers qui ont animé le point de presse au sujet de ce bilan, imputent ce résultat quelque peu négatif à deux paramètres : la vigilance des citoyens a baissé alors que la mobilisation des effectifs est presque quotidienne pour contenir la fronde populaire. «Nous nous retrouvons à chaque fois dans des situations paradoxales. Les citoyens protestataires viennent vers nous pour exiger leurs droits. Souvent ils sollicitent notre médiation. Ainsi nous devenons malgré nous des négociateurs sur des problèmes qui ne sont pas de notre ressort.» Effectivement, ces situations paradoxales, nous les avons constatées à plusieurs reprises lors des protestations populaires.
Ce que ne dit pas par ailleurs publiquement cet officier est plus grave : les policiers déplorent l’absence des élus locaux sur le terrain. Pis, les représentants populaires perdent de jour en jour la confiance et l’estime de leurs électeurs. Les maires qui osent affronter leurs administrés en colère se comptent sur les doigts d’une main. C’est malheureusement une réalité. Cette position d’unique interlocuteur, forcé plutôt que privilégié, vis-à-vis des manifestants, peut, craignent les policiers, déboucher sur une situation conflictuelle avec la population et mettre à mal leur rôle de police de proximité.
Trop de vols
En dépit du handicap décrit plus haut, les policiers de Boumerdès ont enregistré des résultats notamment pour contenir le phénomène des vols. Ainsi 430 (505 en 2010) dossiers relatifs aux vols (vols avec violence, vols avec effraction, vols de véhicules,…) ont été enregistrés au premier trimestre 2011. Les policiers ont arrêté 106 personnes alors qu’en 2010 ils ont mis hors d’état de nuire 91 individus accusés de cambriolage. C’est la ville de Bordj-Menaïel qui pose plus de problèmes de criminalité aux policiers. Par ailleurs, le chef-lieu de la wilaya connaît ces derniers mois une augmentation des vols d’appartements. «Ce sont des gens extérieurs à la ville qui commettent ces cambriolages.
De plus, le manque de vigilance du voisinage des victimes qui ne signale pas la présence d’individus louches dans et aux alentours des bâtiments facilite la tâche aux criminels», commente le commissaire de la police judiciaire. Son collègue du service de la sécurité publique tente de nous convaincre que la prévention s’est substituée à la répression contre les terroristes de la route, mais il ne peut dissimuler une évidence. Craignant un soulèvement de grande envergure, les hautes autorités de l’Etat ont instruit les services de sécurité du pays de ne pas énerver les citoyens, de laisser faire, même au détriment du respect de la loi. Il n’y a pas pire qu’un Etat laxiste sur la sécurité de ses administrés.
Abachi L.
JUSTICE
Nouveau procureur général Fekaïr
Noureddine est le nouveau procureur général près la cour de Boumerdès. Il a été installé dans ses fonctions hier. Fekaïr venait d’Annaba où il assumait la même fonction. Le nouveau patron du parquet de Boumerdès, qui est âgé de 57 ans, a intégré le secteur de la justice en 1981 pour occuper diverses fonctions dans des juridictions locales avant de se voir confier la gestion du parquet de l’ex-Bône.
Entretemps, M. Fekaïr a interrompu sa carrière judiciaire pour se faire élire durant deux mandats successifs à l’Assemblée nationale. Son prédécesseur Boumediène Bacha quitte l’ex-Roche-Noir pour rejoindre Blida. «La mobilité des magistrats évite les désagréments qu’induit trop de proximité préjudiciable à notre fonction», nous confiait-il, il y a quelques jours. Par cette mutation, son vœu a été ainsi exaucé, M. Bacha, salué avant son départ par un grand nombre de responsables et des magistrats de la région, laisse à son actif une liste de réalisations au niveau de Boumerdès. C’était aussi un bon communicateur et une personnalité accessible.
A. L.