Dialogue interlibyen à Alger, Cap sur la formation d’un gouvernement d’union nationale

Dialogue interlibyen à Alger,  Cap sur la formation d’un gouvernement d’union nationale

Jeudi, au terme du troisième round de négociations à Alger, les participants libyens, représentants de divers courants politiques, ont appelé les parties en conflit “à faire des concessions pour parvenir à un accord politique global équilibré et consensuel et à former rapidement un gouvernement d’union nationale”.

Pour cette troisième étape des discussions interlibyennes dont les travaux à huis clos se sont achevés jeudi à Alger, un consensus semble s’être dégagé, laissant entrevoir un espoir de règlement de la crise. En effet, dans la déclaration adoptée, les participants ont été unanimes à souligner l’importance du gouvernement d’union nationale qui “doit prendre ses fonctions rapidement pour pouvoir s’attaquer aux nombreux défis auxquels fait face la Libye dans les domaines sécuritaire, économique et politique”. Dans le document, ils estiment “urgent de former un gouvernement libyen d’union nationale, doté de larges prérogatives, pour rétablir la paix et lutter contre les groupes terroristes”. Les signataires du document d’Alger plaident également pour des “négociations directes” entre les parties impliquées dans le dialogue politique libyen.

Accord sur l’urgence d’agir rapidement

Pour l’activiste politique libyenne, Turkiya Abdelhafid Al-Waer, cette réunion du dialogue interlibyen a enregistré un “consensus” autour de la nécessité de faire des “concessions” pour parvenir à une solution politique à la crise multidimensionnelle en Libye. “Nous avons constaté un consensus autour de l’idée que toutes les parties en conflit doivent faire des concessions pour parvenir rapidement à une solution politique à la crise en Libye”, a-t-elle indiqué, selon des propos repris par l’APS. Selon elle, l’ensemble des participants à la réunion a relevé l’urgence de la mise en place d’un gouvernement libyen d’union nationale à même de rétablir l’ordre et la paix dans le pays et de lutter contre le terrorisme. Dans le même ordre d’idées, tous les participants libyens à ce rendez-vous d’Alger ont souligné l’urgence de parvenir à un accord en vue de former un gouvernement d’union nationale à même de faire face à la menace terroriste de plus en plus inquiétante. “Les concessions des différentes parties libyennes devraient être à la hauteur de la menace terroriste grandissante”, a, pour sa part, estimé le conseiller du chef du Parlement de Tobrouk, Abdallah Ataman. Même son de cloche chez l’ancien ministre de la Planification du gouvernement de transition, Aïssa Touidjer. Il a indiqué que “la lutte contre les groupes terroristes, qui occupent de vastes territoires dans le centre du pays, a été l’un des principaux points abordés lors de cette réunion”. “Les outputs de la réunion étaient un soutien fort afin de faire face à la situation sécuritaire chaotique”, a-t-il dit.

Optimisme et satisfaction  

Ces résultats jugés positifs ont fait dire à l’émissaire des Nations unies, l’Italien Bernardino León, lors de la conférence de presse à l’issue de la réunion, qu’il était “encore possible de sauver la Libye”. “Nous attendons un accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale pour proposer des noms de personnalités libyennes qui en feront partie”, a-t-il précisé, non sans relever que “les acteurs politiques libyens, qui ont participé à ce troisième round de dialogue, représentent 95% de la société libyenne”.

Le diplomate italien a révélé qu’il travaillait sur un quatrième projet d’accord incluant des amendements qui viendraient consacrer “le principe de l’équilibre entre toutes les institutions en Libye et du consensus”, car, jusque-là, les trois premiers projets d’accord qu’il a proposés n’ont pas convaincu les parties au conflit. Même sentiment de satisfaction, doublé d’optimisme, chez le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelkader Messahel, lequel a salué la “forte volonté” des chefs de partis politiques et des activistes libyens ayant participé à cette troisième réunion interlibyenne, pour résoudre rapidement la crise dans leur pays. Pour lui, cette réunion “entrera dans l’histoire de la Libye nouvelle et de celle de toute la région”. Saluant la “conscience éveillée des participants qui placent l’intérêt de la Libye avant toute autre considération”, Abdelkader Messahel a estimé que “leur disposition à faire des concessions, pour un retour immédiat de la paix et de la stabilité en Libye, les honore”. Le diplomate algérien a relevé que ce troisième round a été marqué par “un dialogue sérieux entre les participants dans une conjoncture décisive pour l’avenir de la Libye”. Il a tenu à mettre en relief “la démocratie et les échanges francs entre les participants qui ont saisi cette opportunité pour appeler toutes les forces vives et les énergies libyennes pour trouver une solution politique, loin de toute ingérence étrangère, à la crise en Libye”.

Sur un autre registre, Abdelkader Messahel a fait savoir que les participants ont mis en garde contre les groupes terroristes, qui gagnent du terrain en Libye, et la recrudescence de l’immigration clandestine, encouragée par la situation économique et sécuritaire difficile que vit le pays.

En proie à une guerre civile depuis la chute de Kadhafi, la Libye est actuellement divisée entre deux gouvernements — et Parlements — rivaux : l’un à Tripoli sous la coupe de Fajr Libya, coalition de milices dont certaines sont islamistes, et l’autre à Tobrouk, dans l’est du pays, reconnu par la communauté internationale. Peut-être que ce consensus dégagé à Alger pourrait constituer le premier jalon pour un processus de sortie de crise.

Merzak Tigrine

Reprise du dialogue politique libyen lundi au Maroc

n Le dialogue politique entre les parties en conflit en Libye va reprendre lundi au Maroc, a annoncé, hier, l’ONU au lendemain de la rencontre à Alger entre des responsables libyens qui ont appelé à la formation “rapide” d’un gouvernement d’union nationale. “La rencontre à Skhirat permettra de débattre d’un nouveau projet d’accord élaboré à partir des dernières remarques en date des parties”, a indiqué dans un communiqué, repris par l’AFP, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (Manul), estimant que “ce round sera décisif”. Cette source ne donne cependant pas de date de fin pour cette rencontre à Skhirat, ville balnéaire située entre Rabat et Casablanca.