Lors de l’inauguration officielle du Festival international du film oriental de Genève, lundi, au Palais Eynard, les organisateurs sont revenus sur les motivations et les raisons de cette édition inscrite sous le signe du “dialogue et du vivre-ensemble”.
C’est dans une ambiance conviviale, en présence de plusieurs invités du monde du cinéma et de la culture suisses, qu’a été lancé officiellement le 12e Festival international du film oriental de Genève (Fifog). Organisé au Palais Eynard, un superbe bâtiment construit au XIXe siècle, les représentant du Fifog ainsi que le président d’honneur 2017, Azouz Begag, ont donné le coup d’envoi de cette édition dédiée au “dialogue et au vivre-ensemble”. À cette occasion, les intervenants sont revenus sur les motivations et les raisons d’inscrire le festival sous cette thématique si importante à cause de la situation actuelle dans le monde.
Dans son allocution d’ouverture, Patrice Mugny, président du Fifog, a tenu à rappeler que “l’intérêt de ce genre de festival est le dialogue. L’idée est de débattre avec des valeurs, car on fait face, dans certains cas, à des revendications qui ne sont pas religieuses mais politiques”. Pour cet ancien politicien, cet évènement permet de “donner la parole aux jeunes réalisateurs de mener un débat, et ce, en évitant de tomber dans des compromis. Une société qui débat est une société qui a de l’avenir”, tout en ajoutant : “La difficulté d’aujourd’hui est que les échanges sont évités et court-circuités parce qu’on n’ose pas affirmer le dialogue et les valeurs des autres.”
À ce propos, le successeur de Mosteghanemi (2016), et Adonis (2015), le président d’honneur du Fifog 2017, Azouz Begag (sociologue, écrivain), a indiqué qu’à “travers ce festival, je retrouve l’idée d’un cinéma qui appelle à ouvrir les yeux, de découvrir l’intelligence des réalisateurs, leur finesse et leur courage. Ces personnes osent critiquer ce qui se passe dans leurs pays.” Et de renchérir : “Le cinéma a besoin d’intelligence pour parler au cœur. Les spectateurs comprendront que nous n’avons pas besoin de donner des leçons aux Syriens, Irakiens, Iraniens… parce que les artistes et réalisateurs vont faire leurs propres critiques objectives et constructives, et c’est la magie du cinéma.”
Pour sa part, Sami Kanaan, conseiller administratif en charge du département de la culture et des sports de la ville de Genève, a tenu à préciser que “dans le monde d’aujourd’hui, ce n’est pas évident de dialoguer, car les conditions n’y sont pas réunies. Pour le dialogue, il faut un minimum de confiance et de respect mutuel.” Pour ce politicien, le monde passe par une phase “chaotique”, notamment dans les zones en conflit.
Quant aux médias, ils manipulent l’information qui est “souvent formatée, elle est autoproclamée par des personnes qui ne sont pas souvent objectives. Et nous ne prenons pas le temps d’analyser la situation.” À ce sujet, l’orateur estime que le cinéma peut apporter un nouveau regard, car les réalisateurs proposent “un point de vue différent sur le quotidien des sociétés.
Ils donnent leurs opinions sans faire de description factuelle. Ils réalisent des films sur le vécu des gens au sens large, et cela nous permet de sortir des amalgames véhiculés par les médias.” Tout en concluant : “Le Fifog n’est pas seulement une vitrine de productions cinématographiques de la région concernée, mais c’est aussi l’occasion de voir les représentations de l’autre et de corriger les regards superficiels et les opinions simplistes que nous pouvons avoir via la presse. Cela peut encourager à la compréhension mutuelle et au respect de l’autre.”