Le diabète, un réel problème de santé publique

Le diabète, un réel problème de santé publique

10 millions d’Algériens pourraient être atteints dans quelques années.

«C’est une véritable épidémie» quand on voit le nombre de sujets qui en sont atteints aujourd’hui. Et ce n’est, malheureusement, pas fini si «toute l’importance qu’il mérite» n’est pas accordée à «ce problème majeur de la santé publique» que constitue le diabète.

Une tendance qui n’est pas propre à notre pays, en Chine par exemple, les chiffres sont carrément «terrifiants», a confié sur la Chaîne 3 le professeur Khiati, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé (Forem). En Algérie, la situation n’est donc pas moins préoccupante puisque «nous en sommes à 15% de la population, soit presque le double (8%) de la prévalence admise par l’OMS».

Il faut savoir, en effet, qu’ils sont près de cinq millions d’Algériens à souffrir de diabète, alors qu’ils n’étaient que près d’un million en 1993, deux millions et demi en 2017 et pourraient atteindre les dix millions. «C’est donc un réel problème de santé publique, malheureusement, on ne lui donne pas toute l’importance qu’il mérite», constate le professeur Khiati. Le diabète pose un problème dans le sens où il donne des complications cardiaques, ophtalmologiques et rénales, son coût peut être extrêmement élevé, il pose des problèmes de prise en charge sociétale au niveau de la famille, de la société et des hôpitaux.

C’est, en fait, toute une cascade de problèmes qui est induite par le diabète, a expliqué le professeur Khiati qui préconise qu’«on donne beaucoup d’importance au diabète dans les prochaines années étant donné qu’on est face à un vieillissement de la population et que le mode de consommation est toujours aussi mauvais».

Le problème que pose le diabète en Algérie est lié à la «malbouffe (…) au surpoids (…) les gens ne bougent pas». Des facteurs qu’il faudra combattre en impliquant tout le monde, individus et institutions, parce que seul le ministère de la Santé s’en charge pour le moment. A ce titre, il existe des mesures qui peuvent être prises immédiatement, comme c’est le cas par exemple pour le ministère du Commerce dont on attend encore l’arrêté pour la réduction des sucres dans les boissons. Ceci, parce qu’il faudrait comprendre qu’en ce qui concerne le cas de notre pays, ce n’est pas le vieillissement de la population qui influe directement sur le nombre d’atteints par le diabète, c’est surtout le mode d’alimentation qui est en cause, a précisé le professeur Khiati en soulignant que «nous consommons trop de sucre et d’amidon. L’Algérie est le premier importateur de sucre en Afrique et de blé dur dans le monde».

Pour avoir une idée de ce qu’induit le diabète sur le plan financier, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé n’a pas manqué de rappeler également que le diabète représente 1/6 des 3 milliards de dollars consacrés à l’importation de médicament. Et comme rien n’est fait pour endiguer la maladie, qui risque d’atteindre pas moins de 10 millions de sujets d’ici quelques années, on imagine d’ici l’équation face à laquelle se retrouveront confrontés les Algériens. Il est urgent désormais, alerte Mustapha Khiati, de mettre sur pied une stratégie et un plan national pour la prise en charge du diabète. Une stratégie qui implique la société tout entière, insiste-t-il.

Az. Maktour