Les veillées du ramadhan passent et ne se ressemblent pas. Les visites familiales s’effectuent de moins en moins et les sorties entre amis aussi. Les réseaux sociaux sont devenus l’ami commun de toutes les soirées. Technologie quand tu nous tiens !
On est pas encore à l’ère d’évoquer «les soirée ramadhanesques d’antan» mais tout laisse prédire qu’arrivera peut-être le temps où les soirée virtuelles remplaceront l’ambiance conviviale et réelle de tous les moments que partagent les familles et amis, dehors et loin de chez eux.
On n’est donc pas à cette étape, mais la nostalgie au charme de ces partages est déjà là ! Pour preuve, force est de constater que l’engouement diminue et que les Algériens s’offrent des virées plus ou moins brèves après la rupture du jeûne. Alger est une vitrine qui illustre cette réalité et le calme des soirées au fur et à mesure que les années passent.
Si le déroulement de la Coupe du monde, coïncidant avec le mois sacré, est pour quelque chose du vide dans les rues d’Alger, il n’en demeure pas moins que cette tendance remonte à quelques années déjà. Pour la première quinzaine du mois sacré, le calme est flagrant mais remplacé depuis quelques jours par la sortie des familles pour les achats d’habits aux enfants.

Une ambiance qui s’inscrit sur le registre des préparatifs de l’Aïd et non celui des soirées ramadhanesques. Les Algériens auraient-ils perdu le goût des veillées ? La réponse est «non», mais il s’avère qu’ils préfèrent veiller chez eux et plus exactement avec leurs ordinateurs. Facebook et skype captent de façon importante l’intérêt des jeûneurs. Et ce ne sont pas les chiffres qui diront le contraire.
Dans son communiqué, le site www.socialbakers.com dénombre plus de 4,5 millions d’utilisateurs de Facebook en Algérie. Notre pays est à la 41e place à l’échelle mondiale concernant le nombre d’utilisateurs. Ces derniers représentent 11,09% de l’ensemble de la population algérienne et 81,59% du nombre total des internautes. Facebook est, en fait, le 3e site web le plus visité après Google et Microsoft. 90% des usagers sont âgés de moins de 35 ans.
Les cybercafés affichent complet
L’importante place que prend Internet dans la vie des Algériens se confirme durant le ramadhan notamment et se confirme avec une virée à travers les cybercafés. A Alger, Béjaïa, Oran ou d’autres villes, on nous demande de «patienter. Il n’y a pas de poste libre», répondent pratiquement les propriétaires des cybercafés. Un engouement particulier qui ne s’enregistre pas durant les autres mois de l’année. Il s’agit pour les internautes d’un divertissement économe et à la portée de tous.
«Ça coûte beaucoup moins cher de passer deux heure au cybercafé avec 120 DA que de partir dans un salon, une terrasse ou assister à un concert où il faut débourser au minimum 1 500 DA. La différence est de taille. Il vaut mieux donc surfer et partager des moments virtuels avec nous amis», témoigne Hamid, un étudiant algérois.
Selon d’autres avis, le problème de transport vers les villes où ce concentrent les programmes est aussi derrière cette préférence de rester à côté de chez soi dans le cyber du quartier.
Le cas particulier des femmes
Pour les femmes, les jeunes surtout, se connecter sur facebook est aussi un choix qui s’impose. Pour des considérations socioculturelles, les jeunes filles n’ont pas la liberté de circuler la nuit, du moins pour la quasi-totalité d’entre elles.
Celles qui sortent le font avec modération et prudence, car les Algériens ont encore du mal à voir les femmes se libérer et profiter des soirées du ramadhan. Alors qu’une minorité a arraché sa liberté et sort quand elle veut, beaucoup d’autres font comme elles peuvent … elles se connectent sur facebook ! Pour Naima, 27 ans, il s’agit d’un moyen intelligent et sûr pour papoter avec ses amis et surtout avec son copain.
«Ce qui est bien avec les réseaux sociaux, c’est que je peux parler silencieusement avec mon copain. Je suis issue d’une famille nombreuse et ne trouve pas une pièce dans la maison où je peux m’isoler pour lui parler au téléphone. On parle sur facebook. Ce qui est bien c’est que mes frères ne risquent pas de le savoir, c’est discret comme moyen de communication», explique cette jeune fille.
Y.A.