Les programmes de développement communaux (PCD) n’ont été d’aucune utilité pour les communes réputées pour leurs ex-terres agraires situées à la périphérie d’Alger, si ce n’est d’enlaidir d’anciennes bourgades agropastorales, si prospères, par le béton.
Ce n’est qu’au bout de l’ultime ligne droite avant l’expiration d’une infertile mandature que les choses consentent enfin à bouger du côté de l’indigente Saoula ! Non qu’il faille crier “hourra !” puisqu’il faudrait faire preuve de patience, sinon attendre jusqu’au mois de mars 2017, ou peut-être la rentrée scolaire 2017-2018 pour qu’il y ait assez de places pour accueillir les lycéens de Baba Ali, à la faveur de l’inauguration d’un lycée de 1 000 élèves, a-t-on su d’Azem Mahfoud, le maire de Saoula.
Quant à l’envie de se réchauffer d’un plat chaud à l’orée d’un hiver qui s’annonce rude, les élèves des écoles Bellazougui et Chaïma à Baba Ali devront attendre encore jusqu’au début de l’an 2017 pour chauffer les bancs d’une cantine qui offrira au jour le jour le couvert pour 200 collégiens.
Seulement et d’ici là, les jeunots devront se contenter qui d’un carré de pizza refroidi, qui d’un casse-croûte de garantita, source d’obésité. Une consolation demeure toutefois, ces gamins s’échaufferont peut-être un jour ou l’autre dans une de ces aires de jeux dans le genre Matico, que le maire envisage d’aménager. S’agissant des travaux d’intersaison, le conseil municipal vient d’adopter en séance plénière la résolution de creuser un réseau d’avaloirs d’ici peu. Soit à quelques jours, où les pluies hivernales s’apprêtent à s’ajouter aux récentes ondées automnales (sic) : “Il s’agît d’un rajout de bouches d’égouts qui a requis une enveloppe budgétaire de 50 millions de DA afin de renforcer le réseau d’évacuation pluviale pour les quatre zones que compte Saoula, notamment au lieu-dit Meridja puis Saoula-centre ainsi qu’à Ouled-Belhadj et Baba Ali”, a ajouté notre interlocuteur. D’où le doute quant aux délais inhérents à la faisabilité de la chose, qui sera sans doute retardée pour cause d’intempéries.
Mais qu’à cela ne tienne, le plus hallucinant est inscrit à l’entête de la feuille de route, où le maire envisage la création d’un rond-point sur la place centrale du village toute auréolée de l’enfilade de réverbères qui requierent la rondelette somme de… 200 millions de DA !
Et quand bien même il argumente plutôt la nécessité d’en finir avec l’étroitesse des venelles, notre interlocuteur ne fait pas exception à ses homologues de Bir Mourad Raïs et de Gué de Constantine, qui s’astreignent en ce moment à l’inévitable réfection des trottoirs en béton-armé, particulièrement à la fin de l’année qui coïncide avec l’exercice budgétaire.
Certes, qu’il y a du bon dans l’ouverture d’une annexe de mairie à Ouled belhadj, mais le mieux est d’éradiquer la douzaine de bidonvilles, où s’entassent, depuis 1997, 800 familles au lieu-dit Saïd-Hadjar à Baba Ali et Ouled Belhadj. Tout compte fait, l’essor social à Saoula est à prendre au conditionnel, et c’est là un bien mince programme d’un rachitique programme de développement communal (PCD) pour une bourgade, où la dilapidation du foncier n’arrange guère les choses. Donc, au lieu que le PCD engendre la prospérité escomptée, il n’a fait en réalité que recouvrir à l’aide de l’hideux béton, les anciens S’hari (vergers) de ness el f’ale de Saoula. La preuve, c’en est donc fini de l’existence des potagers des petites gens qui créaient de l’emploi et de la richesse véritable, à l’instar de la ferme du père Ghazit, où l’on cueillait les fruits de saison.
Mais ça, c’était avant ! Avant l’ère du béton.