Développement industriel,tourisme,retour des compétences établies à l’étranger,flambée des prix..Ces ministres qui nous promettent du vent!

Développement industriel,tourisme,retour des compétences établies à l’étranger,flambée des prix..Ces ministres qui nous promettent du vent!

L’autosuffisance alimentaire n’est pas pour demain…

Des défis énormes tels que celui de sortir de la dépendance par rapport au pétrole, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, de développer le secteur du tourisme ou d’éradiquer l’éternel problème du ramassage d’ordures attendent l’Algérie.

Chaque responsable de ces secteurs s’est fendu en déclarations qui ont fait espérer que ces grands chantiers étaient engagés. La réalité est tout autre: aucune amélioration n’a été constatée. Le mois du Ramadhan en plus de la piété, de la solidarité et de la générosité qui le caractérisent est aussi une des meilleures occasions de procéder à une halte pour faire un état des lieux de la maison Algérie. De faire l’inventaire de ses performances et contre-performances économiques, de ce qui a été réalisé, de ce qui reste à entreprendre et de faire le point quant à ces promesses dont ne cessent de nous inonder certains ministres et autres responsables.

Vaste chantier. C’est sur ce dernier point pourtant que nous nous focaliserons car il y va de la crédibilité de ceux qui ont en charge les affaires de l’Etat et de la cité. Il a par ailleurs, cette vertu pour expliquer la fracture entre gouvernants et gouvernés entre électeurs et élus. Il conforte en outre les citoyens dans l’idée que leurs préoccupations sont aux antipodes de celles de ceux qui ont en la charge. En un mot il détermine la qualité de la relation qu’ils entretiennent. Celle-ci peut être estimée lors de scrutins électoraux d’où se dégage désormais une majorité d’abstentionnistes (autour de 57% pour les législatives de mai 2012). Une des urgences du gouvernement est de sortir l’économie nationale de sa dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures qui représentent 98% de ses recettes en devises et de la mettre à l’abri des fluctuations du marché pétrolier et d’un hypothétique effondrement pétrolier qui pourrait la mettre sur la paille comme ce fût le cas en 1986 où le baril a atteint 10 dollars après le choc pétrolier de 1973 (guerre israélo-arabe) et 1979 (révolution iranienne) ou dans les années 1990 suite à la crise financière asiatique qui se sont accompagnés par deux sévères plans de restructuration imposés par le Fonds monétaire international dont les traumatismes ont profondément affecté la société algérienne (licenciements massifs, fermeture d’entreprises…). La leçon a-t-elle été retenue pour autant? Peur-être, mais force est de signaler que mis à part le fait que le pays repose aujourd’hui sur un matelas financier de près de 200 milliards de dollars grâce à des niveaux des prix du pétrole jamais égalés (plus de 147 dollars en juillet 2008) rien de probant n’a été fait pour se défaire de l’ «addiction» au secteur des hydrocarbures. Hormis de fracassantes déclarations. Des promesses qui ont valeur d’engagement qui ont sombré dans le sillage de jacasseries de salons. Alors qu’il s’agit de garantir un avenir aux générations futures.

Des chantiers en souffrance

L’exemple le plus édifiant concerne celui de la stratégie industrielle. «Nous avons présenté au gouvernement un projet sur la stratégie industrielle, dont le cadre a été approuvé. Nous allons nous rencontrer chaque semaine pour approfondir le dialogue sur le sujet point par point», avait laissé entendre Abdelhamid Temmar vers la fin de l´année 2006 pour déclarer près de trois ans après: «Il faut totalement oublier l´industrie ´´industrialisante´´, l´industrie légère et lourde…Maintenant nous démarrons avec une base solide, nous avons la stabilité, nous avons l´argent ainsi que les cadres et les compétences», avait affirmé au mois de septembre 2009, le ministre de l´Industrie et de la Promotion des investissements qui voulait rectifier le tir et jeter les prémices de sa nouvelle stratégie industrielle à l´occasion d´une rencontre au siège du Front de libération nationale. La cause semblait pourtant déjà entendue depuis l´intervention du Premier ministre sur les ondes de la Chaîne III.

«Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal, elle a fait beaucoup plus l´objet de communications que d´actions. Elle n´a jamais été adoptée en Conseil des ministres», avait déclaré Ahmed Ouyahia, le 11 mars 2009. Près de 7 ans plus tard, le même refrain est repris par le nouveau ministre de l’Industrie qui a annoncé la tenue des Etats généraux de la PME avant la fin de l’année 2012 lors d’une réunion qui a regroupé, le 17 septembre, de hauts responsables de son ministère et des chefs d’entreprise…«Il n’y a pas de date pour la tenue de ces états généraux, mais les préparatifs sont en cours», a déclaré Zaïm Bensaci, le président du Conseil national consultatif (CNC) pour la promotion de la PME. Depuis c’est: silence radio. La question du retour des compétences a elle aussi occupé le devant de la scène pratiquement à la même époque. Rachid Harraoubia le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avait indiqué le 5 février à Mascara, que la loi relative à l’enseignant universitaire visait à encourager les professeurs algériens établis à l’étranger à retourner au pays.

La fable des 2 millions de touristes

«Une direction générale de la recherche scientifique a été créée ayant pour missions d’établir le contact avec l’élite nationale se trouvant à l’étranger et faciliter son retour au pays», avait-il même précisé. Au mois de mai 2013, il récidive pour annoncer que plusieurs chercheurs et enseignants algériens qui avaient quitté le pays durant les années «difficiles» pour s’établir à l’étranger «sont de retour au pays». Quand exactement? Combien sont-ils? Qui sont-ils? Mystère et boule de gomme. Ils semblent être aussi fantomatiques que ces millions de touristes que l’on attend depuis des années dont l’arrivée est programmée pour 2015 alors que l’une de leurs destinations les plus prisées est le Grand Sud (Djanet et Tamanrasset en particulier): des villes fortement déconseillées par les pays occidentaux à leurs ressortissants surtout après l’attaque terroriste qui a ciblé le site gazier de Tiguentourine à In Amenas. Des chiffres officiels indiquent que bon an mal an moins de 700 000 touristes visitent l’Algérie, ce qui permet à ce secteur d’engranger moins de 300 millions de dollars par an. Des miettes. Une conjoncture qui rend suspecte, voire peu crédible toute déclaration qui «claironnerait» une reprise de cette branche de l’économie nationale. Alors que nos ministres redoublent de déclarations et de promesses pour tenter de faire revenir les compétences algériennes établies à l´étranger, force est de constater que c’est dans le sens inverse qu’elles ont tendance à migrer. Plus de 100.000 diplômés ont quitté le territoire national depuis 1979. «D´ici à 25 ans, l´Algérie aura perdu toutes ses compétences», avait prévenu, le 1er août 2008, sur les ondes de la Radio nationale, le président de l´Agence algérienne des ressources humaines, Ahmed Mena. Pendant ce temps là, le secteur du tourisme ambitionne toujours d’attirer 2,5 millions de touristes d’ici l’horizon 2015, alors que le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, annonce la création de deux millions de PME d’ici 2025, celui de l’Habitat, la construction de 3 millions de logements comme est prévue l’amélioration des prestations des établissements hospitaliers…Certains secteurs (BTP, ressources en eau…) ont fait appel à de la main-d’oeuvre et au savoir-faire étranger, à l’instar de celui de la culture qui se plaint de ne pas avoir de spécialistes en matière de restauration du patrimoine immobilier tandis que Amara Benyounès, le ministre de l’Environnement, nous avait promis des villes propres au lendemain de sa nomination alors que les trottoirs continuent de crouler sous des tonnes d’ordures. Et que dire du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui ressasse le même discours chaque année à l’approche du mois de Ramadhan pour rassurer les Algériens quant à la flambée des prix des produits de consommation…Du vent encore du vent. Les problèmes demeurent. Ceux qui ont la charge de les résoudre sont étrangement toujours là malgré leurs échecs avérés en attendant l’hypothétique grand coup de balai qui se profile…