Développement du tourisme, Une clé pour la tolérance

Développement du tourisme, Une clé pour la tolérance
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Le tourisme est d’abord dans la capacité de la société d’intégrer le touriste et le tourisme dans sa vie, dans ses moeurs, dans sa quotidienneté.

Tous les responsables qui se sont succédé à la tête du département ministériel en charge du tourisme se sont évertués, efforcé durant leurs mandats, à faire aboutir le projet touristique national. Chacun sa démarche, sa vision, chacun ses priorités. Qui de la promotion, qui de l’investissement, qui de la formation. Et tous, avec l’ambition ferme, de faire du tourisme un secteur porteur, prospère autant sur le plan économique que culturel et «sociétalement» épanoui.

On négocie, au mieux, des budgets sectoriels, on fait appel aux investisseurs nationaux et étrangers, on promeut la destination algérienne à l’occasion des rencontres internationales spécialisées…

Mais, en dépit de tous ces efforts, les progrès restent infimes. Ils sont infimes au regard de ce que les potentialités algériennes auraient permis. Infimes comparativement à ce que d’autres nations moins pourvues en moyens, moins nanties, ont pu atteindre dans la croissance de leur tourisme, de leur image…

Nos produits restent en deçà des standards internationaux, notre appareil de formation reste obsolète en dehors de quelques rares exceptions, l’offre hôtelière demeure quantitativement et qualitativement faible, la réalité du terrain demeure éloignée des attentes des opérateurs et les possibilités de vacances estivales dans le pays sont reportées aux calendes grecques tant l’offre balnéaire prend encore l’allure de mirage.

On voue alors les responsables nationaux aux gémonies. On décrie leur incompétence et quelquefois on les accuse d’obstruction à la marche du tourisme. Ce serait, à notre sens, une erreur.

Car le mal est profond et ailleurs. On peut construire autant d’hôtels que l’on voudra, densifier l’appareil de formation, engager les meilleurs enseignants, intégrer les dernières technologies en matière de gestion et d’enseignement, exposer les plus beaux visuels dans les Salons internationaux du tourisme. Cela ne servira à rien, ou à pas grand-chose. Cela empêchera juste le processus de reculer mais ne lui permettra pas d’avancer.

Car le tourisme est d’abord dans la capacité de la société d’intégrer le touriste et le tourisme dans sa vie, dans ses moeurs, dans sa quotidienneté. L’école, premier palier de constitution de l’Algérien continue de produire des élèves à la linguistique imprécise et à la scientificité de l’enseignement incertaine. Et, le plus grave, elle continue d’engendrer l’intolérance. On continue de jeter des regards de réprobation et de rejet vis-à-vis de toute autre religion et de toute autre culture. Le tourisme se nourrit de valeurs de tolérance, de respect de l’Autre quelle que soit sa foi, sa culture. Cela est fondamental, voire incontournable dans le projet de construction d’une destination touristique.

Par ailleurs, le tourisme n’est pas qu’action culturelle. Il est aussi distraction. Sortir en soirée, aller dans des restaurants dignes de ce nom. Le tourisme, c’est le foisonnement de restaurants, de toutes catégories, où tous les goûts, tous les appétits sont satisfaits, honorés. Il est le foisonnement de lieux de loisirs et de détente. En Europe, le tourisme culturel n’attire que 40% du flux touristique. Les reste est dans la détente, les loisirs et plus généralement les plaisirs de la vie sans aucune connotation péjorative.

Il reste donc à construire, plutôt reconstruire cette société réceptive aux valeurs universelles du tourisme, cette société qui était la nôtre il y a juste quelque trois décennies. Par un enseignement sain dans les écoles où les valeurs de tolérance, de modernité où les lois de la rationalité sont dispensées, sans rejet aucun des valeurs ancestrales et où toute apologie de toutes formes d’intégrisme, ou de violence sont bannies.

Quand le tourisme imposera ses vertus culturelles, économiques dans une société encore réfractaire au côtoiement, voire à l’intégration d’autrui, alors on aura fait un grand pas dans le processus d’édification d’une nation touristique.

L’Algérie est celle de tous les Algériens. De tous bords. Et c’est pour eux, sans exclusive et sans exclusion que sont destinées les actions des pouvoirs publics, dont celles consacrées au tourisme