Le grand vainqueur des législatives pourrait ne pas être le futur Premier ministre, la Constitution — quelle aberration ! — permettant la désignation de toute autre personnalité non issue de la majorité. Belkhadem a fustigé Ouyahia, laissant entendre qu’il s’opposerait à la reconduction de ce dernier.
Ajoutons à cela le fait que l’Alliance présidentielle est morte de sa belle mort. Alors qui ?
La déclaration de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), selon laquelle il «ne sera pas nécessairement Premier ministre» dans le prochain gouvernement, démontre une grave lacune dans la Constitution actuelle et un grand décalage par rapport à la volonté populaire. Bien que le FLN soit le grand vainqueur des législatives du 10 mai 2012 avec 221 sièges sur les 462 de la future Assemblée populaire nationale, cela ne lui garantit aucunement le poste de Premier ministre. Pourtant, le FLN ne cache pas cette ambition. «La volonté des militants du FLN est de détenir les leviers de commandes mais la Constitution est claire», a déclaré l’actuel patron du parti.
La loi fondamentale qui confère, en effet, le pouvoir de désignation du Premier ministre au président de la République n’oblige en aucun cas à le choisir au sein du parti majoritaire.
Une situation qui met à mal l’ambition Flniste, pourtant «légitime» surtout avec l’annonce de la volonté de ralliement au FLN de pas moins de 13 députés élus sur les listes indépendantes. Ce ralliement, qui peut se concrétiser dans les prochaines heures, portera le nombre de sièges obtenus par le FLN à 234, soit une majorité absolue (50 % + 3) à l’APN. Par ailleurs, Belkhadem, sans être clair et sans vouloir remettre en cause la volonté du Président, souffle le chaud et le froid, tantôt en déclarant hier au journal El Khabar qu’«il est des messages à lire à travers les résultats des élections législatives…si le peuple avait voulu que Ahmed Ouyahia poursuive l’application de son programme, il aurait donné la majorité au RND», et tantôt en affirmant que «le maintien de Ahmed Ouyahia comme Premier ministre ne nous dérange aucunement». Pour rappel, au lendemain de la proclamation des résultats des législatives, donnant le FLN vainqueur, Belkhadem avait insisté sur l’élargissement de l’Alliance présidentielle à d’autres formations politiques. Mais il faut souligner que cette alliance, qui bat de l’aile, surtout depuis le retrait du MSP, ne semble plus être à l’ordre du jour du FLN.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le ralliement des indépendants au FLN annoncé hier permet au vieux parti de prendre seul le gouvernail du futur gouvernement et de se passer de l’apport du RND et de tout autre parti.
En attendant que toutes ces questions trouvent des réponses, le gouvernement dirigé par Ahmed Ouyahia, toujours au poste du Premier ministre, gère les affaires courantes du pays en attendant la réponse du Conseil constitutionnel aux 165 recours introduits par des partis et candidats et la proclamation des résultats officiels des élections. Ce n’est qu’alors que se dessineront les contours de la future Assemblée populaire nationale.
M.T