Cette pratique, qui était en vigueur notamment à l’occasion de l’Aïd El Fitr, s’applique désormais depuis quelques années au sacrifice de l’Aïd El Adha.
Les habitants de la basse Kabylie ont à l’instar des populations des autres régions du pays célébré la fête de l’Aïd El Adha jeudi dans une ambiance de fête et de sacrifice conformément aux principes de l’islam. Dans de nombreuses localités de la wilaya, le sacrifice a été collectif. Devant la flambée des prix du mouton, les habitants de la basse Kabylie ont opté pour un autre rituel autrement moins coûteux et plus profitable. Le sacrifice d’un bovin à la place du mouton de l’Aïd El-Kebir a été privilégié par les citoyens.
Cette pratique, qui était en vigueur notamment à l’occasion de l’Aid El Fitr, s’applique désormais depuis quelques années au sacrifice de l’Aïd El Adha. Ce fait nouveau est vécu dans beaucoup de localités de la région.
«Le boeuf vole la vedette au bélier», pour reprendre l’expression d’un villageois de Sidi Aich. L’Aïd El Adha, cette fête religieuse héritée du prophète Ibrahim El Khalil (Qsssl), qui consiste en le sacrifice d’un mouton dont les trois quarts de la carcasse doivent être distribués aux pauvres en signe de solidarité, est de moins en moins respectée par tous. Et pour cause, les prix des ovins sont jugés trop chers par la majorité de la population. Face à cette inflation, les citoyens aux faibles revenus recourent à l’achat collectif de boeufs ou de veaux, histoire de sauvegarder l’ambiance de la fête, tout en se pliant au rite religieux.
«Nous sommes quatre frères et nous avons acheté un boeuf de plus de 120 kg pour une valeur de 130 000 DA», indique Karim. Cette pratique existe aussi entre voisins y compris dans les villes. L’abattage des veaux s’effectue le jour ou la veille de l’Aïd dans l’abattoir communal ou sur la place publique du village.
Comme partout ailleurs, les maquignons imposent leur diktat, et le mouton a atteint des prix défiant toute logique. Cette situation a conduit plusieurs chefs de famille à s’associer pour acquérir un boeuf à la place d’un bélier dont le sacrifice se fait individuellement. Selon des habitants, même l’imam de la mosquée d’un village à Tifra a encouragé cette «pratique», estimant qu’elle est parfaitement licite à condition que leur nombre ne dépasse pas dix…
La foi ne les dispensant nullement de faire des calculs, les adeptes du sacrifice collectif semblent avoir trouvé leur compte. Conséquemment, au lieu de payer un mouton à 40.000, 45.000 DA, voire 80.000 DA on a préféré partager un boeuf à raison de 20.000 à 30.000 DA chacun. On a gagné la moitié en argent et le double en viande!», souligne un villageois. Cette pratique permet aux populations de ne pas transgresser le fait religieux et, surtout, de sauver la face devant leurs enfants qui auront droit à l’ambiance et à l’abondance de la viande durant cette journée. La tâche du sacrifice et la découpe a été confiée à des bouchers professionnels à raison de 5000 DA.
Les lots de morceaux ainsi constitués seront distribués par les jeunes suivant le nombre d’associés. Au bout de deux heures, tout le monde a eu sa part.