Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, en visite de travail en France, a été auditionné, hier mercredi, par les députés français de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française avant d’être reçu au Quai d’Orsay par son homologue français, Alain Juppé. Outre les relations bilatérales les questions des députés français ont porté sur «le printemps arabe», que Mourad Medelci préfère appeler «Intifada», sur les réformes politiques en cours en Algérie et sur la vague islamiste qui a submergé le Maroc, la Tunis et l’Égypte.
Le ministre des Affaires étrangères , Mourad Medelci, en visite de travail en France, a été auditionné, hier, mercredi, par les députés français de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française avant d’être reçu au Quai d’Orsay par son homologue français, Alain Juppé.
Outre les relations bilatérales les questions des députés français ont porte sur «le printemps arabe», que Mourad Medelci préfère appeler «Intifada», sur les réformes politiques en cours en Algérie et sur la vague islamiste qui a submergé le Maroc, la Tunis et l’Égypte. L’amitié «franco algérienne» et les questions de mémoire ont également été abordées par les députes français, ceux de la droite populaire insistant lourdement sur la question des harkis.
Sur la déferlante islamiste et une possible victoire des islamistes en Algérie, le chef de la diplomatie algérienne se veut rassurant alors que de nombreux politologues n’écartent pas une victoire majeure de la mouvance islamiste en cas d’élections législatives libres et transparentes en Algérie. Mourad Medelci a déclaré que l’Algérie a «montré l’exemple» en intégrant de nombreux partis islamistes à l’APN, et que le «droit de la famille algérien a toujours été inspiré de la charia ».
«Nous n’avons pas attendu pour ouvrir le champ à tous ceux qui souhaitent travailler dans le cadre du respect de l’alternance et du respect de l’ordre républicain», a-t-il poursuivi, faisant allusion à la loi sur les partis politiques votée hier et renforçant l’interdiction de création d’un parti aux auteurs de crimes de sang. Sur le « printemps arabe », les membres de la Commission se sont interrogés sur la non contagion du mouvement à l’Algérie.
Usant à plusieurs reprises du terme d’« intifada » pour qualifier les révoltes dans les pays voisins, Mourad Medelci s’est précisément retranché derrière «l’intifada » algérienne d’octobre 88, rappelant qu’elle avait amené au pluralisme politique et à «une liberté de la presse exceptionnelle » : «Les Algériennes et les Algériens ont continué de travailler à revendiquer leurs droits, ils l’ont fait avant le printemps et après le printemps, peut-être, je dois l’avouer, avec un peu plus d’insistance depuis le printemps.
Les Algériens restent des frondeurs mais fort heureusement, la qualité des rapports entre la population et le pouvoir a permis d’éviter une grande révolte», a-t-il estimé. Il a rappelé par ailleurs les évolutions enregistrées dans le pays depuis 2000, année à partir de laquelle, a-t-il souligné, des «réformes profondes» ont concerné des domaines cruciaux tels que l’école, la justice, l’économie et les finances.
Tout en affirmant qu’au plan des réformes, la Constitution de 2008 consacre « clairement » le principe d’une plus large participation de la femme dans les assemblées élues, il a relevé que le début de cette nouvelle décennie a été l’occasion pour l’Algérie d’engager une nouvelle étape de réformes annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, parmi lesquelles il citera plus d’ouverture au plan politique et économique, notamment, et une « meilleure réponse » aux attentes des citoyens.
Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que ce processus de réformes sera « consolidé dès le second semestre 2012 par la révision de la Constitution » dont les dispositions nouvelles et les amendements permettront, a-t-il soutenu, de situer « au plus haut niveau de la hiérarchie des textes», les options annoncées par le chef de l’État en avril dernier.
« Le président Bouteflika a souhaité consacrer son troisième mandat au renforcement des institutions républicaines et de l’État de droit, à présent que la paix, la stabilité et la croissance ont été rétablis avec des résultats très encourageants et très clairement perceptibles par les Algériens », a-t-il ajouté.
Au plan bilatéral, Mourad Medelci s’est félicité de la dernière visite à Alger du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui, a-t-il dit, a pu « apprécier à la fois l’ampleur des réformes engagées, mais également la volonté du gouvernement algérien de bâtir (…) ce partenariat d’exception (entre les deux pays) souhaité par le président Sarkozy dès 2007 ». Il a noté que les consultations régulières entre les responsables des deux pays sont un « signe très encourageant ».
« Nos approches sur les crises qui secouent le monde et sur les mutations enregistrées notamment autour de la Méditerranée, nous donnent l’occasion de renforcer nos convergences et de mieux comprendre nos positions respectives sur certains sujets qui restent d’actualité comme la mémoire », a indiqué le ministre.
Au plan économique, Mourad Medelci a qualifié le partenariat engagé par les deux pays et mené par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion l’investissement, Mohammed Benmeradi, et l’ancien Premier ministre, Jean- Pierre Raffarin, de « mission réussie » puisque ayant permis de « débloquer plusieurs projets, à présent totalement finalisés ». Cette mission, a-t-il poursuivi, a permis d’ouvrir « résolument «la voix à de nouveaux partenariats notamment dans le domaine de l’automobile, la pétrochimie et les industries pharmaceutiques et agro-alimentaires ».
« Nous formulons le voeu que le premier semestre de l’année 2012 soit l’occasion de conduire les négociations en cours à leur terme », a-t-il dit, se félicitant de l’évolution du commerce bilatéral qui, a-t-il souligné, « se porte bien » (plus de 40 milliards de dollars) et des services dont le poids dans les échanges « ne cesse de se renforcer ». Les questions sur l’immigration n’ont pas davantage été approfondies.
Ainsi, à Michel Vauzelle, vice-président de la Commission des affaires étrangères et président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui lui demandait de commenter la volonté annoncée de Guéant lors de sa rencontre dimanche avec son homologue algérien, de réduire de 10 % l’immigration algérienne, Mourad Medelci a répondu par l’ironie : «Merci de cette information Monsieur Vauzelle !», suggérant qu’il n’en était rien.
Il s’est en revanche fait fort de livrer «une information officielle » concernant l’adhésion de l’Algérie à la Politique européenne de voisinage (PEV): «La PEV rénovée nous paraît plus sympathique, plus souple», a-til déclaré, alors que l’Algérie a longtemps été très réticente à une telle adhésion. La question de l’immigration constitue pourtant l’un des points fondamentaux de la relation franco – algérienne, alors que la France souhaiterait réviser les accords de 1968 accordant des avantages spéciaux aux Algériens.
Les membres de la Commission des affaires étrangères ont préféré se concentrer sur des questions de «mémoire» et de «réconciliation», notamment avec la communauté harki. «Nous sommes en train de travailler à un programme du 50e anniversaire dans un esprit qui n’est pas du tout revanchard, qui nous permette de nous auto évaluer et de faire que ce mouvement historique qu’a été la Révolution algérienne puisse ne pas échapper aux générations montantes», a-t-il révélé, souhaitant «monter un programme sans tambours ni trompettes».
Mokhtar Bendib