La classe politique à laquelle il est souvent reproché son silence et son absence, s’affirme cette fois-ci et marque sa présence devant la grogne sociale qui ne cesse de monter tous azimuts. Elle est en fait dans son rôle, celui de gérer les affaires de la «cité». Le front social est en ébullition. Santé, Education et bien d’autres secteurs d’activités sont paralysés par des grèves devenues, à force de répétition, périodiques.
Les contestations et les grèves n’ont pas laissé indifférents certains partis politiques. Ces derniers, qui ont pris acte de ces protestations qui n’épargnent presque aucun secteur, ont appelé, à travers des rencontres et sorties médiatiques, à prendre en considération les préoccupations et autres revendications soulevées par les contestataires. En réagissant de la sorte, les partis politiques ne jouent que leur rôle, celui d’animer la scène politique et de s’impliquer dans toutes les questions concernant les citoyens et la société civile.
En Algérie, s’il y a implication de partis politiques dans une démarche citoyenne ou autre action revendicative, on leur reproche de verser dans la manipulation et la récupération politique quand il s’agit de soutenir la revendication d’un mouvement de protestation citoyen (neutre ou syndiqué). Ce fut le cas d’ailleurs lors des manifestations des jeunes chômeurs du Sud, soutenues par certains acteurs et partis politiques, accusés d’avoir des desseins de récupérer le mouvement. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque ces partis politiques observent un silence sur ces protestations, on leur reproche d’être «insensibles» et peu soucieux des préoccupations citoyennes.
Devant les grèves et débrayages qui paralysent les hôpitaux, certains politiques en ont fait débat en plaidant la cause des grévistes qui ne font qu’exercer leur droit syndical. Ainsi, devant la grogne grandissante des travailleurs de plusieurs secteurs, à l’instar de la Santé et l’Education, le parti AHD 54 s’est joint aux revendications des grévistes. En effet, Ali Fawzi Rebaine, président du parti, a affirmé avant-hier que sa formation plaçait la prise en charge des préoccupations du front social parmi ses premières priorités. Lors d’une conférence de presse, Rebaine a indiqué que la prise en charge des questions sociales comptait parmi les priorités par rapport à d’autres questions, à l’instar de l’amendement de la Constitution qui, dit-il, n’est pas une primauté pour son parti.
Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT), enchaînant dans le même ordre d’idées, a appelé le gouvernement à adopter rapidement les décisions en vue d’apaiser le climat social. Le parti de Louisa Hanoune, dans un communiqué sanctionnant la réunion du bureau politique, a appelé le gouvernement à prendre rapidement les décisions susceptibles d’apaiser le climat social en accédant aux revendications sociales légitimes des travailleurs et des jeunes. A ce propos, le PT estime que «la satisfaction de ces revendications est de nature à conforter et renforcer le front interne», tout en considérant que la défense de la nation est la responsabilité de tous, partis, syndicats et associations.
Par ces réactions, la classe politique qu’on aurait souhaité réagir de cette façon à chaque grève ou mouvement de protestation, est en fait dans son rôle de bien gérer les affaires de la «cité», comme disait Jean-Jacques Rousseau. Après tout, un parti politique est une structure sociologique organisée qui est censée prendre conscience des réalités socio-économique et les différents écueils qui freinent l’essor de toute une communauté afin d’y remédier. En un mot, un parti politique doit être en perpétuel contact avec sa base, à savoir la société, en vue de prendre son pouls.
Yazid Madi