Ouragan
La chute des prix du pétrole aura des conséquences encore insoupçonnées sur l’économie nationale. “C’est un ouragan qui arrive sans qu’on soit prêt à résister à cette onde de choc”, avertit un financier. Mais nos gouvernants ne semblent pas mesurer l’intensité de la tempête. Puisque le plan anti-crise n’est pas encore mis en œuvre, à l’exception de deux mesures de la Banque d’Algérie en cours d’application pour freiner les importations et la fuite des capitaux.
En clair, les perspectives macroéconomiques d’ici à 2019 s’avèrent inquiétantes. Rechid Sekak, l’ancien directeur de la dette à la Banque d’Algérie, expert financier de notoriété internationale, dans une communication récente sur l’impact de la crise née de la baisse des cours du pétrole sur l’économie nationale, situe cette évolution négative. “À 60 dollars le baril de pétrole, nos réserves en devises tomberont de 180 milliards de dollars, à fin 2014, à 60 milliards de dollars en 2019. À 70 dollars le baril, elles s’élèveront à 90 milliards de dollars. Mais le problème se situe surtout dans le budget de l’État et l’évolution de la dette publique.
Avec cette chute des prix du pétrole, le Fonds de régulation va s’épuiser en deux ans et la dette publique atteindra des proportions alarmantes en fin de période”, a-t-il estimé.

Cette situation fera baisser les recettes exportations hydrocarbures et mettra sous pression les banques. On sera dans une spirale de raréfaction des ressources bancaires.
Les banques vont disposer de ressources courtes et donc inciter à financer des opérations d’import-import, au détriment du financement des investissements. Par ailleurs, la baisse des ressources en devises mettra la pression sur le dinar. La monnaie nationale avec un scénario de laisser-faire pourrait être dévaluée. Dans ce scénario, il faut dire bonjour à une flambée des prix plus importante qu’aujourd’hui et une érosion plus accentuée du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens. Une évolution intenable sur le plan social.
Or, nos gouvernants ne semblent pas anticiper ces répercussions négatives, préférant attendre une hypothétique remontée des cours du pétrole a contrario de la conviction de la majorité des spécialistes.
Seule solution, mettre en œuvre rapidement le plan anti-crise : rationalisation des importations, licences d’importation, lutte efficace contre la fuite des capitaux et la relance effective de l’investissement productif et d’une industrie de substitution aux importations. Meilleure manière de résister aux ouragans, mais les tergiversations actuelles dans ce domaine favorisent une aggravation de la situation économique et sociale.
Fort heureusement, des patriotes ne cessent d’alerter et nos gouvernants et l’opinion publique sur la gravité de cette crise que connaît l’Algérie et de proposer des remèdes. Leur appel sera-t-il entendu ?
K. R.