En grève depuis lundi, la soixantaine d’ouvriers d’entreprises sous-traitantes d’ArcelorMittal de l’unité port menace d’un suicide collectif. Ils sont perchés en haut des grues depuis jeudi après-midi à la suite d’une ordonnance du tribunal d’El Hadjar sommant les protestataires à évacuer les lieux.
Cette décision de justice fait suite à un dépôt de plainte en référé de la direction générale dont l’objet est l’occupation des lieux de production et entrave au travail. Vivant dans des conditions difficiles, depuis jeudi après-midi et entourés de forces de l’ordre qui leur interdisent formellement de s’approvisionner en nourriture, un des grévistes, contacté par téléphone, confirme : «On nous interdit depuis hier, jeudi, d’apporter même une bouteille d’eau, c’est inhumain.»
Notre interlocuteur, avec une certaine amertume, déplore «l’attitude du nouveau syndicat qui a donné l’impression de ne pas être concerné par cette situation et joue au commis de l’administration». En dépit de cet imbroglio, les contestataires campent toujours sur leurs positions et revendiquent l’intégration de l’effectif permanent de l’entreprise, promesse faite au mois de décembre 2011 par la DRH au partenaire social de l’époque.
Ce débrayage, «illégal» aux yeux de la direction générale d’ArcelorMittal, a fait tache d’huile puisque près de 70 salariés de deux unités importantes de production de produits finis du complexe sidérurgique d’El Hadjar, l’unité LRB (laminoir du rond à béton) et celle du laminoir du fil machine, sont en arrêt de travail depuis mercredi. L’arrêt de ces deux unités compromet fortement le niveau de production et le haut fourneau risque la paralysie. Depuis quelques mois déjà, les prémices d’une crise sociale grave couvaient au sein du complexe sidérurgique d’El Hadjar, ce qui a donné lieu à ce genre de tensions.
Alors qu’hier, les indices boursiers européens passent du rouge au vert, le titre d’ArcelorMittal a marqué une forte hausse, la plus forte du CAC, son titre valait hier matin 10, 35 euros (+6,79%) dans un marché en hausse de 0,61 %. Il faudrait rappeler que le leader mondial de l’acier a enregistré des pertes colossales au dernier trimestre 2012 estimées à 3,8 milliards de dollars. Ses résultats ont été obtenus, selon le PDG du groupe, Lakshmi Mittal, «dans des conditions»économiques difficiles». Malgré ces chiffres, l’heure est à «la récession sur le Vieux continent» avec une chute de la demande qui se poursuivra encore en 2013.
Ighil A.