A chaque coin de rue, les camions bleus des forces de sécurité, principalement la police, sont visibles et dominants. Il faut dire que l’effectif ayant été déployé dans cette ville est important, à tel point que dans certaines allées, au centre-ville, on y croise deux à trois véhicules des forces antiémeutes, stationnées ici et là, sans compter les patrouilles qui font des rondes à longueur de journée, tel que nous avons pu le constater de visu.
Deux semaines après la reprise des affrontements entre lycéens mozabites et chaambis, dans la ville de Ghardaïa, l’atmosphère qui y règne ne semble pas avoir changé d’un poil.
La ville est certes calme, mais les esprits semblent toujours restés en ébullition, à en juger par les divers témoignages recueillis, ce mercredi, dans les quartiers de la ville. «Je ne vais plus au marché ou les boutiques mozabites de crainte de me faire insulter ou même tabasser à mort», confie Brahim, 32 ans et père de famille. Brahim, qui est chauffeur de taxi, est donc naturellement appelé à se rendre partout en ville où le client se rend.
Selon lui, bien qu’il affirme n’avoir pas pris part aux affrontements, pas moyen de savoir comment, où et quand est-ce que la situation reprendra de plus belle. «Je vous conseille de ne pas vous y rendre car vous risquez d’être attaqué», avertit-il, en s’adressant à nous. Ils sont là, mozabites et chaambis, à se regarder, se croiser ou encore fréquenter les mêmes établissements publics à l’instar des hôpitaux, service d’état civil ou autres, mais ce n’est pas pour autant que la colère semble s’être apaisée.

A chaque coin de rue, les camions bleus des forces de sécurité, principalement la police, sont visibles et dominants. Il faut dire que l’effectif déployé dans cette ville est important, à tel point que dans certaines allées, au centre-ville, on y croise deux à trois véhicules des forces antiémeutes, stationnées ici et là, sans compter les patrouilles qui font des rondes à longueur de journée, tel que nous avons pu le constater de visu. Mustapha, lui, est entrepreneur mozabite, également père de famille, estime qu’il est inutile de cacher le soleil avec un tamis. Selon lui, ce calme est précaire, étant donné que les esprits des uns et des autres, continuent de bouillonner.
«Je doute que ce calme dure encore longtemps», nous explique-t-il, ajoutant que «ce n’est qu’une question de temps avant que toute la ville ne s’embrase à nouveau ». La situation a dégénéré, dit-il, – comme en témoignent les bleus encore frais sur son visage – et nous en sommes arrivés aux mains, poursuit-il.
Cet exemple n’est pas unique en son genre, car des deux côtés des belligérants, l’on se renvoie les accusations. Le constat est tel que les témoignages du genre ne manquent pas. Il suffit de s’attarder dans un café, peu importe de quel côté de la ville se trouve-t-il, les discussions ne relatent, essentiellement, que des incidents impliquant tantôt mozabite, tantôt chaambi.
Slimane, originaire de la wilaya de Sétif, est restaurateur au centre-ville, dit n’être concerné ni de près ni de loin par ce qui arrive à Ghardaïa. Il nous fait savoir qu’à chaque fois que des affrontements venaient à éclater entre les deux communautés, il n’a d’autre choix que de rentrer chez lui à Sétif, le temps que l’ordre revienne. «A chaque fois que ça éclate, je prends mes affaires, fermant mon commerce, et je fuis à Sétif, puis je reviens quand le calme revient», confie-til.
«Que voulez-vous que je vous dise, je ne comprends rien à ce qui se passe, alors je préfère prendre mes distances et dire que ça ne me concerne pas», ajoute-t-il. A souligner qu’après que le chauffeur de taxi, Brahim, nous ait déposé à l’entrée du marché Bab Lehteb, dans le quartier mozabite, hormis le dispositif impressionnant des éléments de la Gendarmerie nationale, la visite de ce quartier était des plus conviviales. Pour l’heure, nul ne semble avoir une solution à cette crise, du fait que l’un renvoie la responsabilité à l’autre, sans pour autant savoir que faire, pour mettre un terme à ce conflit récurrent.
M. B.