Les polices européennes sont sur les dents opérant perquisitions, interpellations et arrestations dans les milieux présumés «islamistes»
Alors que l’Europe est en état d’alerte après les attentats qui ont bouleversé la France, l’Allemagne a mené tôt hier de nouvelles perquisitions au sein de la mouvance islamiste, après celles de vendredi à Berlin…
L’enquête sur les attentats meurtriers de Paris se concentrait hier sur la complicité éventuelle de quatre hommes interpellés en France, où l’exécutif a défendu la tolérance et la liberté d’expression en réaction aux manifestations anti-caricatures du prophète Mohamed (Qsssl). Après l’attaque menée le 7 janvier par deux frères jihadistes français contre Charlie Hebdo à Paris – 12 morts dont sept journalistes -, les manifestations contre une nouvelle caricature du prophète Mohamed (Qsssl) publiée par les survivants du journal satirique se sont poursuivies en début de semaine, notamment lundi en Tchétchénie, après un week-end marqué par des émeutes au Niger. «Nous n’insultons personne lorsque nous défendons nos idées, lorsque nous proclamons la liberté, au contraire, nous respectons toutes celles et tous ceux à qui nos idées s’adressent pour les faire partager», a affirmé dans la soirée le président français François Hollande, lors d’une cérémonie à l’occasion des 70 ans de l’Agence France-Presse. «La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n’accepte aucune intolérance», a-t-il ajouté. Alors que l’Europe est en état d’alerte après les attentats qui ont bouleversé la France, l’Allemagne a mené tôt hier de nouvelles perquisitions au sein de la mouvance islamiste, après celles déjà conduites vendredi à Berlin, sans toutefois procéder à des interpellations. La veille, les Européens avaient décidé d’associer la Turquie et les pays arabes à leur lutte contre le terrorisme. En France, où le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve doit présenter aujourd’hui une série de «mesures antiterroristes» promises par le gouvernement, quatre hommes de 22 à 28 ans ont été déférés hier au tribunal en vue de possibles mises en examen (inculpations) par des juges d’instruction antiterroristes. Ces hommes font partie de douze personnes arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne et interrogées sur un possible soutien logistique, notamment en armes et en véhicules, apporté au jihadiste Amédy Coulibaly. Ce dernier a tué une policière municipale à Montrouge dans la banlieue sud de Paris le 8 janvier et quatre juifs le lendemain dans la prise en otages d’une vingtaine de personnes dans un supermarché casher, où il a été abattu par la police.
Devenu héros malgré lui, un employé malien musulman de ce magasin, qui a aidé des otages à se dissimuler dans la chambre froide, devait être naturalisé français hier. En France depuis 2006, Lassana Bathily, 24 ans, avait déposé en juillet 2014 une demande de naturalisation, qui a été traitée en urgence pour le remercier. Depuis les attentats, l’enquête se concentre sur les complicités, directes ou indirectes, dont ont pu bénéficier Coulibaly et les frères Cherif et Saïd Kouachi, auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo.
Qui leur a fourni des armes, par exemple, et avec quel degré de connaissance de leur projet? Lors de la prise d’otages, Amédy Coulibaly était muni de deux pistolets Tokarev, deux Kalachnikov et de bâtons d’explosif. Mais les enquêteurs ont aussi découvert, dans sa possible «planque» à Gentilly, près de Paris, un petit arsenal. Comment Coulibaly s’est-il rendu au supermarché casher, et qui a mis en ligne une vidéo posthume de lui, dans laquelle il revendique ses actions au nom du groupe jihadiste Etat islamique? Selon une source policière, les enquêteurs ont effectué ces derniers jours de nombreuses filatures de personnes repérées à partir d’éléments ADN et d’écoutes téléphoniques dans l’entourage présumé des trois tueurs. A l’issue d’un conseil des ministres aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur doit dévoiler des mesures notamment pour «renforcer les moyens et la protection» des policiers et des gendarmes, mais aussi le renseignement français, accusé de «failles» dans la surveillance des jihadistes.