Deux morts, deux véhicules calcinés et une personne sous les verrous: Une fermeture de routes tragique

Deux morts, deux véhicules calcinés et une personne sous les verrous: Une fermeture de routes tragique

Les habitants du village M’liha ont fermé les routes au chef-lieu, Attouche et Zaouïa, pour déverser, affirmaient-ils, leur colère quant au laisser-aller dont ils sont victimes. Les élus sont mis en cause.

La journée de lundi a été chargée en évènements pour les populations de la wilaya de Tizi Ouzou. Plusieurs actions de colère où les populations ont fermé les routes à Makouda, Oued Aïssi et à la nouvelle-ville ont semé l’anarchie sur les routes durant toute une journée. Habituellement, ce décor se répète quotidiennement depuis plusieurs années, mais ce lundi les choses ont dépassé les proportions normales.

Ces actions de colère habituellement banales, ou plutôt banalisées, ont eu une fin tragique dans la commune de Makouda. Deux jeunes personnes ont trouvé la mort, tandis qu’une autre croupit depuis ce jour en prison et deux véhicules ont été calcinés.

Les populations de plusieurs communes ont été empêchées d’entrer à Tizi-Ouzou En fait, dès la matinée, les citoyens se sont vu refouler vers le lieudit Zaouïa par des populations en colère contre l’Assemblée populaire communale de Makouda, située sur la RN72 entre le chef-lieu de wilaya et Tigzirt. De longs cortèges se sont formés dès les premières heures de la matinée devant les foules en colère qui ont procédé à la fermeture de cet axe routier au dense trafic routier. La route reliait en effet les communes du littoral comme Makouda, Boudjima, Tigzirt, Mizrana, Iflissen au chef-lieu. Les routes desservant ce versant ont été toutes fermées à Zaoüa, Attouche et au chef-lieu de Makouda. Aucune issue vers la ville de Tizi Ouzou. Le nord a été coupé du monde. Pis encore, le même jour, la route a été fermée à Oued Aïssi, provoquant un flux sans précédent sur les routes reliant cet autre versant du chef-lieu de wilaya. Le grand trafic automobile concentré dès la matinée sur ces axes d’Ouaguenoun, Tamda et Tala Athmane ont provoqué des embouteillages monstres aux entrées de la ville de Tizi Ouzou. Aucune chance donc pour les populations des communes du versant d’Ouaguenoun, Boudjima, Aït Aïssa Mimoun. Le nord est devenu l’espace d’une journée une prison à ciel ouvert.

Banales fermetures de routes

En fait, à Makouda, ce sont les populations du village M’liha qui ont fermé les routes au chef-lieu, Attouche et Zaouïa, pour déverser, affirmaient-ils, leur colère quant au laisser-aller dont ils sont victimes. Les élus sont mis en cause. A ce niveau, aucune chance de passer les barricades dressées à l’aide de troncs d’arbres, de pierres et de pneus brûlés. Les jeunes manifestants étaient inflexibles. Personne ne peut passer. Toutefois, après négociations, les gens ont été autorisées à passer, mais à pied. Un passage qu’ils payeront très cher le soir, au retour.

Les jeunes abordés racontaient leur calvaire vécu au quotidien depuis l’indépendance dans leur village situé à la lisière de la wilaya de Boumerdès. Sans routes, ni maisons de jeunes, ni écoles, ni eau potable, ni électricité: aucune commodité.

Sur place, alors qu’une partie de ces jeunes étaient en train de refouler les populations qui se dirigeaient vers la ville de Tizi Ouzou, d’autres étaient en train de barricader la route. Ils mettaient le feu aux pneus et aux troncs d’arbres alors que leurs camarades s’affairaient à dresser sur la chaussée des pierres.

Réaction à la colère

Cependant, l’on constatait déjà que la colère montait parmi les passagers bloqués sur place; certains semblaient comprendre les raisons de la colère des jeunes de Mliha, rebroussant chemin sans commentaire d’autres exprimaient clairement leur désaveu. Beaucoup se sont verbalement accrochés avec les jeunes de ce village qui ne voulaient rien entendre.

Dans l’après-midi, des incidents tragiques se sont déroulés sur les lieux. Deux passagers, deux frères à bord d’un véhicule de marque Sénic ont forcé les barricades dressées. Au milieu de la fumée, leur voiture a percuté un tronc d’arbre qui l’a immobilisé. Un autre véhicule, venant de Tarihant, a également essayé de passer. Dans la fumée, il n’a pas vu le premier véhicule immobilisé. Il le percuta de plein fouet. Le feu a pris dans le premier, provoquant la mort des deux passagers.

Ainsi, au final, aucune trace du maire ni des élus de Makouda. Les jeunes de Mliha sont rentrés chez eux. Une famille doublement endeuillée. Deux frères, l’un marié avec des enfants alors que l’autre est encore célibataire. Ils ont été enterrés mardi. Deux véhicules calcinés. Un autre jeune en prison.

Grande pagaille dans les gares

Un grand calvaire attendait les populations qui sont passées entre les mailles du filet le soir. Rares sont les transporteurs qui ont pu passer. Les gares ont été submergées, mais les quais étaient vides.

C’est alors au plus intuitif de trouver le chemin qui le fera parvenir à la maison. Beaucoup ont recouru à de la famille pour s’inviter pour une nuit. Les taxis et les «fraudeurs» n’y pouvaient rien. Pas d’issues. D’autres, profitant de quelques fourgons de transport venus miraculeusement de Tigzirt ont fait le tour de la wilaya de Boumerdès pour arriver chez eux, à quelques kilomètres seulement de la gare. En effet, pour éviter tous les points de fermeture des routes, les transporteurs ont dû suivre la RN12 pour aller vers Dellys et revenir sur Tigzirt par la RN24 qui longe le littoral.

Enfin, après cette action, le village Mliha est toujours enclavé et la wilaya de Tizi Ouzou toujours souffrante d’une multitude de problèmes qui freinent son développement.