Deux jours après l’Aïd : Alger ville morte

Deux jours après l’Aïd : Alger ville morte

Deux jours après la fête de l’aïd, Alger est une ville morte. La quasi-totalité des commerces sont encore fermés à travers tous les quartiers de la capitale.

Les commerçants, dont la majorité vient de l’intérieur du pays, ont fermé boutique la veille de l’Aïd pour aller fêter avec les leurs cette fête religieuse. Le bonheur des uns fait le malheur des autres.

Les Algérois ont vérifié à leurs dépens la véracité de ce proverbe. En effet, hier encore, ils avaient de la peine à se procurer pain, fruits et légumes. D’ordinaire animée, la place des Martyrs est déserte. A l’exception d’une cafétéria, prise d’assaut par des clients, les commerçants ont presque tous baissé rideau. «C’est normal», souligne un jeune, ajoutant que cela est dû au fait que beaucoup de commerçants «habitent en dehors de la capitale».

Rencontré près de la station de bus, un quinquagénaire affirme qu’à chaque fête religieuse, les habitants de la capitale font face à une situation pour le moins contraignante. Ce père de famille soutient qu’«aucun responsable ne se soucie de la peine que la fermeture des commerces occasionne à des milliers de personnes à pareille période, durant laquelle se procurer un pain, un kilo de pomme de terre ou un fruit n’est pas une sinécure». Il précise, toutefois, qu’il a acheté, la veille de l’Aïd, tout ce dont sa famille besoin pour, dit-il, «ne pas faire face à des désagréments que cause la fermeture des commerces à cette occasion». Il souligne ne pas tenir rigueur aux cafetiers, restaurateurs, boulangers ou marchands de fruits et légumes qui ont le droit d’aller fêter l’Aïd avec leurs familles.

A la rue Tanger, qui grouille de monde durant toute l’année, le décor est le même. Ses venelles sont affreusement vides. Quelques vieilles femmes, accoudées sur les balcons, échangent les vœux de bonne santé à l’occasion de l’Aïd. Dans ce quartier populeux, une cafétéria et une boulangerie pleines comme un œuf sont ouvertes. Une trentaine de personnes se bousculent pour acheter du pain, en maugréant contre la fermeture des commerces depuis plus de quatre jours. Même si l’on accorde les circonstances atténuantes pour certains employés partis chez eux, il n’en demeure pas moins que les Algérois sont «remontés» contre certaines pratiques qui les pénalisent chaque année à pareille occasion.

Mines froissées, certains n’ont pas manqué de pointer du doigt les responsables de boulangerie de n’avoir pas pris les dispositions nécessaires à l’occasion. «Cette situation se répète chaque année, sans que des mesures soient prises par les autorités pour répondre aux besoins des populations», fulmine une vieille dame. Même les marchés de fruits et légumes sont fermés.

Cette situation a profité à certains commerçants ambulants qui ont mis à profit cette aubaine inespérée pour vendre, parfois à des prix exorbitants, leurs produits de qualité tout juste moyenne.

Pourtant, estime-t-on, la loi qui réglemente l’ouverture des commerces est claire. Pour autant, celle-ci n’a pas été respectée, en dépit des assurances de la direction du commerce et l’Union générale des commerçants et artisans algériens.