En Syrie où la situation devient confuse, une vingtaine de journalistes ont été tués en 22 mois
Deux journalistes ont été tués en Syrie, où les violences ont encore fait au moins 119 morts vendredi, et le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme demande au Conseil de sécurité de saisir la CPI.
Damas a protesté auprès du Conseil de sécurité de l’ONU contre la pétition de 58 pays réclamant la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes commis en Syrie, a rapporté l’agence syrienne Sana.
Dans un message adressé au président du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministère syrien des Affaires étrangères affirme que «le gouvernement regrette l’insistance de ces pays à suivre une fausse approche (du problème) refusant de reconnaître le devoir de l’Etat syrien de protéger son peuple du terrorisme imposé par l’étranger». Depuis le début en mars 2011 d’une révolte qui s’est transformée en une guerre civile sanglante, le gouvernement syrien dit faire face à des «groupes terroristes» armés et financés par l’étranger.
Le message souligne que «les groupes terroristes armés sont financés, entraînés par certains Etats qui ont signé la pétition et qui leur servent également de refuge». Le message regrette que «La Suisse, un pays connu auparavant pour sa neutralité, a lancé cette campagne inique et trompeuse contre un pays (la Syrie) membre des Nations unies, en défendant les pratiques des groupes terroristes». Cette initiative «prouve une fois de plus que ces pays signataires du message pratiquent la duperie et la (politique) de deux poids deux mesures en jouant avec la crise en Syrie et les lois des droits de l’Homme».
«Alors qu’ils expriment leur inquiétude au sujet du peuple syrien et des droits humains, ces pays ignorent dans le même temps le soutien politique, médiatique, logistique et militaire que les gangs armés reçoivent». Dans ce contexte, la Haut-commissaire de l’ONU au droit de l’Homme, Navy Pillay, a adressé au Conseil de sécurité un message dans lequel elle demande la saisine de la Cour pénale internationale sur le cas syrien. «J’ai demandé au Conseil de saisir de ce conflit la CPI afin qu’elle enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité», a indiqué Mme Pillay après avoir rendu compte au Conseil de la situation humanitaire en Syrie.
Mme Pillay a indiqué que le nombre de morts avait désormais «atteint 60.000» et souligné l’intensification des pertes humaines: «auparavant il y avait 1000 morts par mois, maintenant c’est 5000 par mois». La Suisse a envoyé lundi au Conseil de sécurité une pétition signée par 58 pays réclamant la saisie de la CPI, que seul le Conseil de sécurité peut saisir, la Syrie n’y ayant pas adhéré. La Syrie n’ayant pas adhéré à la création de la CPI, une intervention du Conseil est nécessaire pour que la Cour soit saisie, ce qui semble hautement improbable au regard de la position de Moscou et Pékin sur le dossier syrien.
Sur le terrain, la situation sécuritaire s’est encore détériorée dans le courant des dernières quarante huit heures qui a vu l’assassinat de deux journalistes. Un journaliste syrien et un français ont été tués en Syrie, où les violences ont encore fait au moins 119 morts vendredi. Le journaliste français Yves Debay, d’origine belge, a été abattu jeudi par un tireur embusqué alors qu’il effectuait un reportage à Alep, dans le nord de la Syrie, où une vingtaine de journalistes professionnels et une cinquantaine de citoyens-journalistes ont été tués en 22 mois, selon Reporters sans frontières.
Il a été tué à la lisière nord de la métropole où de violents combats opposaient rebelles et soldats, a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne).