Les forces spéciales américaines ont mené durant le week-end deux raids visant deux chefs d’organisation terroriste, l’un appartenant à Al-Qaîda, l’autre au mouvement Shebab. A Tripoli, l’opération a été menée en plein jour. En Somalie, le raid a été, selon des témoignages, sanglant et le terroriste visé aurait été tué.
«Suite à une opération américaine de contre-terrorisme, Abou Anas al-Libi est actuellement légalement détenu par l’armée américaine dans un endroit sûr à l’extérieur de la Libye», a déclaré le porte-parole du Pentagone, George Little, dans un communiqué, confirmant de précédentes informations.
Selon la chaîne américaine CNN, citant un responsable américain, le gouvernement libyen aurait été informé de cette opération, menée en plein jour à Tripoli par les forces spéciales américaines. Plus tôt, une source proche d’Abou Anas a déclaré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, qu’il avait été «enlevé près de chez lui après la prière de l’aube par un groupe d’hommes armés».
Interrogé par l’AFP, des responsables des services de sécurité libyens ont affirmé n’être au courant d’aucun enlèvement ou arrestation.
Cette capture met un terme à une traque de plus de quinze ans. Abou Anas al-Libi, était membre du Groupe islamique de combat libyen (Gicl) avant de rallier le réseau d’Al-Qaîda. Le Gicl avait pour objectif de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et à le remplacer par un État islamique radical.
Il était dirigé depuis l’Asie centrale par Abou Laith al-Libi, un des tout premiers lieutenants d’Oussama ben Laden, tué en février 2008 dans les zones tribales du Pakistan. Selon des sources proches du dossier, Abou Anas al-Libi serait revenu en Libye après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Il figure parmi les personnalités les plus recherchées par le FBI.
Sa tête a été mise à prix pour cinq millions de dollars. Abou Anas al-Libi, de son vrai nom Nazih Abdul Hamed Al-Raghie, 49 ans, pourrait être transféré aux États-Unis pour y être jugé. Il a été accusé par une cour fédérale américaine d’avoir joué un rôle clé dans les attentats contre les ambassades américaines de Dar es Salaam et Nairobi en 1998. Le 7 août 1998, un attentat à la voiture piégée devant l’ambassade américaine à Nairobi avait fait 213 morts et quelque 5 000 blessés. La plupart étaient des passants ou des employés des immeubles voisins de l’ambassade, dans laquelle 44 personnes, dont 12 Américains, ont été tuées. Quasi simultanément, l’explosion d’un camion-citerne piégé devant l’ambassade américaine à Dar es-Salaam (Tanzanie) avait fait onze morts et plus de 70 blessés, tous des passants. Al-Qaîda avait revendiqué les deux attentats.
Plus tôt dans la soirée d’hier, un porte-parole du Pentagone, George Little, qui avait évoqué l’opération en Libye, évoquait un autre raid, lancé cette fois en Somalie et visant un autre islamiste appartenant, lui, au groupe somalien Shebab. «Je peux confirmer qu’hier, le 4 octobre, des militaires américains ont été engagés dans une opération de contre-terrorisme à l’encontre d’un terroriste shebab connu», avait-t-il indiqué à l’AFP. Ce dernier n’a toutefois pas été en mesure de confirmer si ce responsable shebab, dont l’identité n’a pas été révélée, avait été tué, capturé ou s’il avait échappé à ce raid des forces spéciales. Selon un responsable américain cité par le New York Times, ce dirigeant shebab a probablement été tué, mais les forces spéciales américaines ont été obligées de se retirer avant d’avoir confirmation de cette mort. D’après un responsable des services de renseignement somaliens, la cible de l’opération menée à Brava était un commandant d’origine tchétchène et ce dernier aurait été blessé et l’un de ses gardes du corps tué. D’après la police, sept personnes sont mortes au cours de cette intervention.
Des témoins ont fait état d’intenses échanges de tirs dans la nuit de vendredi. «J’ai été réveillé par le bruit d’un hélicoptère tournant autour du quartier et quelques minutes plus tard, des coups de feu ont éclaté et duré près de 10 minutes», a raconté un témoin qui a requis l’anonymat. «Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais c’était une attaque organisée visant une maison où se trouvaient des commandants shebab», a-t-il poursuivi. «Ce matin (samedi), on ne peut pas s’approcher du lieu de l’attaque, des shebab lourdement armés ont bouclé la zone», a indiqué un autre habitant.
R. I. / Agences