Au niveau de la rue Sebti Boumaaraf (ex-rue de Kimburn), des dizaines d’emblèmes nationaux ornent fièrement cette artère située au centre-ville, plus exactement dans le quartier Saint Pierre.
50 mètres environ plus loin, soit au numéro 16 de la même rue, une tente de fortune est dressée pour abriter deux familles algériennes expulsées par décision de justice de l’immeuble qu’elles occupent depuis 1963.
En effet, vendredi passé, deux familles habitant un immeuble au 16 rue Sebti Boumaaraf, ont été expulsées et sont dans la rue depuis ce jour, car l’immeuble en question appartient à l’association culturelle «Assemblée de Dieu d’Oran(évangélique)», comme transcrit sur acte de vente devant Me Maurice Seban, notaire à Oran, en 1958. Une association culturelle déclarée à la préfecture d’Oran le 03 février 1955.
Avant d’être expulsées, ces familles ont frappé à toutes les portes pour la régularisation de leur situation, mais en vain. Le 02 décembre 2006, elles ont adressé une lettre au wali pour avoir des informations sur cette association qui les poursuivait en justice, revendiquant l’immeuble.
Dans sa réponse, le DRAG informe ces familles que cette association n’est pas mentionnée sur la nomenclature des associations de la wilaya d’Oran. Le dernier trimestre 1997, un notaire de la place d’Oran, a entamé une procédure au profit de L.H., relative à l’établissement d’un acte de chohra (acquisition de la propriété par le biais de la prescription acquisitive en vertu du décret 83/352 du 21/05/1983).
La réponse du directeur des domaines, lit-on dans cette correspondance, fut négative, ce dernier déclarant que le bien en question est dévolu à l’Etat en vertu de l’ordonnance N°66-102 du 06/05/1966, ce qui a incité les occupants de l’immeuble à redoubler d’efforts, pour la régularisation de leur situation, sauf que toutes les portes étaient fermées devant eux.
Certains voisins de ces familles n’ont pas manqué de faire part de leur indignation, devant la situation critique et inhumaine dans laquelle se trouvent les deux familles expulsées.
«Tous les Français qui étaient ici, avaient des actes de propriété de l’ensemble des immeubles et des terres agricoles que nous avons occupés après leur départ, en 1962. Est-ce que nous allons tous être expulsés, s’ils venaient à nous poursuivre en justice ?», s’inquiète une mère de famille.
Une autre personne intervient pour dire «L’association culturelle dite «Assemblée de Dieu d’Oran», n’a pas son siège au 16 rue Sebti Boumaaraf, son représentant vit en France. A partir du mois d’octobre jusqu’à fin mars, on ne jette pas des familles à la rue, là ou le social prime dans ce genre de cas».
Les deux familles lancent un cri de détresse au wali, pour intervenir et les sortir de cette malheureuse situation, surtout qu’il s’agit de la période hivernale et que la tente qui les abrite n’est faite que de couvertures.
A. Bekhaitia