Le prix des viandes rouges a de tout temps observé une courbe ascendante. Ce n’est certainement pas étonnant, car c’est en effet le luxe de la table algérienne. Ce qui est cependant surprenant, c’est plutôt de trouver des bouchers qui proposent le kilo de ce produit à des prix abordables. Cette situation suscite des interrogations.
Ils sont deux bouchers repérés dans les quartiers de Kouba (ben Omar) et de Belcourt du côté du marché tnach d’Alger, qui proposent la viande ovine et bovine à des prix allant de 390 DA le kilo de viande bovine à 620 DA le kilo de viande ovine. A kouba, le kilo de foie de veau est à 900 DA, alors que le kilo de dinde est à 620 DA. Ce boucher a suscité un engouement extraordinaire durant le mois sacré. Les consommateurs arrivaient de tous les coins de la capitale pour s’approvisionner de ce produit alimentaire indispensable pour confectionner le plus simple des plats.
Interrogés sur les raisons de cette différence des prix qui n’est appliquée nulle part ailleurs, les vendeurs rencontrés sur les lieux l’expliquent par le fait que le propriétaire, qui «détient au moins 7 autres magasins», arrive à négocier et imposer ses prix aux grossistes, et ce, à cause de la quantité importante qu’il achète. «Il achète d’énormes quantités à la fois au marché de gros.
C’est pour cette raison que le kilo de viande lui est cédé à bas prix. Et c’est ce qui explique les prix affichés sur nos produits» indique Saïd, un jeune commerçant. Au niveau du deuxième magasin, situé à Belcourt, les produits sont divisés en deux au niveau du comptoir frigorifique. Un côté où est exposée la viande cédée à un prix allant de 500 à 620 DA et un côté pour la viande carrément alignée au prix pratiqué à l’extérieur.
«C’est de la viande congelée, Monsieur ? demandai-je tout simplement. «Non, non, c’est de la viande fraîche, ma sœur» répondit le jeune vendeur qui s’approcha de moi pour me servir. «Ah, bon. Ce n’est pas du tout cher. Dois-je comprendre que cette viande est moins bonne que celle-ci ?» Et je montrai avec mon doigt l’autre côté du comptoir frigorifique, où la viande est affichée de 800 à 950 DA.
Le vendeur me sourit légèrement, mais prend la peine de m’expliquer. «La viande n’est pas chère, car le propriétaire de la boucherie fait également de l’importation de bétail et tient également un abattoir» indique le même intervenant qui ajoute que la viande importée est moins demandée par les consommateurs algériens et donc moins chère. «La viande affichée à des prix inaccessibles est locale. Les algériens la préfèrent, même si elle demeure inabordable» affirme notre interlocuteur.
Les Algérois ont gardé un mauvais souvenir de l’étape où la viande a vu ses prix chuter, mais qui n’était en fait que de la viande de baudets. Le phénomène de la hausse des prix ne se limite pas seulement aux viandes rouges. Il touche aussi la viande blanche. Les aviculteurs expliquent cette hausse par deux facteurs. Le premier est lié à la météorologie et le second concerne le coût de plus en plus élevé de la protéine.